Rassemblement contre la loi 103

Lutter pour la survie du français

Écoles passerelles - Loi 115



Emmanuel Bilodeau et son fils © Pascale M. Lévesque
Marie-France Pellerin - Drapeaux québécois brandis bien haut dans les airs et applaudissements des quelque 2500 spectateurs réunis au centre Pierre-Charbonneau ont donné le coup d’envoi au rassemblement contre le projet de loi 103 du gouvernement Charest, Notre langue n’a pas de prix — La loi 101 n’est pas à vendre!, samedi soir.
Préoccupés par la survie de la langue française au Québec, Emmanuel Bilodeau, les Zapartistes, Marie-Denise Pelletier, Michel Rivard et de nombreuses autres personnalités ont pris part à l’événement.
Organisé par la Coalition contre la loi 103, ce spectacle gratuit a attiré les foules: les organisateurs ont dû refuser l’entrée à une centaine de personnes. Un tel rassemblement pour la langue française n’avait pas eu lieu depuis 1993. On avait à l’époque contesté la loi 86, à l’aréna Maurice-Richard.
«On est ici pour dire qu’on commence à être sérieusement tannés des gens qui jouent à l’autruche avec l’avenir du français», a mentionné d’emblée Mario Beaulieu, président de la Société Saint-Jean-Baptiste, sous les cris d’encouragement de la foule.
Denis Trudel, animateur de la soirée et porte-parole du Mouvement Montréal français, a pour sa part déploré qu’après 40 ans de combats linguistiques rien ne soit encore gagné. «C’est notre 782e spectacle, parce qu’il faut toujours remettre la question du français sur le tapis.»
Musique revendicatrice
Grande célébration francophone, le spectacle a mis de l’avant vidéos retraçant les multiples combats pour la langue française et lectures d’écrits y rendant hommage. Pierre Curzi, qui a reçu une ovation monstre, a lu le célèbre Speak White, de Michèle Lalonde, alors qu’Emmanuel Bilodeau, son fils dans les bras, a procédé à la lecture d’un texte de René Boulanger, un bon ami de feu Pierre Falardeau.
Tantôt elle berce, tantôt elle énergise. Mais samedi soir, au centre Pierre-Charbonneau, la musique s’est plutôt faite revendicatrice. Marie-Denise Pelletier a ainsi interprété avec intensité La langue de chez nous, d’Yves Duteil.
Michel Rivard a honoré à son tour le public de sa présence. «J’aimerais vous chanter une chanson qui n’est pas parfaite. Elle a été écrite il y a quelques années dans l’urgence», a-t-il mentionné, avant de livrer Le cœur de ma vie.
Contrer le recul de la loi 101
En octobre 2009, la Cour Suprême du Canada a rendu un jugement invalidant la loi 104. Cette mesure, adoptée par le gouvernement de Bernard Landry en 2002, visait à contrer les écoles passerelles, échappatoire ayant permis à des milliers de parents non anglophones de réclamer le droit à une éducation en anglais pour leurs enfants.
La Cour Suprême a ordonné par le fait même à Québec de mettre sur pied un nouveau cadre réglementaire ou législatif. C’est ce qui a incité le gouvernement Charest à déposer le projet de loi 103, qui permettrait à des élèves francophones ou allophones répondant à une liste de critères d’intégrer le système public anglophone.
Controversé, le projet de loi a suscité la grogne de 36 organismes, poussant la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal à mettre sur pied la Coalition contre la loi 103. Cette Coalition exige que la loi 101 soit appliquée aux écoles privées non subventionnées afin d’empêcher parents francophones ou allophones de déjouer le système par le biais de ces écoles passerelles.
Une langue bien vivante
Pour la première fois, la proportion des Montréalais ayant pour langue maternelle le français est passée sous la barre des 50 %. À voir autant d’irréductibles défenseurs de la langue de Molière réunis autant sur scène que dans la salle, il semble heureusement que le français, bien qu’en situation précaire, ne soit pas une langue agonisante.
«Charest a voulu imposer un recul de trop à la loi 101. Assez, c’est assez! Il ne faut pas affaiblir l’application de la loi 101; il faut la renforcir», a mentionné Mario Beaulieu, réclamant le français comme seule langue officielle du Québec. Et le principal outil de promotion de cette langue demeure encore et toujours l’école. Inutile de le préciser, le combat est loin d’être terminé, et l’armée mobilisée samedi soir n’a assurément pas dit son dernier mot… français!


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