En Écosse, la tendance des résultats, encore partiels, aux élections législatives de jeudi semble montrer que plus de 70 ans après s'être regroupés sous la bannière du Parti national écossais (SNP), les indépendantistes du pays semblent en voie de récolter le fruit de leurs efforts.
La lutte est très serrée: selon les dernières informations disponibles, les travaillistes au pouvoir ont perdu 8 sièges, tandis que le SNP en a gagné 15. L'Écosse avait toujours été un bastion pour le Parti travailliste.
Le chef du SNP, Alex Salmond, fait notamment son entrée au Parlement autonome d'Édimbourg. Dans un élan de confiance, il a prédit que le Parti travailliste allait subir sa pire défaite électorale depuis 1922.
Le premier ministre travailliste sortant, Jack McConnell, a pour sa part été réélu dans sa circonscription près de Glasgow.
Un sondage publié dans le quotidien Daily Telegraph accordait 45 des 129 sièges aux indépendantistes contre 39 pour le Parti travailliste de Jack McConnell. Les démocrates libéraux, les conservateurs et les verts se partageront les autres sièges.
Le retard à publier les résultats viendrait de difficultés dans le dépouillement électronique. Plus de 100 000 bulletins de vote ont été écartés, ce qui cause beaucoup de réactions.
Partout en Grande-Bretagne
Le vent de réprobation contre les travaillistes semble souffler moins fort que prévu. Selon les premiers résultats, leurs pertes ont été limitées à cinq conseils locaux en Angleterre et trois sièges au Pays de Galles.
La plupart des analystes politiques anglais s'attendent à ce que les travaillistes soient sévèrement réprimandés par les électeurs partout sur le territoire de la Grande-Bretagne, en raison notamment de la guerre en Irak et des scandales politiques qui ont ébranlé son gouvernement.
Les élections législatives se déroulaient en Écosse, au Pays de Galles et en Angleterre. Elles constituaient un dernier test électoral pour le premier ministre britannique Tony Blair, qui doit annoncer la date de son départ la semaine prochaine.
Scrutin historique
Le scrutin écossais se déroule 300 ans, presque jour pour jour, après que l'Écosse eut signé l'Acte d'Union, qui a scellé son alliance avec à l'Angleterre et le Pays de Galles pour créer la Grande-Bretagne.
La campagne électorale en cours a des accents familiers pour les Canadiens et les Québécois. Alex Salmond a promis que le SNP organiserait un référendum sur l'avenir de l'Écosse en 2010, mais a fait essentiellement campagne sur sa capacité à constituer un bon gouvernement.
Le charismatique chef indépendantiste a soutenu que l'élection ne portait pas directement sur l'indépendance. Les Écossais, dit-il, doivent d'abord choisir un gouvernement. Un référendum ne viendrait qu'après une période de trois ans, au terme de laquelle les électeurs auront pu juger de leur capacité à diriger l'Écosse.
« Le Parlement écossais ne contrôle que 15 % de ses revenus. C'est beaucoup moins qu'une province canadienne. Je crois qu'un gouvernement populaire qui demanderait par voie de référendum le mandat de négocier une nouvelle entente pour l'Écosse, une relation égalitaire, obtiendrait une majorité », a récemment affirmé le chef indépendantiste.
Les travaillistes de Jack McConnell n'ont pas hésité pour leur part à évoquer les conséquences du référendum de 1995 au Québec pour tenter de dissuader les électeurs d'opter pour les indépendantistes. « Le taux de chômage a augmenté, les taux d'intérêt ont augmenté », a-t-il récemment lancé.
Le slogan du parti était d'ailleurs on ne peut plus clair: « Détruisez la Grande-Bretagne, faites faillite ». Le successeur annoncé de Tony Blair, Gordon Brown, ne dit pas autre chose. Il affirme qu'il lui est « impossible » de travailler avec le SNP. Leur projet de référendum, estime-t-il, est « dangereux et désastreux ».
Le Parlement écossais, baptisé Holyrood, a été recréé en 1997, 290 ans après qu'il eut été dissolu à la suite de la signature de l'Acte d'Union. Les travaillistes de Tony Blair y voyaient une occasion de décentraliser le pouvoir et ainsi couper l'herbe sous le pied des indépendantistes.
Les champs de compétence du Parlement autonome écossais sont l'éducation, la santé, le transport, le développement économique et la justice.
Grâce au mode de scrutin proportionnel, il est toutefois improbable que le SNP détienne la majorité absolue et puisse aller seul de l'avant avec un référendum. Les démocrates libéraux, par exemple, envisagent de s'allier aux indépendantistes pour gouverner, mais à condition que le projet de référendum soit abandonné.
Écosse
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