Les Jeunes patriotes chahutent Justin Trudeau

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Élections fédérales du 14 octobre 2008

Le candidat libéral de Papineau au nom évocateur pour les uns et honni pour les autres a lancé officiellement hier soir sa campagne, prétexte pour un rassemblement partisan afin de motiver les troupes. Justin Trudeau, fils du défunt premier ministre Pierre Elliott Trudeau, a dit avoir confiance que les électeurs n'opteront pas pour la «petitesse» des conservateurs.
Devant quelque 300 militants entassés dans une salle à l'ambiance surchauffée, M. Trudeau a fait valoir que le message des conservateurs est clair: «Débrouillez-vous seuls». Avant lui, Bob Rae avait aussi pointé Stephen Harper qui «va trop loin» en s'attaquant à la culture et aux jeunes contrevenants. M. Rae y voit toutefois une bonne nouvelle pour les libéraux qui pourraient ainsi bénéficier de la comparaison.
L'événement a toutefois été quelque peu perturbé par des manifestants souverainistes. Les Jeunes patriotes du Québec (JPQ) comme ils se nomment, ont ouvert les hostilités à l'endroit du candidat libéral vedette la semaine dernière avec le slogan «Pas de Trudeau dans Papineau» et en distribuant macarons, auto-collants et autres affiches partout dans la circonscription. Hier soir, ils étaient plus d'une cinquantaine à mener un tintamarre qui se voulait joyeux, bien que cinglant, devant le local électoral de M. Trudeau. Armés de banderoles, de tambours, de casseroles et de sifflets, les manifestants ont fait du chahut.
«Ce que l'on veut, c'est attirer l'attention sur la candidature de Justin Trudeau, qui est un clown. À chaque fois qu'il ouvre la bouche il tient des propos aberrants, comme de traiter les unilingues francophones de paresseux», a lancé le porte-parole des JPQ, François Gendron. Sourire en coin, il a ajouté: «Mais on l'aime aussi, parce sa présence peut aider notre cause.»
Des dizaines de militants libéraux venus applaudir le candidat Trudeau regardaient les manifestants sur le trottoir, l'air éberlué. Rapidement, les policiers sont intervenus pour établir un périmètre de sécurité et même fermer un tronçon de la rue Saint-Denis. Une vingtaine de voitures de police étaient sur place. Aucun débordement n'a été signalé.
Aux journalistes, M. Trudeau a dit ne voir aucun inconvénient à cette manifestation qui a même permis d'attirer davantage l'attention sur Papineau. Ces jeunes ont le droit de parole, a-t-il assuré avec un haussement d'épaules.
Aux reproches des JPQ sur ses déclarations concernant l'unilinguisme français, M. Trudeau a invoqué sa jeunesse. «Je suis jeune. Je ne dirai pas toujours les bonnes choses et de la bonne façon. Mais je crois que le bilinguisme, c'est mieux que l'unilinguisme, c'est vrai. Je trouve qu'une société qui ne promout [sic] pas le bilinguisme, fait preuve d'un petit peu de paresse. Mais je n'ai jamais accusé personne de paresse», a-t-il déclaré.
Quant au fait qu'il se soit prononcé contre la reconnaissance de la nation québécoise par le passé, Justin Trudeau se défend. «C'est un dossier clos. Je suis extrêmement fier de mon identité québécoise. Mais de rouvrir ce dossier comme l'ont fait et M. Duceppe et M. Harper, ça démontre que les politiques de division ont encore beaucoup d'influence au sein de certains partis. Au Parti libéral, on préfère rassembler les gens», a-t-il fait valoir.
Cette soirée a permis de constater à quel point le jeune homme suscite un réel engouement auprès des militants libéraux. Après son allocution, tous voulaient lui parler, lui serrer la main ou se faire photographier à ses côtés. Avec beaucoup d'aisance, Justin Trudeau s'est offert un bain de foule.
La circonscription de Papineau est l'une des très rares que le Parti libéral du Canada croit pouvoir reprendre des mains du Bloc québécois. Lors de la dernière élection générale de 2006, la bloquiste Vivian Barbot a remporté la victoire avec une mince majorité de 1000 voix. Les libéraux tentent aujourd'hui de renverser la vapeur. Ainsi, M. Trudeau sillonne le comté depuis maintenant plus d'un an.
Papineau est une circonscription multi-ethnique: un électeur sur quatre est issu de l'immigration. On y retrouve des communautés grecques et italiennes importantes qui traditionnellement accordent leur appui aux libéraux. Mais il y a également un fort contingent de Québécois d'origine haïtienne qui pourrait être tenté d'appuyer Mme Barbot, elle-même née en Haïti. Hier soir, la salle représentait parfaitement cette diversité.
M. Trudeau dit avoir beaucoup de respect pour Mme Barbot mais souligne qu'après deux ans et demi, elle a démontré l'impuissance du Bloc, «une réflexion qui se fait un peu partout au Québec».


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