Le Québec débarrassé des libéraux

Les ficelles de Legault, les amarres de QS et les ressorts du PQ

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Tribune libre

Le premier octobre ce n’est pas une journée triste pour le Parti québécois et les indépendantistes, c’est une journée triste pour tout le Québec. Des politiciens sont prêts à dire des mensonges énormes pour gagner des voix, ils réussissent à endormir les médias et à triompher. Philippe Couillard a pu répéter sans riposte qu’il a réussi à assainir les finances publiques et que le Québec peut maintenant dépenser des milliards sans problème. La vérité que tout le monde comprend, on l’a vu le soir de l’élection, c’est que le gouvernement libéral a volontairement coupé beaucoup plus que nécessaire pour se donner une marge de manœuvre en vue des élections.


François Legault n’est pas responsable des coupures faites par les libéraux mais il ne les a pas dénoncées vigoureusement et il a préféré annoncer des milliards de dépenses additionnelles financées à même cet argent volé. Québec Solidaire a pu renchérir avec encore plus de milliards sans scandaliser personne puisque Monsieur Austérité lui-même et Monsieur le Comptable avaient donné l’exemple.


Les milliards annoncés s’appuient sur des prévisions de croissance excessivement optimistes, qui ne respectent même pas le cadre financier remis au Vérificateur général par les libéraux avant la campagne électorale, lequel assumait en outre que tout ce qui avait été démoli n’avait pas à être reconstruit. Ces milliards de dollars en cadeaux ne seront jamais livrés. Au contraire, des baisses d’impôt pour les plus riches et de nouvelles coupures dans les services publics sont attendues.


Le Parti québécois s’est astreint à respecter le cadre financier approuvé, et il y est allé de promesses beaucoup plus raisonnables au total. À quoi bon, le PQ est démodé, aujourd’hui la mode en campagne électorale c’est de jouer au Père Noël avec les fonds publics. Le PQ s’est souvent attiré les foudres des médias en raison de ses dépenses soi-disant excessives et pour toutes les raisons imaginables. Si le PQ avait affiché un nationaliste aussi clair que celui de la CAQ on l’aurait mis à genoux, s’il avait parlé d’aller chercher des milliards en impôts chez les riches, il se serait fait crucifier.


Les forces qui s’opposent à l’indépendance du Québec sont puissantes et combattent le PQ dans l’ombre, sur tous les fronts et sans relâche. On ne voulait plus d’une situation où la seule alternative, quand le parti libéral est mis à la porte, est le Parti québécois. On a soutenu et promu la CAQ avec tous les moyens nécessaires. Un parti pris en faveur des plus riches et un fédéralisme clairement affiché étaient les seuls pré-requis pour François Legault.


Plusieurs se réjouissent ou se consolent à l’idée qu’on a maintenant un parti nationaliste au pouvoir au Québec. Ils seront déçus. Le nationalisme de Legault est d’abord une volonté de soutenir les entrepreneurs d’ici et son volet identitaire est une façade qui était nécessaire pour embouteiller le Parti québécois. Les gens d’affaires qui l’ont supporté veulent le rencontrer rapidement pour parler de pénuries de main-d’œuvre et d’immigration. Ils voient que l’arrivée d’immigrants peut les aider dans leur recrutement mais ils ne voient pas que cela créent encore plus de pénuries de main-d’œuvre dans les écoles, les soins de santés et autres services requis par les nouvelles familles qui s’installent ici. Le chef de l’État devrait être guidé par l’intérêt de la société mais il a un parti pris marqué pour les milieux d’affaires. Il va probablement reculer sur la diminution des seuils annuels d’immigrants.


Aussi, le nationalisme sans projet d’indépendance ne signifie pas grand-chose dans le contexte canadien parce que toutes les initiatives significatives seront bloquées par Ottawa, ce qui est déjà commencé en ce qui a trait aux signes religieux. Il faudra appuyer le Premier ministre tant qu’il se tiendra debout. Cependant, les chicanes avec Ottawa pourraient redonner de la vigueur au projet d’indépendance et c’est pourquoi les commanditaires de M. Legault lui demanderont de plier rapidement.


On pourra le menacer de ressortir des histoires gênantes, ce qui serait assez facile. Il faut lire sur Vigile les articles de Richard Le Hir (6 septembre) et Eric Lauzon (24 septembre) ainsi que mon article en ligne pour comprendre toute la vulnérabilité de M. Legault.


Le parti de Gaétan Châteauneuf a continué de prétendre qu’Il était indépendantiste pour embouteiller aussi à sa façon le Parti québécois. Les solidaires jubilent, ils ne sont plus un parti marginal seulement à Montréal, ils deviennent un parti marginal pour tout le Québec. Les Québécois ne feront pas une révolution marxiste. Il y a quand même quelque chose de très encourageant dans l’intérêt pour la politique que beaucoup de jeunes ont démontré en découvrant Québec solidaire. Il faut peut-être une dose d’idéalisme révolutionnaire pour motiver les jeunes adultes mais on peut s’attendre à ce qu’après quelques années de réflexions la réalité s’impose. Espérons qu’ils ne décrocheront pas. L’issue souhaitable est que la force des nouveaux venus vienne à bout de l’establishment du parti et qu’éventuellement ils découvrent que l’appartenance du Québec au Canada est le principal obstacle à l’instauration d’une société plus juste et plus écologique au Québec. Alors seulement au PQ on pourra penser à un rapprochement avec QS.


Le jour où Québec solidaire militera pour l’indépendance, le jour où la CAQ voudra se battre jusqu’au bout contre le fédéral, ils rencontreront la même muraille virtuelle à laquelle le Parti québécois s’est toujours heurté.


Avec la montée de la CAQ comme alternative fédéraliste au Parti libéral, la stratégie de mettre l’indépendance en veilleuse pour prendre le pouvoir n’est plus à prendre en considération. Le Parti québécois avait de loin le meilleur programme et Jean-François Lisée a mené la meilleure campagne, les dés sont pipés. Il faudra désormais se battre énergiquement et en tout temps pour l’option fondamentale du parti.


L’option indépendantiste n’est pas morte le premier octobre. Il lui reste à trouver un chef aux qualités exceptionnelles pour une mener une bataille victorieuse contre l’argent et des votes ethniques. Pour l’instant, le parti qui peut accueillir ce chef est le Parti québécois. On l’a vu quand Pierre Karl Péladeau s’est présenté au parti comme un pur et dur de l’indépendance, il a été accueilli triomphalement.



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