Conflit étudiant - Sommes-nous face à un "mur"?

Les étudiants proposent, le gouvernement dispose

Tribune libre

Après avoir rejeté, mardi après-midi, la première offre du gouvernement qui consistait à réduire l’ampleur de la hausse prévue de 1778 $ sur sept ans d’un montant de 35 $ par année, les étudiants ont déposé une première contre-offre qui respectait les « paramètres » du gouvernement. En fin de soirée mardi, les étudiants ont fait une deuxième contre-offre que Mme Courchesne a qualifiée de « beaucoup moins acceptable pour nous ».
Cette contre-offre des étudiants comprenait un scénario de réduction du crédit d’impôt pour les droits de scolarité de 20 à 16,5 %, solution qui permettrait de dégager quelque 30 millions et qui aurait pour effet de compenser l’annulation de la hausse prévue pour la première année, objectif qui correspond à une demande du gouvernement, à savoir que l’opération se fasse « à coût nul ».
Pourtant, mercredi, à la reprise des négociations, le gouvernement a tenté d’ignorer la seconde contre-offre et a répondu plutôt à la première, ce qui a grandement déçu les étudiants. Par ailleurs, selon des sources fiables, après avoir nié certains des chiffres des étudiants, la partie gouvernementale aurait finalement confirmé que la baisse de quelque 3 % du crédit d’impôt permettrait de récupérer 33,8 millions.
En fin de soirée mercredi, une source gouvernementale soutenait que les étudiants ne «semblaient pas vouloir déroger du gel» des frais de scolarité. À mon sens, le nœud du problème se resserre lorsque les propositions étudiantes visent à récupérer l’équivalent des sommes que représenterait la hausse proposée par le gouvernement via d’autres canaux, alors que le gouvernement s’en tient à proposer des scénarios de solutions tournant autour d’une réduction de la hausse.
Dans les faits, d’une part, les étudiants proposent des pistes de solutions qui respectent les « paramètres » fixés par le gouvernement alors que, d’autre part, celui-ci en fait fi, alléguant que les étudiants « ne semblent pas vouloir déroger du gel des droits de scolarité ».
En réalité, Michelle Courchesne est prise en souricière dans le jeu du gouvernement Charest qui a décrété une « hausse des droits de scolarité » bien ancrée dans le budget Bachand, et, pour ne « pas perdre la face », la ministre doit s’en tenir à des propositions portant sur une réduction de cette hausse. De l’autre côté, les étudiants, que le gouvernement invite depuis des mois à faire des propositions, sont confrontés à un « mur », peu importe les propositions qu’ils déposeront sur la table et ce, même si ces dernières représenteraient une opération « à coût nul ».
À moins d’une ouverture du gouvernement sur des solutions de pistes parallèles qui mettraient fin au conflit, ce dont je doute beaucoup, les étudiants auront beau continuer de proposer, c’est le gouvernement qui, en bout de ligne, disposera.
Henri Marineau
Québec


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Henri Marineau2073 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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2 commentaires

  • Raymond Poulin Répondre

    31 mai 2012

    Au risque de passer pour mauvais joueur, j’affirme que c’était couru d’avance. Jamais Charest et Bachand, entre autres et surtout, n’accepteront de perdre la face. Raison supplémentaire et plus importante: la hausse des frais de scolarité représente un détail dans un plan beaucoup plus ambitieux (dans le mauvais sens du terme) dans la stratégie du gouvernement actuel, mais un détail qui doit faciliter le passage d’autres couleuvres.

  • Jean Lespérance Répondre

    31 mai 2012

    Même si mon article n'a pas été publié, celui qui recommandait aux porte-parole de quitter la table, je persiste à dire que les demandes des étudiants ne sont pas assez élevées. Devant des fous, on doit se montrer encore plus fous. J'avais bien prévenu qu'on leur préparait une salade de pissenlits.
    Devant des imbéciles, la raison n'a aucun effet. Devant des fous, ils ne comprennent que ceux qui sont encore plus fous.
    Le gouvernement se sert du tribunal des fous, les étudiants doivent se servir du peuple comme tribunal.
    Que les banques et les institutions financières payent, point final.
    Une taxe sur le capital, ce n'est pas assez.
    Comme les banques n'investissent pas dans l'économie, ça ne fera pas de tort à l'économie.