Les papes et le nationalisme

Honte au pape Benoît XVI

Tribune libre

À la suite des réactions de la charge de Victor Levy Beaulieu sur la laïcité, i l y a eu de nombreuses réactions, sans surprise plutôt négatives. Et cela a amené plusieurs à réfléchir sur le rôle de l’église catholique dans la survie du peuple québécois.
Dans un précédant texte, publié sur ce site, j’ai donné raison à VLB sur le fond de sa charge contre les religions tout en soulignant le style pamphlétaire du personnage. Essentiellement j’ai souligné le rôle du Haut clergé et du pape pour atténuer l’action nationaliste du bas clergé tant au Québec qu’en Amérique du sud.
Dans un article, M.Oscar Fortin développe fort bien cet argument et tout l’article démontre une réflexion profonde et féconde sur le sujet qui m’a fortement impressionné.
Mais pour les sceptiques, je veux revenir sur ce sujet qui me tient à cœur. L’histoire du Québec est bien connue. Je me contenterai de décrire l’action récente du pape Benoît XVI dans le cas de l’histoire malheureuse du peuple Guarani au Paraguay. Mais auparavant un peu d’histoire pour situer le contexte de l’intervention récente du pape dans ce pays.
Ce peuple a connu une histoire tragique qui fut marquée par une véritable tentative de génocide de la part de ses pays voisins. Ces pays qui se trouvaient alors soumis à des dictatures de droite soutenus par les Britanniques ont envahi le Paraguay dirigé par un dictateur de droite populiste et nationaliste qui s‘opposait cependant à l’impérialisme britannique et qui avait instauré une véritable politique sociale et de développement économique autonome dans son pays. À l’époque, plus de 90% de la population du Paraguay, essentiellement composée de personnes dont les ancêtres proviennent de la période pré colombienne savaient lire et écrire, un cas unique, il va sans dire, en Amérique du sud. Cette particularité est sans doute attribuable à l’œuvre des Jésuites qui avaient tenté naguère d’organiser le peuple guarani sur une base solidaire, un cas unique sur ce continent, il va aussi sans dire. Ils en ont retenu les principes et lors de la vague de l'indépendance des pays du joug de l'empire espagnol, ils les ont mis en pratique à leur façon.
Les pays voisins craignaient que l’exemple du Paraguay gagne leurs propres populations et sous l’impulsion des Britanniques, ils envahirent le Paraguay sous le prétexte des droits d’accès à la mer du Pacifique par la Paraguay dont ils niaient l’existence. Ceci dans le but évident d‘étrangler l’économie et les industries naissantes qui n’étaient pas contrôlés par les Britanniques. La conquête fut sanglante et le peuple guarani, hommes, femmes et enfants, furent massacrés à plus de 75 % dans une résistance héroïque. Le pape régnant lors de ce massacre n’a pas commenté !
Le pape de l’époque antérieure des Jésuites, quant à lui, avait auparavant cédé sous les pressions de la bourgeoisie et à la volonté des pays colonisateurs et ordonné aux Jésuites de cesser cette action politique. C’est l’histoire dont on a réalisé un film intitulé Missions.
L’histoire récente est aussi marquée d’une intervention du pape qui pourrait encore se révéler néfaste. Le candidat de centre gauche , Fernando Lugo était un évêque à qui le pape a ordonné le désistement de sa candidature parce que il trouvait son action politique incompatible avec ses vœux religieux! On se demande bien pourquoi ? Un peu comme l’histoire de l’abbé Gravel qui s’est fait élire sous la bannière du Bloc québécois bien que le retrait de Gravel, qui s'est finalement résigné,à quitter la politique. On peut comprendre l'abbé Gravel d'avoir effectué ce choisx car son action politique n'a pas le même degré d'importance. Son départ n’aura eu qu’une faible incidence sur la politique du Canada et du Québec. Mais je me demande encore pourquoi l'a t on ainsi forcé à choisir?
Monseigneur Lugo a pour sa part renoncé douloureusement à la prêtrise parce qu’il estimait être le seul candidat de gauche modérée capable de détrôner la droite qui régnait sur la destinée du peuple guarani depuis pratiquement un siècle avec des résultats désastreux pour l’émancipation de ce peuple. Il a eu raison de défier le pape et de renoncer à ses vœux car il a gagné l’élection contre toute attente. L’opposition politique dans cette élection est venu aussi du Haut clergé du Paraguay qui a milité contre son parti et son élection au poste de président du pays de façon ouverte et engagée avec la droite.
Le nouveau Président s’est mis à l’œuvre pour réparer un siècle d’injustice et il semble que l’opposition fait tout pour le déstabiliser, en révélant entre autre chose ses manquements à la règle du célibat pendant les années de sa prêtrise. Pour préciser, il ne s’agit pas ici de pédophilie mais d’une relation avec une femme. Connue des seules autorités ecclésiastiques et des personnes directement dans l’entourage de l’ex évêque évidement près de l’Église catholique, la révélation de ce pseudo scandale plaça le président sur la défensive alors que tout son énergie devrait être concentré
C’est pourquoi j’estime que VLB a raison d’outrager le pape et l’Église catholique pour son rôle abominable dans les malheurs de ce peuple.Pourtant le bas clergé a réalisé une œuvre humanitaire immense dans ce pays. À tous les fédéralistes qui craignent que l’indépendance sera un repli sur soi, un mur pour s’isoler du monde, c’est de bien mal connaître l’extraordinaire dynamisme des Québécois engagés dans ce pays et dans la plupart des pays de cette hémisphère du sud. Seule l’ignorance de notre histoire contemporaine sur la scène internationale permet ces accusations ridicules. Le Québec est connu là bas et respecté grace a ces missionnaires qui ont réalisé des œuvres durables.
L’histoire du Québec est aussi marquée d’interventions inopportunes du Haut clergé pour restreindre les actions nationalistes du bas clergé comme celle de l’abbé Gravel même si le parallèle est difficile à soutenir avec l’histoire du Paraguay en raison de l’amplitude de la tragédie vécue là bas. Mais il est bien connu que le Haut clergé québécois a souvent transiger pour obtenir son confort beaucoup mieux que pour permettre l’émancipation du peuple québécois pour lequel le Haut clergé entretenait un certain mépris
Longue vie au peuple québécois et au peuple guarani qui, en passant, parle encore sa langue en dépit de siècles d’oppression culturelle espagnole, et honte au pape Benoît XVI
Gilles Laterrière


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