Normandeau, Marois

Lettre à deux cheffes de file

Tribune libre 2010



Chère madame Normandeau,

Chère madame Marois,
L'une ou l'autre d'entre vous, sait-on jamais, pourrait éventuellement devenir la première femme Première ministre du Québec. Vous qui êtes si « démarrées » à promouvoir la mise en valeur des hydrocarbures dans l'estuaire et le golfe du Saint-Laurent, ne croyez-vous pas qu'il faudrait y songer un peu à l'avance pour ne pas risquer de vous retrouver un jour dans la position engluée où se retrouve actuellement et après coup le président étatsunien ?
« L'appel à l'aide du Pentagone émanant d'une coalition d'organisations écologistes témoigne du désarroi des populations locales et montre à quel point les moyens et la mobilisation mis en œuvre pour lutter contre la marée noire sont inadéquats.(1) »
Mieux ne vaudrait-il pas prévenir que guérir ? Actuellement, aux Îles de la Madeleine et en Gaspésie – ce sera le cas bientôt dans le Québec tout entier – les instances politiques, socioéconomiques et culturelles se positionnent (2). En effet, à l'initiative des Madelinots, s'amorce une coalition des communautés maritimes des 5 provinces solidairement tributaires du golfe du Saint-Laurent dans leurs activités de développement économique durable. Allons-nous – nous les résidents des territoires maritimes riverains du Golfe – laisser, sans mot dire, des leaders politiques et industriels jouer à la roulette russe avec l'avenir des pêcheurs et des intervenants touristiques qui animent nos principales activités gagne-pain ?
Vous brandissez de part et d'autre la torchère de l'indépendance énergétique ! Vous prenez pour acquis que, si c'est le Québec qui pompe, ce sera sécuritaire, alors que si c'est Terre-Neuve-Labrador qui le fait, c'est dangereux. Faites-vous encore confiance à la technologie et à l'intégrité des pétrolières, après la démonstration troublante et dégoûtante qui nous est servie dans un golfe 6 fois plus vaste que le nôtre ?
Ne devriez-vous pas, en votre qualité de politiciennes appelées à jouer un rôle important dans l'avenir du Québec, prendre le relais du bon sens et de la prudence en souscrivant à cette volonté de mettre un frein, du moins temporaire (moratoire), pour aller au-delà des Évaluations environnementales stratégiques (bien qu'utiles) et promouvoir un véritable débat de société, pour l'ensemble des Québécois, sur notre avenir énergétique ? De toute façon, les communautés qui entourent le golfe du Saint-Laurent ne laisseront pas brader leurs propres intérêts s'ils n'y trouvent pas leur compte.
Respectueusement,
Raymond Gauthier, citoyen des Îles de la Madeleine
***
(1) États-Unis - Englué dans la marée noire, L'image d'efficacité du président Barack Obama souffre de la crise dans le Golfe, Le Devoir, 26 juin 2010.
(2) Après Attention Fragîles, le conseil d'agglomération des Îles-de-la-Madeleine avalise le consensus de son comité consultatif sur les hydrocarbures, puis la MRC de Bonaventure l'endosse. Enfin, la Conférence régionale des élus de la Gaspésie et des Îles (CRÉGIM) réclame l'obtention d'un moratoire sur l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures dans tout le golfe du Saint-Laurent : « Le golfe forme un seul et même écosystème et un espace marin quasi fermé, d'où l'importance d'adopter une approche intégrée et concertée. Les régions côtières du golfe sont ainsi toutes concernées, ce pourquoi les élus souhaitent qu'une entente de réciprocité soit conclue entre les provinces riveraines pour une harmonisation du cadre, des mesures et des processus de mise en valeur des hydrocarbures. » L'Association des retraités de l'enseignement (AREQ Gaspésie-Les Îles-Bas-St-Laurent-Côte-Nord) avait « unanimement adopté une résolution demandant « que nos gouvernements provincial et féd
éral mettent un moratoire sur l'exploration et l'exploitation du pétrole dans le Golfe St-Laurent, tant et aussi longtemps que des moyens de prévention sûrs à 100% n'auront pas été mis en place par ces mêmes gouvernements ».

