Les sables bitumineux de l'Alberta

À croire l'information, on pourrait penser que la pollution incroyable causée par l'exploitation des sables bitumineux n'existe pas

l'affaire SAGARD

Texte publié dans L'aut'journal du mercredi 4 mars 2009
La détérioration environnementale majeure que subit le Nord de l'Alberta ne
fait pas les premières pages de nos valeureux médias. À croire
l'information, on pourrait penser que la pollution incroyable causée par
l'exploitation des sables bitumineux n'existe pas. Cette semaine, il aura
fallu un reportage du réputé National Geographic pour que cette réalité
soit, un peu, même très peu dénoncée. D'ailleurs, je me demande si les
lecteurs de cette page ont même vu passer la nouvelle. Le texte qui suit a
été soumis aux journaux "officiels" mais l'article n'a pas été retenu pour
publication.


Une réalité que le régime Harper interdit de montrer
Incroyable!
J'écoute cette nouvelle et je tombe à la renverse.
On parle, à Radio Canada, de l'article "dévastateur" du National
Geographic concernant les sables bitumineux de l'Alberta.
La description est paraît-il «satanique».
On parle de l'image du Canada. Le pauvre Canada qui va devoir lutter de
toutes ses forces pour continuer à «convaincre» nos voisins d'acheter cette
saleté de pétrole.

Ce qui me renverse ce n'est pas la nouvelle en elle-même, mais c'est
plutôt le ton.
Surtout lorsqu'on entend ce ton sur les ondes de Radio Canada.

On constate, une fois de plus que l'Information n'existe pas. Il s'agit
de propagande.
On ne parle pas du contenu de l'article de neuf pages du National
Geographic
sur internet, mais de son effet «dévastateur» sur le Canada. 24
pages seront publiées dans l'édition papier du mois de mars.

On parle de l'effet et non de la réalité environnementale. Celle-ci est
précieusement gardée sous silence. Radio Canada ne nous montre pas de
tournage récent d'un survol de la région, non, il nous offre en entrevue le
ministre de l'Environnement (sic) de l'Alberta (je devrais peut-être dire:
«ministre de l'exploitation des sables bitumineux»), M. Rob Renner qui
propose aux journalistes, non pas de voir la situation présentement, mais
il leur propose de revenir dans trois ans pour voir comment se portera
l'environnement de l'Alberta. Une proposition qui semble avoir été
acceptée tout de go de la part des journalistes de Radio Canada. Donc
aucune image, aucun reportage de prévus pour tout de suite, nous attendrons
comme le «suggère» le ministre dans trois (3) ans.
Évidemment, on a aussi recours à l'expert qui apaise, certifie et dénonce
les méchantes ONG qui sont contre les vertus écologiques du pétrole
albertain.

Le recours à «l'expert».
M. Stefan Bachu, un «scientifique» qui lui ne parle nullement
d'environnement, mais voit une pression sur le gouvernement de l'Alberta
ainsi que sur le gouvernement canadien. Une observation que le simple
citoyen, sans être «scientifique», voit encore plus clairement que tous les
«experts» réunis. Le consciencieux «scientifique» nous explique, parce que
le citoyen a toujours besoin qu'on lui explique, que les ONG sont des
professionnels du chialage qui n'ont pour bu que de salir la réputation de
la valeureuse industrie pétrolière albertaine, qui ne connaissent
absolument rien à l'environnement et qui veulent tout simplement anéantir
toute l'industrie de l'énergie fossile.

La parole au «porte-parole».
En dernier recours Radio Canada ne reculant devant rien pour mieux
informer le public a "tenté" de rejoindre un «porte-parole» de l'industrie
pour qu'il nous «éclaire» sur la situation, mais en vain, les compagnies
pétrolières ont pris connaissance de l'article, mais n'ont pas voulu faire
de commentaires.
Dans une revue de presse entendue à la radio de Radio Canada, Mme Pauline
Vanasse disait que même les autochtones voyaient d'un bon œil les retombées
de l'exploitation des sables bitumineux parce qu'ils en profitent
maintenant.

Et l'environnement dans tout cela???
Malheureusement, nos journalistes ont délaissé l'information pour servir
la propagande gouvernementale et industrielle.
Il faudrait que de ma poche je me paie un voyage en Alberta, que je loue
les services d'un hélicoptère, que je survol la région et que j'aille voir
les Indiens de Fort McKay pour connaître leurs conditions de vie et leur
état de santé pour vous offrir un réel suivi du saccage. Il faudrait aussi
débusquer le montant des profits générés ainsi que de découvrir à qui tout
cet or noir rapporte le plus.

