Le doyen des Communes, le bloquiste Louis Plamondon, a beau avoir piloté avec doigté l’élection du nouveau président de la Chambre, ses collègues des autres partis n’ont pas grand respect pour le parti et, par ricochet, les électeurs qu’il représente.
Un des principaux objectifs du Bloc québécois durant la dernière élection était de faire élire assez de députés pour obtenir le statut de parti officiel aux Communes, avec personnel et budget de recherche à la clé. Le BQ a raté sa cible par deux sièges. Cela ne prive pas ses 10 députés de poser des questions ou d’intervenir dans les débats, mais ils doivent obtenir le consentement unanime de leurs pairs pour répondre à une déclaration d’un ministre ou du premier ministre ou obtenir une voix au sein d’un comité.
Les bloquistes n’étaient plus que deux à la fin du règne conservateur. Ils ont pourtant réussi à obtenir ce consentement unanime pour répondre à certaines déclarations. On soupçonne qu’à l’époque, l’acquiescement de bien des députés était motivé par le désir de laisser la même chance à la chef du Parti vert, Elizabeth May, qui n’avait que deux députés à la dissolution.
Mme May étant à Paris à la conférence des Nations unies sur le climat, des députés libéraux et néodémocrates ont rejeté, lundi, la demande de Rhéal Fortin de répondre au discours du Trône comme les autres chefs des partis d’opposition. Il y a une semaine, le Bloc a essuyé la même fin de non-recevoir quand il a demandé la permission de répondre à une déclaration ministérielle sur le droit d’association des agents de la GRC.
S’étant fait dire que les questions financières seraient discutées après les Fêtes, les bloquistes ont tenté entre-temps de regrouper leurs ressources, une solution rejetée par l’administration parlementaire. Puis la mesquinerie a pris le dessus, les conservateurs et les néodémocrates refusant de partager l’antichambre des Communes réservée aux partis d’opposition.
Ce Parlement devait adopter un nouveau ton, favoriser la participation de TOUS les députés, mettre la pédale douce sur la partisanerie. Les masques sont vite tombés, y compris du côté des libéraux puisqu’ils refusent maintenant de faire une place au Bloc au sein du comité spécial sur l’aide médicale à mourir.
Pour manifester leur mécontentement, les bloquistes ont d’abord refusé le consentement unanime nécessaire au décollage rapide pour finalement l’accorder hier, non pas pour donner raison au gouvernement, mais pour respecter l’importance de l’enjeu. Le leader parlementaire du gouvernement, Dominic LeBlanc, qui avait la veille tenté de faire porter aux bloquistes la responsabilité d’une éventuelle paralysie, ne les a pas remerciés. Avec une malhonnêteté intellectuelle toute partisane, il a invoqué le consentement unanime pour ne pas répondre à leurs demandes d’explications.
Le Bloc ne demande pas un droit de vote sur ce comité, mais uniquement celui d’y prendre la parole. Et ce ne serait pas un précédent. Il est arrivé par le passé que des petits partis soient associés à un comité spécial. Les autres partis font preuve d’une mauvaise foi affligeante dans cette affaire. À preuve, le gouvernement a accepté d’y ajouter un député supplémentaire du NPD (sans droit de vote), mais refuse une requête similaire du Bloc.
Au bout du compte, on aura un comité comptant cinq sénateurs non élus, mais aucun député bloquiste représentant plus de 800 000 Québécois. Un comité qui se penchera sur un enjeu qu’une seule province, le Québec, a étudié à fond. Une province qui a suivi un processus complètement dénué de partisanerie, qu’on cite sans cesse en exemple, mais qu’on n’a pas le courage d’imiter.
Un véritable exercice non partisan aurait exigé que toutes les formations, reconnues ou non, y soient associées, comme à Québec. Elizabeth May a d’ailleurs fait savoir, sur Twitter, qu’elle était d’accord avec le Bloc.
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