Dossier explosif: gaz de schiste

Lettre à Jacques Parizeau

Tribune libre

Je vous écris sur l’inspiration d’une remarque de ma femme au sujet de la dérive néolibérale profonde du gouvernement Charest. Elle m’a dit ce matin, «En regardant ce qui se passe actuellement au Québec, c’est Monsieur Parizeau qui doit s’ennuyer!” Et j’interprète le sens du mot “s’ennuyer” comme dans “souffrir”, comme dans “avoir mal à l’âme du peuple québécois dépossédé de ses richesses, de son bien commun alors qu’il en tant besoin pour financer ses systèmes publics de la santé et de l’éducation”.
Monsieur Parizeau, ce que vous avez fait, tout, vous ne l’avez pas fait en vain. Je résume en disant que vous avez donné toutes les forces de votre vie adulte, votre carrière de haut fonctionnaire économiste, grand commis de l’État pour enfin devenir Premier ministre du Québec. Nous sommes très fiers de vous. Et votre détermination en faveur de l’avenir souverain du Québec vous a fait puiser dans le panier de l’humilité pour accepter de laisser passer une étoile filante.
L’étoile filante n’a pas duré. Elle revient sous une autre forme définie mais floue dans un dossier de dilapidation du bien commun, celui des gaz des schiste du shale de l’Utica dans la vallée du Saint-Laurent.
L’origine du gâchis actuel, sous la forme détestable d’une braderie du bien commun, d’un copinage qui laisse libre cours aux intérêts privés, se situe bien dans l’actuelle Loi sur les mines qui est mal administrée par le gouvernement en place. Sa conscience élémentaire et son sens des responsabilités gouvernementales s’inclinent totalement devant le veau d’or de l’argent qui assouvit la cupidité des “zamis”.
Monsieur Parizeau, lorsque vous étiez le capitaine du Québec, vous avez donné l’exemple du courage, de l’intégrité et du respect d’un verdict populaire qui a été entaché par des manoeuvres externes indues.
Dans le dossier des gaz de schiste, le peuple du Québec se souvient de votre courage et de votre détermination. Devant les subterfuges utilisés de connivence entre l’industrie privée et le gouvernement, devant les stratégies dilatoires pour repousser le moment de vérité, les québécois veillent et sont prêts à défendre leur butin, leurs ressources naturelles.
Les québécois sont motivés par le sens profond de la “vie” pour qui l’eau qui ruisselle en surface ou emprisonnée sous terre est aussi précieuse que le sang qui coule dans leurs veines. Les mirages et les compromis auxquels les ministres libéraux et leur pedleur font allusion annoncent la mort et non la vie.
On se laisse sur quelques strophes d’une chanson de Félix Leclerc intitulée “Richesses”:
«Cinquante ans de poussées, d’arrêts, je marche encore
Moissonner pour les autres sans avoir droit au grain
Défendre des pays qui volent votre bien
Leur bâtir des maisons et puis coucher dehors
Sonner cloches le jour, fêter des inconnus»
Il faut que ça cesse.
François A. Lachapelle 2 février 2011


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