Tu sais, quand j’ai vu ta photo, je me suis dit que tu étais mal en point. Et je me sentais coupable… Tu n’as rien à manger. Mais les mouches, oui…
Je ne sais pas trop qui t’a fait plus de mal… Les mouches? Nous? Le hasard?
Je me suis dit qu’il y a des milliers d’années il n’y avait probablement pas de singes avec autant de mouches sur le dos.
Pourtant, nous sommes allés sur la lune… Tu ne me croiras pas, mais c’est vrai. Celle que tu regardes chaque soir, comme un biscuit de lumière. Tout simplement. Tu gobes des images.
Nous aussi.
Si tu es comme ça, c’est que nous nous avons les mouches en dedans. Et plus on est savant, plus on va sur la lune, plus on est important, plus on crée de mouches.
Il y a des jours où je te dirais que j’aimerais t’envoyer non pas quelque chose à manger, mais quelqu’un. Mais c’est méchant de penser ça… Avant ça me faisait du bien de penser comme ça. Mais plus aujourd’hui… Car je me suis rendu compte que lorsqu’on a le ventre plein, et que les grands savants remplissent leurs montres en or de temps, d’éternité – celle d’ici-bas – on devient méchant sans le savoir, sans s’en rendre compte.
Ici, on ne cultive pas les autres, on se cultive, soi…
Je sais que tu ne me croiras pas, mais penser, ici, peut faire vivre. Nous sommes payés pour penser. Et plus on pense, plus on est payés. Et plus on mange… De sorte qu’on finit par oublier ce qui nous nourrit. En fait, nous sommes nourris par la vomissure… On se vomit les uns sur les autres.
Un vrai régal.
Chacun est une lune en soi. Et on s’entre-mange comme des biscuits d’ego. Tout lumineux… Mais sombres. Car pendant que tu vis avec ce corps … « minimaliste », nous, on essaie de se restreindre…
Il est minuit. Je me dis que tu dois être mort, déjà.
Ici, on meure aussi à minuit… Mais en gros carrosse… Car des fois, les gens sont tellement sombres que c’est la lune noire. Ils tentent de mettre fin à leurs jours.
Et tous se demandent pourquoi… Sans doute, que sans le savoir, on nous nourrit à quelque chose qui n’est pas essentiel en nous faisant croire que c’est important.
C’est étrange de t’écrire, parce que tu ne sais probablement pas lire. Mais ici, on a tellement lu, tellement appris, qu’on ne sait pas trop ce qui est bon pour nous. Chaque petite lettre peut être une mouche noire qui nous recouvre l’âme.
Mais on n’est pas différent de toi…. Sauf en apparence…
Nous, on a les mouches en dedans… Et bien cultivées…
P.S. : Il n’est pas important que tu comprennes… Nous non plus, on ne comprend rien. On essaye très fort. Au point où le prix qu’on paye à essayer et à faussement réussir pourrait te garantir un peu de vivres.
C’est drôle, on n’avait pas pensé à ça….
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2 commentaires
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
30 décembre 2009Voilà, les génies du grand écran s'évertuent à imaginer des catastrophes pour prédire la fin du monde.
Mais c'est en train d'arriver, lentement mais sûrement. La mondialisation a déplacé les populations pour semer du transgénique. Les révoltes causées par la crise alimentaire. La même mondialisation interdit d'intervenir dans les guerres génocides d'Afrique et d'ailleurs: parcs à mourir en silence. Et devinez au nom de quel principe les "big" se sont entendus à Copenhague pour ne pas s'entendre sur l'air que nous respirerons. Plus d'oxygène, aliments toxiques, armes de destruction massive. Même les "big" sont en train de creuser leur grande tombe pour y loger aussi leur bagnole. Mais n'ayons crainte, la fin de ce monde n'affectera en rien Gaïa, la vieille Terre. Elle en a vu d'autres. Les microorganismes sont prêts à nous remplacer. Seront-ils distincts au Québec?
Archives de Vigile Répondre
29 décembre 2009Lue au premier degré votre lettre est très touchante; mais au deuxième degré, alors là, vous nous faites plus que réfléchir.
Que se passe-t-il dans ce monde? Et si ce n'était que des enfants abandonnés... Il y a tout le reste...aussi...
Rien ne va plus!