Les petites colères du colonisé cocu

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« Ils se cramponnent à une vision du Canada bilingue et biculturel morte et enterrée depuis longtemps hors du Québec. »


Si vous voyez grandir une tache brune au plafond, quel est votre problème ? 


Est-ce la tache ou la toiture qui permet à l’eau de s’infiltrer ? 


Où est-ce que je m’en vais avec ça ? 


Sorry ! 


Peter MacKay sera le prochain chef du parti conservateur. C’est un unilingue anglophone. 


Plusieurs commentateurs québécois sont « ben ben » choqués. 


Pour eux, il FAUT qu’un premier ministre du Canada puisse parler français, car on ne pourrait pas concevoir l’inverse : un premier ministre du Canada unilingue francophone. 


Ce point de vue est si déconnecté qu’il vaut mieux en rire.  


Ces gens voient la tache au plafond sans penser à la toiture. Ils confondent le symptôme et la cause. 


Ils rigolent des phrases en français apprises par cœur par MacKay. Mais dans quel Canada imaginaire vivent-ils depuis des années ? 


Ils se cramponnent à une vision du Canada bilingue et biculturel morte et enterrée depuis longtemps hors du Québec. 


Ils sont restés accrochés à cette mythologie selon laquelle le Canada serait le fruit d’un pacte librement consenti entre deux peuples fondateurs égaux en droit. 





Cette vision, qui sent le colonisé cocu, ne provoque que rire, exaspération ou incompréhension au Canada anglais. 


Comme les francophones sont de plus en plus minoritaires au Canada, il est inévitable que leur influence politique et culturelle soit en chute libre. 


Comme il y a, dans ce pays, de plus en plus de gens dont la langue d’origine n’est ni le français ni l’anglais, la maîtrise du français par un politicien fédéral est de moins en moins importante. 


Ils diront : exige-t-on que ce dernier maîtrise le mandarin ou le hindi ? 


Vous essaierez d’expliquer à ces gens que le français devrait être une exigence obligatoire parce que des colons originaires de la France sont arrivés quelques siècles avant eux.  


Je vous choque ? Voyagez un peu dans le Canada anglais réel. 


Hors du Québec et hors de ces bulles que sont les salles de rédaction ou les départements universitaires, vous ne trouverez plus grand monde qui juge indispensable qu’un premier ministre fédéral parle les deux langues « officielles ». 


Préférable ? Peut-être. Indispensable ? Absolument pas. 


Le cas MacKay n’est que le reflet de ce que devient le Canada. Sorry, dude ! 


De toute façon, on peut déjà diriger un gouvernement majoritaire fédéral avec seulement une poignée de sièges au Québec. 


Respect 


Vous me direz que mon point de vue est celui d’un souverainiste amer.  


Si vous voulez, mais un fait demeure : l’unilinguisme de MacKay et l’indifférence que cela provoque en dehors du Québec ne sont que des reflets de la nouvelle réalité canadienne. 


Les Québécois francophones ont choisi de demeurer dans un Canada où leur poids baisse continuellement. 


Il y a des conséquences à cela, mes amis. 


Il aurait fallu y penser avant... ou assumer ces conséquences sans ces jérémiades minables qui suscitent un agacement compréhensible chez nos voisins. 


Exiger le respect quand on plie toujours, c’est vouloir le beurre et l’argent du beurre. 





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