Lisée, le PQ et l’ornière

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La question est de savoir si Lisée peut se gagner la confiance des membres du PQ





Vous avez déjà vu un conducteur médiocre tenter de se sortir d’un banc de neige. Il avancera et reculera toujours dans la même ornière. Il aura le sentiment rassurant que ça bouge encore, mais au fond, il ne fait qu’aggraver son cas.


Au moins cette semaine, Jean-François Lisée a crampé les roues en annonçant que le PQ devrait abandonner l’idée d’un référendum dans le prochain mandat. Il propose un coup de volant afin que le PQ sorte de l’ornière et ne revive pas ce qui hante son existence et ses campagnes électorales depuis 20 ans.


Le tabou...


Évidemment que la suggestion a été mal reçue au PQ. Le pauvre Lisée se retrouve dans la position de l’assistant magicien qui dévoile le truc, de l’ex-lutteur qui reconnaît que la lutte, c’est arrangé, ou du marionnettiste qui avoue aux enfants qu’il y a des fils. Le casseux de party qui avoue tout haut ce que les initiés gardaient en secret.


Sincèrement, je ne crois pas que beaucoup de gens au PQ vivent avec la conviction personnelle que le PQ raflera l’élection de 2018 avec un gouvernement majoritaire, tiendra un référendum sur l’indépendance en 2019 et que le Québec sera accueilli à l’ONU en 2020, avec deux sièges, un pour le chef du PQ et un en bonus pour Françoise David.


Cependant, même si on ne le croit pas vraiment, il ne faut pas le dire. Trop tard, Monsieur Lisée a cassé la glace. Le débat de fond sain sur le référendum qui plane en tout temps va se tenir. Et le débat va faire des vagues autant parce que Lisée est le plus articulé et expérimenté des candidats à la direction que parce que son point de vue connecte davantage avec la réalité.


Capitulation ?


J’ai été amusé du commentaire de ceux qui accusent Jean-François Lisée d’avoir «capitulé». Je n’ai pas lu nulle part que Jean-François Lisée propose au peuple québécois de signer la Constitution de 1982 dans sa forme actuelle et de renoncer au français comme langue officielle.


Il suggère simplement que de se lancer tête première dans une bataille perdue d’avance sans stratégie valable n’est pas digne de quiconque veut mener les destinées d’un peuple. Qui plus est, que les indépendantistes soient rassurés, un seul homme ne peut pas capituler au nom de tous. Si les Québécois veulent majoritairement l’indépendance un jour, l’idée va se trouver un chemin à travers le processus politique et la volonté du peuple va triompher.


Monsieur Lisée a une longue réflexion sur l’avenir du Québec, il a participé de près à la seule campagne référendaire qui a failli obtenir un oui, il mérite au moins au Parti québécois que les militants s’arrêtent pour l’écouter et réfléchir. Son tempérament n’a pas toujours plu, mais ses états de service dépassent ceux de ses rivaux dans la course.


Quant au rêve des souverainistes, un proverbe chinois raconte que si l’on tire sur une pousse de riz, elle ne pousse pas plus vite... mais on risque de l’arracher.




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