Révision de la réforme

Les enseignants auraient souhaité des actions plus radicales

Éducation au Québec — effondrement du système


Les enseignants se sont immédiatement dissociés du rapport produit hier par le ministère de l'Éducation sur la réforme, le jugeant «complaisant» et «biaisé». À travers les «lunettes roses» du ministère, les effets de la réforme ont été «minimisés», a indiqué la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE-CSQ), qui a milité sans succès pour un examen des fondements de la réforme.
Le syndicat d'enseignants a vivement réagi hier à la publication d'un rapport sur la réforme et d'une série de recommandations pour la redresser. «Le traitement des données et le manque de rigueur dans l'analyse du rapport nous dérangent fortement, et c'est pour cela que nous nous dissocions de ses conclusions», a expliqué hier la présidente de la FSE, Johanne Fortier. La FSE siège à la table de pilotage sur le renouveau pédagogique mais affirme que devant l'ensemble des membres, ses réserves n'ont pas été retenues.
Le syndicat reconnaît l'intérêt des données dévoilées hier (voir autre texte en une) mais réfute l'analyse qu'en fait le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport (MELS). Le rapport «gomme et atténue les impacts négatifs de la réforme sur la réussite des élèves» et «minimise le plus possible la baisse des résultats», selon la FSE.
Outre les 12 recommandations dévoilées hier, la FSE en avait proposé quatre, qui n'ont pas reçu la bénédiction des autres membres. Remettre en cause la philosophie soutenant la réforme, surseoir à l'évaluation des compétences et au développement de la réforme pendant cette analyse et enfin créer un mécanisme indépendant de suivi de la réforme constituaient leurs demandes additionnelles.
«Le ministère est juge et partie dans l'analyse de la réforme, et il me semble que cela devrait tout de suite nous indiquer qu'il y a un problème», note Mme Fortier, qui dénonce la «mainmise» du MELS sur le traitement des données.
Les parents ont quant à eux accueilli avec un soupir de soulagement la volonté d'agir du ministère. «C'est un premier constat qui est fait et sur lequel on agit tout de suite, et je pense que les parents vont être rassurés de voir que quelque chose se fait enfin», a expliqué Diane Miron, présidente de la Fédération des comités de parents du Québec. «Les éléments identifiés sont porteurs, mais il faut voir que ce n'est pas final et que d'autres recommandations vont sûrement suivre.»
Pour le président de la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ), André Caron, la rapidité d'action du ministre Jean-Marc Fournier et son ouverture à apporter les correctifs nécessaires sont à souligner. «Nous avons toujours dit qu'il y aurait des ajustements à apporter pour corriger des lacunes», note M. Caron, qui estime qu'il «faut en prendre et en laisser quand on sait que pour certains enseignants, peu importe ce qu'on leur demande, si c'est à propos de la réforme, ce sera toujours mauvais».
La sévérité des constats du rapport n'ébranle pas le président de la FCSQ, qui croit qu'il «y a sûrement d'autres facteurs à prendre en compte que la réforme». «Nous avons adopté la bonne attitude. On dit: trouvez-moi le bobo, faites-moi un diagnostic et trouvez-moi un remède. Si l'aspirine n'est pas assez forte, on prendra du Tylenol!»
Quant au président sortant du Conseil supérieur de l'éducation, Jean-Pierre Proulx, il a appris hier que son organisme aura à démêler une portion des ratés de la réforme. «Nous avions déjà conclu dans un précédent avis que l'implantation de la réforme au primaire serait difficile mais réalisable», a expliqué hier M. Proulx, précisant que le fait que le ministre demande un avis sur une question d'éducation précise relève de l'exception, quoique cela ait déjà été fait. «Nous allons nous préparer pour donner suite à ce mandat.»


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