Les Québécois, groupe linguistique minoritaire canadien?

Yann Martel, francophone untel

Tribune libre

Vous souvenez-vous de Clyde Wells, ce bon vieux premier ministre terre-neuvien archi-opposé à la clause de société distincte québécoise, du temps du fiasco Meech-Charlottetown? Cet orthodoxe trudeauiste refusait tout net de voir autre chose au Québec que« la concentration d’un groupe linguistique présent ailleurs au Canada ». Et que dire de l’ineffable Jean Chrétien qui, à la même époque, soutenait que « les immigrants n’ont pas d’affaire à fêter la Saint-Jean-Baptiste » au Québec, puisque « c’est la fête des Canadiens-français »? Il était fort désolant de lire Yann Martel disserter de la sorte dans Le Devoir des écrivains (http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/363907/nous-les-autres) de mercredi dernier, épiloguant de bien navrante façon sur les identités québécoise et canadienne-française. Selon l’auteur de L’histoire de Pi, le mot « Québécois » serait synonyme de « francophone de naissance » et constituerait « une étiquette confuse et inexacte » voire « géographique » en ce qu’elle exclurait « toutes les autres personnes au Canada qui parlent français ». À l’opposé, le terme « Canadien-français » inclurait de manière « ample et généreuse » le francophone « arrivé récemment du Maroc ou d’Afrique subsaharienne », toujours selon le récipiendaire du Man Booker Prize 2002.

Et bien justement, mon cher Yann, les francophones du Québec refusent catégoriquement de voir leur identité confinée, comme au temps des « good ol’ days », à celle du « linguistic group » à la Clyde Wells. Ils aspirent à ce que la nation québécoise puisse, aussi légitimement que les autres nations du Monde, accueillir ses immigrants en les intégrant à la majorité, sans égard à leurs origines. On ne veut plus ici se contenter de fabriquer tant bien que mal des « Canadiens-français » avec les seuls immigrants francophones tout en restant sagement spectateurs de notre déclin. On s’attend à ce que les nouveaux venus de toutes langues maternelles adoptent le français en tant que langue commune, au même titre qu’ils le feraient pour l’anglais en Ontario, par exemple. Voilà ce qu’est un Québécois. Et si comme vous le reprochez à ce vocable, « on ne peut retenir l’identité des gens à l’intérieur de frontières, au risque de montrer un nationalisme rétrograde », force sera alors de constater que le chapeau « Canadien » est tout aussi condamnable. N’y a-t-il pas là un cas typiquement Canadian de deux poids, deux mesures? Parlez-en donc, dans votre Saskatchewan d’adoption, à des descendants de Louis Riel, dont c’était justement ce vendredi le 127e anniversaire de la pendaison. Bon nombre d’entre eux risquent fort de ne pouvoir vous raconter tout cela qu’en anglais.

Christian Gagnon
Montréal

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Christian Gagnon138 articles

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CHRISTIAN GAGNON, ing.
_ L’auteur a été président régional du Parti Québécois de Montréal-Centre d’octobre 2002 à décembre 2005





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7 commentaires

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    22 novembre 2012

    Bon, tout d'abord, Yann Martel est un pur assimilé, qui n'a rien d'honnête à dire sur la question, trop biaisé qu'il est.
    Mais quel faux débat! Les francophones, de souche française, qui vivent au Canada mais hors Québec, ont des choses en commun avec nous, bien sûr. Mais ce ne sont pas des Québécois à proprement parler!
    Et il est exclu, bien sûr, que nous laissions être mutilée notre propre identité, au cas où le terme «Québécois» ne conviendrait pas à un assimilé fédéraliste, tel que Yann Martel.

  • Archives de Vigile Répondre

    21 novembre 2012

    M. Martel aurait quand même pu écrire son article en français.
    Il a encore besoin de ses parents pour se faire comprendre.

  • Archives de Vigile Répondre

    20 novembre 2012

    Vous êtes un peuple...
    Peu importe ce que le monde en pense.
    Je le vois, je le sais... et en prime... j'en suis.
    L'insécure selon moi, ce n'est pas vous ni moi...
    Et tout est là.

  • Jean-Claude Pomerleau Répondre

    19 novembre 2012

    La littérature n'est que de peu de secours pour définir la nation.
    "Nation : un peuple en possession d'un État." (K Deutsch)
    La géopolitique est la seule discipline qui fait de l'État l'objet premier de son étude.
    JCPomerleau

  • Archives de Vigile Répondre

    19 novembre 2012

    Mais qui lit Yan Martel? Pardon. Qui est Yan Martel? Un sous-produit de la culture de consommation?
    Il y a tant de grands auteurs que nous ne pourrons jamais lire faute de temps. Pourquoi s'affairer à lire les « autres »?
    À culture de masse, « idée » de masse...

  • Archives de Vigile Répondre

    19 novembre 2012

    Yann Martel est fédéraliste. Je me souviens d'une émission de radio où, avec le gros René-Daniel, on fessait fort sur les nationalistes québécois.
    Ceci dit, il y a plusieurs définitions du mot québécois. Celle que vous donnez est loin de faire l'unanimité
    Martel a raison de rappeller que la définition territoriale de Québécois exclut nos frères francos-canadiens avec qui on partage quatre siècles d'histoire.

  • Archives de Vigile Répondre

    19 novembre 2012

    Monsieur Gagnon
    Les "rednecks" n'ont pas de leçon à nous donner sur la langue et sur l'intégration des immigrants au Québec à commencer par ce Yann Martel que je considère comme étant un assimilé à la majorité "canadian" tout comme Justin (foddle doddle) Trudeau.
    S'ils ne peuvent pas nous sentir; je leur dirai qu'il y a réciprocité de ma part. Qu'ils aillent vendre leur bilinguisme et leur multiculturalisme ailleurs au Canada; nous avons assez de la pollution antiquébécoise à subir de Harper.
    André Gignac 19/11/12