Voilà qui saura faire converser les analystes et bouger les agrégateurs de sondages. Québec solidaire opposera, semble-t-il, l’ancien chroniqueur de La Presse Vincent Marissal à Jean-François Lisée.
Il s’agit d’une prise intéressante pour l’équipe de Manon Massé. Et il ne faut pas se surprendre que QS tente par tous les moyens de déloger le chef du PQ.
Nous sommes ici dans le sillon des décisions prises lors du congrès de Québec solidaire de mai 2017 alors que les QSistes ont fait du PQ leur adversaire principal. On se souviendra que lors de ce congrès, le comité antiraciste de QS avait réussi à éloigner tous ceux qui auraient eu envie de donner une chance aux discussions en vue d’ententes électorales ponctuelles avec le Parti québécois.
En fin de compte, les députés Amir Khadir et Gabriel Nadeau-Dubois se sont prononcés en faveur de ces discussions, mais ils ont été désavoués par leur parti. Manon Massé avait voté contre. Et c’est elle aujourd’hui qui est la candidate du parti pour le poste de première ministre.
Ne soyons pas dupes et oublions la candidature de Sol Zanetti à Québec où il n’a aucune chance de l’emporter (c’eut été intéressant par contre de choisir son comté comme base d’une entente électorale ponctuelle justement).
Le parti de Manon Massé vise essentiellement des comtés péquistes afin de faire des gains. À Montréal, dans Taschereau, à Rimouski. Ce sont là les terres sur lesquelles les QSistes espèrent s’implanter. Cela n’a rien de nouveau, ce parti a toujours visé le PQ comme adversaire principal.
Pas les libéraux ni la CAQ.
Une simple analyse des performances électorales de Québec solidaire permet de comprendre pourquoi ce parti vise essentiellement des comtés péquistes, surtout à Montréal. Et ce même si c’est au cout du remplacement de gens de gauche qui ont bien servi la cause du progressisme et de l’indépendance. Je pense ici à Daniel Breton, ou à Nicolas Girard et Daniel Turp.
Dans le meilleur des mondes, ces députés-là n’auraient pas été battus et remplacés par des députés de QS, mais bien ajoutés au contingent de députés progressistes et indépendantistes.
Mais à Montréal, cet axe change. Québec solidaire s’y fait le défenseur de l’idéal diversitaire, multiculturaliste et communautariste. On parle ici de Vincent Marissal, mais il y a aussi Haroun Bouazzi qui sera vraisemblablement sur les rangs de QS aux prochaines élections. Vous ne le connaissez pas? Écoutez ici une entrevue qu’il a donnée récemment à la CBC, la radio anglophone de Radio-Canada... J'ai hâte d'entendre GND et Marissal défendre certaines des thèses avancées par ce candidat qui s'est beaucoup exprimé publiquement.
Assez de la complaisance envers Québec solidaire
Le Parti québécois a souvent été un peu trop complaisant envers QS dans le passé. Il a pavé la voie à l'élection sans opposition de GND dans la partielle de Gouin. Un geste facile à faire dans les circonstances mais qui se voulait être un élément menant à des discussions plus saines à l'avenir. On connait la suite.
Québec solidaire a fait du PQ son adversaire principal, Jean-François Lisée doit répondre de façon déterminée. Son parti ne sera pas en reste et se battra à armes égales dans le comté de Manon Massé grâce à la candidature très intéressante de Jennifer Drouin dans Sainte-Marie - Saint-Jacques, un comté que Manon Massé n'a gagné que par 91 voix en 2014. Alors que QS vise à vaincre le chef du PQ sur ses terres, le PQ se doit de mettre toutes ses énergies à vaincre Manon Massé sur les siennes.
Je sais, c’est pas joli. Mais voilà les conséquences du congrès de Québec solidaire de mai 2017. Et pendant que les « indépendantistes et progressistes » s’engageront dans une lutte sans merci, la CAQ et le Parti libéral se bidonneront.