Loi 78 : Un cas de rage au volant

Charest, sous médication pour contrôler ses humeurs

Chronique de Jean-Claude Pomerleau

En 2009, j'ai publié un texte sur Vigile pour évoquer que celui qui avait les deux mains sur le volant avait aussi les facultés affaiblies.
http://www.vigile.net/Les-deux-mains-sur-le-volant-avec
C'était un secret de polichinelle pour son entourage que Charest était sous médication pour contrôler ses humeurs. En principe il s'agissait d'une affaire privée mais, cette information devient d'intérêt publique quand cela a une incidence sur la conduite des affaires de l'État : avec la Loi 78, Charest donne maintenant dans la rage au volant.
Parmi les explications que l'on peut donner pour cette dérive antidémocratique il y a celle de la psychologie du personnage qui ne souffre pas d'être déstabilisé par une situation imprévue sans risquer de pété les plombs. On rapporte qu'il a fait une crise terrible à son entourage suite au débat des Chefs en 2007. À l’évidence il n’avait pu vivre le stress d’être décontenancé par Mario Dumont qui lui a brandi en plein débat le fameux rapport d’ingénieur (sur la chute du pont de la Concorde). Ce fut le cas aussi lorsqu'il a traité la députée Elsie Lefebvre d’ “ostie de chienne” de son siège de Premier ministre en 2005 (http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/nouvelles/200506/16/003-charest-chienne.shtml).
Selon un observateur (neuro-psychologue qui tient à l'anonymat) , il donne tout les signes du maniacodépressif, d'où sa médication. Narcissique, le soir de sa prise du pouvoir en 2003, dans un hôtel de Sherbrooke, il a sommé les bourassistes et les johnsonistes, qui convoitaient des postes de ministre, d'accepter des chefs de cabinet et des directeurs des communications qui lui étaient loyaux, sinon, pas d'accès aux cabinets. Par la suite, le "control freak" s'est débarrassé des ministres qui avaient le moindrement d'envergure et qui pouvaient lui faire ombrage, exit Séguin, Mulcair, Couillard, etc., ce qui avec le temps le laisse avec un caucus obéissant mais des plus insignifiant ; ce qui n'est pas sans conséquences sur la gouverne de l'État.
Sa grande dérape de 2012 tient au fait qu'il avait mis en place une stratégie électorale qui devait être déclenchée après le dépôt du budget :
John Parisella, Michel Bissonnette, un des fondateurs de Zone 3, et Luc Ouellet, patron de National à Québec, ont pris part à des réunions ce printemps sur des scénarios d'élections, rapportait La Presse récemment.
(..)
http://fr.canoe.ca/infos/quebeccanada/archives/2012/05/20120524-022944.html
Le show du boucane sur le Plan Nord devait être le temps fort de la fin de cette campagne. Mais le Printemps des élections a tourné au Printemps érable, suite à la fronde des étudiants, aussi inattendue que déterminée ; un caillou lancé dans cette "fenêtre d’opportunité". D'où la Loi 78, dont la première mouture était une version "dure" voulue par Charest.
Un cas de rage au volant, qui, comme on le sait, peut mener au drame.
...........
1971 : Le drame
Il y a 40 ans, sous le règlement du maire Drapeau qui interdisait les manifestations, il y a eu deux pertes de vie.
Madame Michèle Gauthier, enceinte, a perdu la vie le 29 octobre 1971, lors d’une manifestation de 12,000 personnes contre La Presse/Power Corporation/ Desmarais, en appui aux grévistes du journal La Presse.
Madame Gauthier qui était étudiante du CEGEP du Vieux-Montréal en art plastique, âgée de 28 ans, a été, selon son mari, littéralement assassinée pendant la manifestation organisée en appui aux grévistes. Monsieur Michel Gauthier, était lui-même nouvelliste à Radio-Canada.
Dans un premier temps, le maire Drapeau avait interdit toute manifestation à l’intérieur d’un périmètre de plusieurs dizaines de rue, avec l’édifice de La Presse au centre. Les manifestants s’approchant quand même de l’édifice, l’escouade anti-émeute les a aspergés de gaz lacrymogène puis avait chargé la foule des manifestants.
Madame Gauthier, asthmatique, fut écrasée par la charge des policiers et mourût étouffée.
Voici quelques images des pages du JdeM datant d’octobre et novembre 1971 et quelques images du journal Le Quotidien Populaire, publié par les journalistes en grève, en novembre 1971. ( photos au bas de cette page : http://www.vigile.net/Power-Corp-a-les-mains-sales )
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Il est raisonnable de conclure qu'un drame serait la seule chose qui pourrait sauver ce régime Charest, complètement discrédité devant l'histoire, comme il avait servi les intérêts électoraux du maire Drapeau à une autre époque. Heureusement la sagesse populaire semble éloigner cette perspective tragique. Le peuple ayant décidé de s'en mêler... et de passer Charest à la casserole.


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    30 mai 2012

    Très intéressant, merci, ça apporte une nouvelle perspective, car j'avoue que je ne comprends pas bien ce qui se passe avec ce gouvernement et surtout avec Charogne.
    Votre remarque sur le Plan nord est particulièrement intéressante.
    En effet il est très plausible que ce show de boucane devait être son navire amiral pour sa réélection.
    On peut imaginer sa déconfiture, sinon sa dépression, avec la suite des choses.
    "Curieusement", toutefois, j'ai zéro sympathie...
    Pour un instant, j'ignore mes gènes judéo chrétiens pour dire qu'il mériterait tellement de mal, ne serait-ce que pour le mettre hors d'état de nuire, puisqu'il a tellement couru après.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    29 mai 2012

    Le Joker, expliquant sa soudaine envie d'aller parler aux étudiants: "C'était pour leur ré-éthérer..."
    ...bouche molle, il s'était sûrement servi à la poignée dans la médication...

  • Marcel Haché Répondre

    29 mai 2012

    Sans le parapluie du West Island, plus rien ne peut sauver la gang à Charest.
    Si l’électorat hésite encore entre Pauline Marois et notre inestimable humoriste, c’est que des forces hostiles à l’indépendance l’incitent à hésiter. Ces forces hostiles affirment que tous les politiciens se valent, et suggèrent que le changement est une illusion.
    La vérité, c’est que l’électorat québécois se compose de plus en plus d’électeurs n’ayant pas vécu ou se souvenant peu du référendum de 95. La spirale descendante qui a suivi le référendum de 95, cette maudite spirale s’achève. Charest et sa gang représentent précisément cette faction la plus réactionnaire de l’électorat, issue de 95 et montée aux affaires, qui s’est allié au West Island, résolument anti-Nous depuis toujours.
    Charest n’a jamais eu beaucoup de légitimité. Sans sa capacité de mentir, immense, il n’aurait jamais réussi à abuser l’électorat aussi longtemps. Mais ça achève.
    Ça achève.
    S’il s’en donne la peine, l’électorat plus jeune pourrait bien découvrir ce qu’on lui cache, qu’il y a une autre façon de gouverner qui n’éteigne pas l’espoir. Les grandes marches étudiantes n’auront pas été vaines, quoi qu’il arrive.
    Et, quoi qu’il arrive aussi, Pauline Marois se sera révélée à la hauteur des événements.