Madame Harel-Bourdon, vous n’êtes pas la première ministre

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« Un peuple montréalais, bilingue et multiculturel, prendrait forme progressivement en s’affranchissant du cadre québécois. »


Catherine Harel-Bourdon est présidente de la Commission scolaire de Montréal. On la savait hostile à la loi 21. C’était évidemment son droit. Mais on croyait qu’il s’agissait d’une citoyenne responsable qui comprend qu’en démocratie, il va de soi qu’on obéit à la loi, même si on s’en désole.


On se trompait. En annonçant qu’elle retarderait d’un an l’application de la loi 21 sur son territoire, elle vient de défier le gouvernement du Québec. Elle présente cela comme une forme de pragmatisme dans l’application de la loi. Mais elle nous prend pour des idiots. Dans les faits, cela relève de la désobéissance civile.


Peut-on rappeler à madame Harel-Bourdon qu’elle n’est pas la première ministre du Québec et qu’il ne suffit pas de ne pas aimer une loi pour ne pas y obéir ?








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Loi


Elle n’est pas la seule, cela dit. En ce moment, chez les opposants les plus radicaux à la loi 21, la désobéissance civile semble excitante. Ils rêvent de faire un cirque. Certains clowns misent sur la grève de la faim. Faut-il s’attendre à ce qu’en septembre, quelques bozos s’enchaînent aux écoles au nom du droit de porter à tout prix son hijab en classe ?


Et pourtant, ne soyons pas trop surpris. Je l’ai souvent noté ici, cela fait un bon moment que se fait sentir à Montréal la tentation de la cité-État. En d’autres mots, Montréal se prend de plus en plus pour une société distincte appelée à se séparer du reste du Québec.


Un peuple montréalais, bilingue et multiculturel, prendrait forme progressivement en s’affranchissant du cadre québécois. D’ailleurs, la majorité historique francophone y serait en situation minoritaire et devrait prendre son trou. C’est elle qui devrait s’adapter à la diversité, et pas l’inverse.


De ce point de vue, il importe de réinscrire Montréal dans le cadre mental québécois. La métropole n’a pas à renier son cosmopolitisme. Une grande ville n’est pas seulement un gros village. Mais elle doit cesser de considérer la majorité historique francophone avec condescendance, comme s’il fallait la chasser symboliquement de Montréal.


La loi 21 prend ici une importance exceptionnelle. Avec elle, le Québec se réaffirme comme nation. Faut-il par ailleurs rappeler que les Montréalais sont loin d’être unanimement hostiles à la laïcité de l’État ?


Mais pour cela, le gouvernement Legault ne doit pas céder. C’était une étape importante de voter cette loi. C’en sera une autre de la faire respecter. Il a d’ailleurs envoyé un signal clair : il ne tolérera pas cette pseudo-dissidence de carnaval. Il envisage même de mettre en tutelle les commissions scolaires s’imaginant pouvoir faire la loi à la place du gouvernement.


Fermeté


Très bien. Il ne doit pas hésiter à faire preuve de fermeté. On pourrait aussi rappeler que les Commissions scolaires sont en fait des structures sans légitimité démocratique qui ne se maintiennent en place que grâce à l’inertie bureaucratique.


Et cela va faire du bien de voir notre gouvernement se tenir droit devant ceux qui méprisent la démocratie québécoise.