Le saccage environnemental semble vraiment secondaire par rapport aux
retombées économiques dont peut profiter le Saint Canada. Les journalistes
de Radio Canada semblent incapables de nous donner l'information réelle
concernant l'état des lieux. Tout le traitement de cette nouvelle concerne
la contre-attaque médiatique des gouvernements et des représentants de
l'industrie pour étouffer au plus vite cette mauvaise publicité. Il ne
faut surtout pas sensibiliser la population sur les dégâts
environnementaux. Au diable les générations futures. Faisons des profits
maintenant et pour le reste revenez dans trois (3) ans.

Renversant le ton lorsqu'on se souvient de ce superbe reportage,
exactement identique à celui du National Geographic, qu'une équipe de
l'émission «Zone libre» de Radio Canada avait fait en janvier 2007.


Extraits du reportage:
« Au lendemain de l'élection du gouvernement Harper, en janvier 2006, les
patrons de l'industrie pétrolière américaine se sont réunis à Houston, au
Texas, avec les dirigeants des grands projets d'exploitation des sables
bitumineux de l'Alberta… »

«Les prélèvements d'eau de la rivière Athabaska: deux fois la quantité
d'une ville comme Calgary. Ce qu'on fait de l'eau une fois souillée: Le
mélange toxique est rejeté dans d'énormes bassins de décantation, parfois
situés à quelques dizaines de mètres seulement de la rivière. Ces bassins
font aujourd'hui (2007) plus de 50 kilomètres carrés, la superficie du lac
Memphrémagog.
Les autochtones de Fort McKay ne peuvent plus pêcher dans la rivière
Athabaska, elle est trop polluée. Nombre d'entre eux tombent malades à
cause de la pollution de l'air.
Les gaz à effet de serre: Les cheminées de la région crachent par millions
de tonnes. C'était 16 millions il y a dix ans. En 2010, ce sera 65 millions
de tonnes. Une consommation astronomique de gaz naturel: 600 millions de
pieds cubes par jour (2007). »

« Avec une production de cinq millions de barils de pétrole par jour,
l'Alberta deviendrait un cauchemar écologique »
Steven Guilbeault, directeur général de Greenpeace Québec

Sur le site de Radio Canada:
« Après la diffusion du reportage «Du sable dans l'engrenage» à Zone
libre, en janvier 2007, le Cabinet du premier ministre Harper a déposé une
plainte à l'ombudsman de Radio-Canada. »

Aujourd'hui, par le ton qu'adopte Mme Tamara Alteresco (journaliste de
RC), Radio Canada ne recevra pas de plainte de Stephen Harper. Radio
Canada joue la découverte de la catastrophe et nous sert un ton offusqué
(National Geographic a une vision «satanique»).

Depuis ce fameux reportage de Zone libre (un très rare reportage vraiment
journalistique) nous n'entendons plus parler de l'environnement du nord
albertain. Comme si la terrible pollution avait disparu!
Elle a effectivement disparu… de nos médias!

Mais les images réelles de la région qui paraissent sataniques sont la
simple réalité. Une réalité que le régime Harper interdit de montrer.


Serge Charbonneau
Québec

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National Geographic - The Canadian Oil Boom


Zone libre – Du sable dans l'engrenage


Reportage de Mme Tamara Alteresco


Reportage RDI de Maude Montembeault



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Lettre de Serge Charbonneau à Radio Canada envoyé le 1er mars 2009:



Bonjour,
Il m'apparaît adéquat, pour donner suite au récent reportage du National
Geographic
concernant les dégâts causés par l'exploitation des sables
bitumineux de l'Alberta, de rediffuser l'excellent reportage de Zone libre,
"Du sable dans l'engrenage".
Est-il permis de penser à une telle chose?
Une mise à jour de la situation, la dégradation des lieux, la qualité de
l'eau de la rivière Athabaska, la qualité du poisson pêché dans la rivière,
l'état de santé des autochtones de la réserve de Fort McKay, le nombre de
barils de pétrole produit quotidiennement il y a deux ans et aujourd'hui,
etc.
La planète se dégrade à une vitesse suicidaire, je crois qu'un tel
reportage est d'une importance capitale pour sensibiliser la population et
tempérer les ardeurs capitalistes du gouvernement Harper.
Les dollars produits en saccageant l'environnement sont bien sûr bien
intéressants pour quelques groupes, mais les retombées environnementales
néfastes handicapent considérablement le futur de nos enfants.
Je crois que Radio Canada, un service public, se doit de faire un suivi
sur cette situation. Il est gênant que ce soit nos voisins qui viennent
faire chez nous du journalisme honnête.
Merci,
Serge Charbonneau

Québec

-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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1 commentaire

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    9 mars 2009

    Si les dits sables bitumineux se trouvaient au Québec, et que c'étaient nous qui les exploitions, là, les médias du Rest of Canada affirmeraient que c'est un révoltant crime contre l'environnement, que les Québécois sont des inconscients, des irresponsables, et que nous incarnons la honte de leur «plusse meilleur pays du monde», etc...