Libre opinion - À soir, on fait peur au monde!

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Du «bon» usage de la peur en politique

Les Québécois auraient mentionné lors d’un sondage que leurs principales préoccupations sont l’économie et la santé, sous-entendu la peur de ne pas trouver ou de perdre son emploi, ou de perdre son argent, et la peur d’être malade et de ne pas être soigné. Comme si on vivait dans un pays où il n’y a rien à manger, où le chômage frisait les 50 %, où le dollar ne vaut plus rien, et que les médecins avaient déserté le Québec. C’est la preuve que les puissants de ce monde et d’ici, en faisant de l’économie une obsession, ont atteint leur objectif de les faire vivre dans la peur et de les faire tenir tranquilles.

À l’écoute des électeurs… les chefs de parti ont donc démarré leur campagne sous le signe de la peur et chacun se présente comme le meilleur « popa » ou la meilleure « moman » pour rassurer les Québécois. Mme Marois n’a mentionné en lançant sa campagne ni l’indépendance du Québec, la raison d’être de son parti, ni la charte, la principale raison d’être de son ascension récente dans les intentions de vote des électeurs et de la tenue des élections, de peur de susciter la controverse. Elle parle plutôt d’économie, dit qu’on doit lui faire confiance à elle et à son équipe parce qu’elle a un plan et qu’elle est déterminée. Elle n’a même pas répondu aux questions des journalistes pour bien contrôler le message et ne pas faire de faux pas, encore la peur. Elle démarre donc sa campagne sur le terrain des libéraux et de la CAQ. M. Couillard présente pour sa part le Parti libéral comme le champion de l’économie et se présente aussi comme le rassembleur qui lutte contre les sujets de division comme la charte et l’indépendance, et comme celui qui parle des « vraies affaires ». Encore la peur. Vient ensuite M. Legault, qui nous dit que le Québec frise la catastrophe économique et que lui seul est en mesure d’y apporter le « remède de cheval » dont parle Jacques Parizeau. Il est déjà parti « sur la go ». Une fois encore, la peur à vitesse grand V.

Dans cette unanimité de départ à faire reposer la campagne sur les peurs des gens, seule Françoise David s’est permis de dire qu’elle veut faire rêver les gens pendant cette campagne tout en prenant bien soin de dire que ses promesses seront chiffrées de façon réaliste.

Où sont passés le courage, la créativité, l’enthousiasme que devrait générer une campagne électorale digne de ce nom ? Où sont passés les chefs inspirants qui, quelles que soient leurs allégeances, nous guident vers le genre de société, sinon de pays, dont nous rêvons ? Parce que l’objectif premier de nos chefs actuels est de ne pas faire de vagues, d’être élus ou réélus et de gérer la province au gré des sondages. Un vieil adage dit que « nous avons les politiciens que l’on mérite ». Est-ce bien vrai ? Si ça continue comme c’est parti, nous élirons le 7 avril blanc bonnet ou bonnet blanc. Le principal danger qui nous guette en ce début de XXIe siècle n’est-il pas de ne pas assez rêver à un avenir pour nous et nos enfants, à un monde plus juste et à une planète plus en santé ? Nous avons donc le choix de voter autrement le 7 avril…
Yves Chartrand - Montréal


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