Les indépendantistes catalans peuvent rêver

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Les indépendantistes catalans reconnaissants au Québec






Forts de leur victoire aux élections régionales du 27 septembre dernier, les indépendantistes catalans sont déterminés à enclencher le processus devant mener à la séparation avec l’Espagne dans les 18 prochains mois.




La route vers l’indépendance de la Catalogne s’annonce toutefois difficile. Dans un premier temps, la coalition de partis souverainistes qui a été portée au pouvoir devra s’entendre sur la formation d’un gouvernement. La tâche pourrait s’avérer ardue en raison du fossé qui sépare les deux partis formant la coalition «Junts Pel Si» (Ensemble pour le Oui).




La Convergència Democratica de Catalunya, le parti du président sortant, Artur Mas, se situe au centre droit de l’échiquier politique, tandis qu’Esquerra Republicana de Catalunya est une formation de centre gauche.




C’est sans compter que, pour gouverner, la coalition, qui n’a pas réussi à remporter une majorité absolue de sièges, aura besoin de l’appui de la Candidatura d’Unitat Popular (CUP), un parti indépendantiste d’extrême gauche, anticapitaliste et antieuropéen, qui détient la balance du pouvoir.




Bras de fer




«C’est quelque chose à surveiller de très près parce qu’au sein des forces indépendantistes, il va y avoir un bras de fer entre la coalition et la CUP», explique l’ancien député péquiste Daniel Turp. Ce dernier était à la tête d’une délégation du Parti québécois qui s’est rendue en Catalogne dans le cadre des récentes élections.




Le principal obstacle des indépendantistes catalans risque cependant d’être l’opposition farouche du gouvernement espagnol de Mariano Rajoy à toute démarche pouvant menacer l’unité du pays. Rappelons qu’en 2014 Madrid avait empêché la tenue d’un référendum sur l’autodétermination de la Catalogne sous prétexte qu’il était inconstitutionnel.




Constitution




D’aucuns s’attendent à ce que le pouvoir central bloque la route aux indépendantistes s’ils décident d’appliquer leur «feuille de route». Celle-ci prévoit la rédaction d’une constitution et la création de structures d’État, notamment en matière de finances et de sécurité sociale. «C’est certain que le gouvernement espagnol pourrait réagir de façon assez dure si des gestes comme ça sont posés et s’il y a une tentative de les appliquer», a indiqué Daniel Turp.




Ligne dure




L’ancien député a toutefois fait remarquer que la ligne dure a desservi le gouvernement espagnol ces dernières années.




«Cette attitude a engendré des appuis qui se multipliaient et ce que l’Espagne fait maintenant, ça pourrait continuer de faire basculer des Catalans dans le camp indépendantiste», a-t-il analysé.































Les forces politiques en présence





  • Candidatura d’Unitat Popular (CUP), parti indépendantiste d’extrême gauche, antieuropéen et anticapitaliste, dirigé par Antonio Baños. Détient la balance du pouvoir dans le nouveau Parlement catalan.




  • Convergència Democràtica de Catalunya (CDC), le parti de centre droit du président sortant de la Catalogne, Artur Mas.

  • Esquerra Republicana de Catalunya (ERC), formation de centre gauche dirigée par Oriol Junqueras. C’est le parti indépendantiste historique de la Catalogne.

  • Gouvernement espagnol, dirigé par le chef du Partido Popular, au pouvoir depuis 2011. Farouche opposant à l’indépendance de la Catalogne.



Le Québec a servi de modèle




En organisant deux référendums sur la souveraineté, le Québec a montré la voie aux peuples qui aspirent à l’autodétermination, croit le président de la Catalogne, Artur Mas.


«Chers amis du Québec, vous nous avez enseigné, il y a très longtemps, le chemin pour défendre le droit à décider d’un peuple et d’une nation. Vous nous avez enseigné le chemin de la liberté», a déclaré M. Mas dans un excellent français, le 24 septembre, lors d’un important rassemblement à Girona, au nord-est de Barcelone, la capitale de la Catalogne.




Connaissance remarquable




Le chef de la délégation du Parti québécois, Daniel Turp, a assisté au discours. Il soutient que les Catalans ont une connaissance «remarquable» du mouvement indépendantiste québécois.




«C’est assez impressionnant de voir à quel point ils connaissent ce qu’il s’est passé en 1980 et en 1995», a-t-il dit.




M. Turp croit que les souverainistes québécois devraient à leur tour s’inspirer de la Catalogne, où les partis indépendantistes et les organisations de la société civile ont mis leurs divergences de côté pour faire avancer leur cause.




«Il faut apprendre de la Catalogne que quand on veut faire un pays, il faut mettre beaucoup de monde dans le coup, et plus on met de monde dans le coup, plus on a de chance de gagner une élection, puis de gagner un référendum», a confié M. Turp.



Un but à atteindre




Feuille de route de la coalition indépendantiste «Junts Pel Si» ( Ensemble pour le Oui )





  • Élire une majorité de députés indépendants

  • Déclarer, devant le Parlement, le début du processus vers l’indépendance





  • Mettre en place les institutions d’un État catalan indépendant





  • Rédiger une constitution





  • Valider la constitution par référendum





  • Proclamer l’indépendance





  • Déclencher des élections pour élire un nouveau Parlement





  • Entamer des négociations avec l’Espagne et l’Union européenne



 




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