Le gouvernement demande à un porte-parole, un étudiant, de condamner les actes de violence d'une certaine minorité étudiante et non-étudiante, soyons clair. En faisant passer Gabriel Nadeau-Dubois pour un irresponsable s'il refuse d'assumer le blâme, le gouvernement, sachant très bien que la violence peut et va continuer s'il ne fait rien, tentera, même après un appel au calme et une condamnation de la CLASSE, de faire la démonstration que les Associations ne sont pas capables d'encadrer et de contrôler leurs membres.
Les étudiants seront donc traités comme des criminels qui violent la sécurité publique et subiront le procès historique des enfants mal élevés (et irresponsables aux volants, pourquoi pas). Autrement dit, si les manifestations violentes continuent même après un appel au calme et une condamnation de la CLASSE, ce qui est fort probable, il en résultera une discrétisation et une déresponsabilisation du mouvement social étudiant.
La morale de cette histoire, faire porter le blâme sur autrui est un jeu dangereux dans un sens comme dans l'autre. On voit aussi très clairement que c'est une guerre d'intérêts : les intérêts du parti Libéral (éviter de plier sous la pression pour ne pas perdre la face comme gouvernement et éviter de participer à alimenter une dynamique de crise sociale grandissante) car les conséquences seront graves électoralement et politiquement, tant pour Jean Charest que pour le Parti Libéral, et les intérêts des étudiants (démontrer la force d'un mouvement social, dénoncer la gestion scolaire et s'inscrire dans une logique de contestation institutionnelle plus grande ex: Cols Rouges, Classe moyenne étouffée, jeunes qui héritent d'un État questionnable à tous points de vue) qui sont clairement d'éviter d'être discrédités dans cette crise, aussi très médiatique, par des évènements déplorables, aussi très alimentés par la manière dont le gouvernement traite cette question et utilise la police. Personne ne veut de casse. Personne n'en a jamais voulu. Vive le sensationnalisme et la mauvaise foi ...
Si les associations étudiantes ne font pas confiance aux élus du peuple, c’est parce que le parti politique qui a investit la sphère gouvernementale de l’État n’a pas démontré suffisamment qu’il prenait moins à cœur ses intérêts particuliers vis-à-vis de l’intérêt public. Nous avons la mémoire courte. La classe moyenne exprimait déjà beaucoup de frustration par rapport aux décisions gouvernementales avant la venue du conflit étudiant. Les Cols Rouge je pense non ? Le Carré Rouge est certainement plus jeune mais il est rouge aussi. Le gouvernement n’a en effet, pas prouvé sa capacité d’analyse sur le dossier. Le Parti Libéral a-t-il démontré à la population du Québec quel intérêt que ce soit pour la réingénierie de l’Éducation ? Et de l’État ? La réingénierie …
Imposer un moratoire sur la hausse des droits de scolarité est certainement une solution insuffisante. Il faut avoir la foi pour croire que le gouvernement va enfin se pencher de bonne foi sur un dossier d’envergure aussi social. Mais cette question étudiante en pose une autre. Les enjeux d’une société touchent différentes personnes, ces enjeux se font concurrence, se complètent, s’additionnent. Lorsque la population du Québec ne se sent pas écoutée par le Parti au pouvoir, elle le fait savoir. Les étudiants ne sont pas plus chialeurs et gâtés que le reste de la population québécoise. La solidarité dans notre civilisation individualisée devient dérisoire et ridiculisée. Il ne faut pas croire que la jeunesse s’en prend à l’État et la démocratie car son adversaire est différent. La stratégie sera de vous faire croire le contraire après vous avoir déjà menti.
Les étudiants seront donc traités comme des criminels
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
16 mai 2012"condamner les actes de violence d’une certaine minorité étudiante et non-étudiante"
Evoquant le nombre des meneurs, vous tombez dans le piège du simplisme. Dans un mouvement de masse, les leaders constituent également une infime minorité. Peut on ne pas comptabiliser leurs actes au compte du mouvement.
Personne n'est responsable de cette violence, individuellement. Pas même le gouvernement. S'il y a violence, c'est aussi parce qu'elle a été souhaitée, suggérée. Les médias y ont contribué en faisant écho de messages suggestifs dans un sens ou dans un autre.
La violence des manifestations est socialement utile. Ceux qui violent lordre établi ne le font pas par caprice ni par envies, ils sont excédés par notre léthargie. C'est leur façon de nous secouer les méninges.
Les penseurs dans nos universités et les fonctionnaires sont payés pour nous éviter ce genre de bourbier. Ils ont eux aussi une part dans ce qui arrive. Et nous qui nous comportons comme des animaux de trait, nous encourageons la violence lorsque nous refusons de questionner l'ordre établi. Pourtant les signaux d'un chao qui nous assiège sont nombreux. Rien qu'à voir le nombre des crises dans moins de 10 ans et la façon qu'elles ont été appréhendées, on ne peut que s'inquiéter.
Je ne vois personne de responsable dans cette crise, je ne verrai personne responsable des débordements qui la caractérisent.