Featured 22a3796212865588b51a0baa2399562e

Raymond Gauthier17 articles

  • 12 117

Travailleur social retraité, il a été responsable de l’animation communautaire, de l’alphabétisation et de l’insertion socioprofessionnelle au Centre d’Éducation des adultes (C.S. des Îles). Il est membre fondateur et président du conseil d’administration de la corporation de Développement communautaire Unîle. Environnementaliste de la première heure aux Îles de la Madeleine, il milite depuis plus de 30 ans dans des organisations écologistes et est co-fondateur d’Attention FragÎles. Depuis 2004, il assure une vigilance permanente sur les projets d’exploration-exploitation d’hydrocarbures dans le golfe du Saint-Laurent (terrestres et extra-côtiers), ainsi que sur les dossiers connexes touchant l’énergie à la grandeur du Québec.

Votre région : Îles de la Madeleine





Laissez un commentaire



4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    30 juin 2010

    Prévenir plutôt que guérir. Je suis certaine que tout le monde qui vit sur les côtes du Golfe du Mexique, mais pas seulement eux, tous ceux qui comme vous et moi ont vu et entendu ce qui se passe là-bas, souhaiteraient pouvoir retourner en arrière pour prévenir un tel désastre. Mais il est trop tard. Et si l'on n'a pas pu prévenir, on ne semble pas non plus trouver les moyens de ''guérir''la situation tout à fait catastrophique et sans issue. Ici, au Québec, nous avons encore le choix de prévenir une telle abomination de se produire chez nous, dans notre Golfe St-Laurent. Nous pouvons empêcher le gouvernement Terre-Neuvien (par l'entremise de Corridor Ressources) de forer dans le Golfe. Il n'existe aucune barrière entre leur côté de Old Harry (ou ils veulent forer) et celui du Québec. Old Harry se trouve au coeur du Golfe. Tout déversement de pétrole (et il y en a une douzaine d'environ 4000 litres chacun qui surviennent chaque jour au Canada, selon les statistiques et c'est seulement ceux qui sont déclarés. VOIR ''THE CANADIAN PRESS'' de la semaine dernière. Tout déversement de pétrole ou de gaz naturel donc, se répandra et affectera tout le Golfe, le Fleuve et l'Estuaire, les poissons, les baleines, la pêche, l'industrie touristique, les plages de l'Île-du -Prince-Edward et des Îles-de-la-Madeleine, l'eau dans laquelle on se baigne, la végétation, les oiseaux, tout, dans leurs moindres particules. Est-ce que tout ceci appartient à Terre-Neuve? Ou aux politiciens fédéraux ou provinciaux? Est-ce que notre sort appartient à ceux qui émettent des permis de forage aux Cies pétrolières? Demandons-le nous et vite, avant qu'il soit trop tard. Ou on se retrouvera très bientôt dans les mêmes bottines que nos voisins du sud avec des dégçats irréparrables et irréversibles, sans solution et sans issue.

  • Archives de Vigile Répondre

    28 juin 2010

    Cette lettre demande un moratoire au gouvernement québécois à propos de l'exploitation du pétrole dans l’estuaire et le golf St-Laurent.
    Cette lettre est inutile.Elle vise une cible qui n'existe pas.La province de Québec n'est pas autorisée par le propriétaire fédéral à y accorder des permis d'exploitation pétrolière.
    Le pétrole québécois est dans le sol,en Gaspésie et à l'île d'Anticosti.L'exploitation est déja commencée par Junex et Pétrolia.Personne s'y oppose publiquement.

  • Archives de Vigile Répondre

    27 juin 2010

    Pour ce qui est de l'exploration et de l'exploitation des hydrocarbures dans le Golfe du Saint-Laurent, je suis en faveur d'un moratoire.
    Le golfe du du Saint-Laurent incluant l'ile d'Anticosti couvre une superficie d'environ 100 000 kilomètres carrés. Si à l'instar de l'Europe du nord nous installions des éoliennes sur 10 000 kilomètres carrés de fonds peu profonds (50 mètres ou moins)nous pourrions augmenter d'environ 50% la production électrique d'Hydro-Québec.Cette électricité serait parfaitement propre, sans danger et renouvelable pour le bénéfice des générations montantes. Le contraire s'applique aux hydrocarbures.

  • Serge Charbonneau Répondre

    27 juin 2010

    Totalement d'accord avec vous, Monsieur Gauthier.
    Ne vaudrait-il pas mieux prévenir que guérir ?
    Nous subissons trop la courte vue.
    Serge Charbonneau
    Québec