Les dangereux insignifiants

Tribune libre

Mathieu Bock-Côté a les idées claires. Il est un des personnages publics les plus intéressants à lire même si quelques fois certaines critiques à son endroit sont légitimes. Dans son dernier texte « La révolution canadienne », Bock-Côté met le doigt sur ce que j’appelle l’essentiel, le conditionnement des enracinés que nous sommes, qui en viennent à se considérer inférieurs, inaptes à oser prendre des décisions sur leur propre avenir, de véritables étrangers chez eux. Le Québec est divisé depuis longtemps et les forces ennemies le fractionnent toujours de plus en plus. Le plus con est que beaucoup de gens tombent dans la facilité et se mettent à se manger entre eux, à « combattre le petit chien dans le salon tout en y laissant se vautrer l’éléphant ».
Bock-Côté dit : « Il nous faut nous délivrer de la camisole mentale et constitutionnelle que Trudeau nous a imposée. Et nous rappeler comment on nous a mis sous tutelle. Un pays qui oublie son histoire ne cesse pas de la subir. Il cesse tout simplement de comprendre son présent. Les souverainistes doivent attaquer les fondements du régime de 1982. Et multiplier les lois nécessaires à notre survie. »
Le BQ, quand il existait encore, aurait dû s’atteler principalement à cette tâche, confronter le Droit canadian, attaquer encore et toujours cette Constitution illégitime, plutôt cette Constitution nulle comme le démontre clairement M. Louis Lapointe dans son dernier texte « La constitution canadienne est nulle ». Il faut mettre dans la face des agresseurs leur coup d’État de 1982, toujours revenir là-dessus sans relâche. Dans un monde idéal le bon-ententisme peut être de mise mais ici au Canada, une guerre sourde achève de nous tuer, on ne peut pas faire comme si toutes les chances étaient égales et tout le monde parfaitement honnête. On cherche à nous anéantir, nous anéantir gentiment peut-être, mais nous anéantir tout de même.
Le PQ lui, est pathétique et désespérant. Il est loin de ces considérations, personne dans ce parti, manifestement, ne comprend l’importance de ce qui se joue. Personne au PQ ne parle jamais de notre amenuisement à tous les plans, du laminage de notre conscience nationale. Ce sont des professionnels de la politique, comme Mme Marois, ils se font forts de durer, c’est là le summum de leurs qualités ! Ils ne voient pas clairs alors ils font toujours des châteaux de sable sur la plage.
Voyons que jamais dans l’histoire récente nous n’avons eu 2 chefs aussi insignifiants, Charest et Marois, se disputant le pouvoir. Plus que jamais les gens qui voteront le feront pour le moins pire. Et peu importe le résultat soyez-en assurés, outre quelques petits changement cosmétiques, les choses continueront comme avant.
Le PQ ne voit pas ce conditionnement bien réel, nos élites ne comprennent pas que c’est le cœur du mal qui nous ronge, et ils finissent par devenir nos ennemis objectifs. On peut haïr nos ennemis déclarés mais imaginez le sentiment que j’ai face aux irresponsables qui veulent diriger le Québec sans jamais aborder l’essentiel des choses, sans faire face à l’ennemi en assurant qu’il n’existe pas.
Ce comportement est pire, à mon sens, que l’action hostile des ennemis. Pire à cause de toute la charge de l’irresponsabilité. Leur nonchalance et leur naïveté nous précipitent à la mort. C’est pire que d’être sans chef, sans mouvement organisé.
Quand nos chefs agissent ainsi et entrainent les militants, même des gens d’expérience qui en ont vu d’autres, je désespère, j’y vois la contamination des esprits qui accélèrent leur propre mort. Il faut réagir, il ne faut pas laisser faire cela. Se fermer les yeux et prendre le pouvoir sans voir plus loin, c’est participer à ce conditionnement destructeur, ce suicide inconscient.
Il y a beaucoup de gens de gauche qui sont dans cet état, ce déni du conditionnement, cette perspective incomplète de la réalité, il y en a beaucoup, et il y a aussi beaucoup de gens de droite. Pour vous convaincre de l’intelligence de Bock-Côté, lisez encore son texte « L’homme nu et l’héritier ».
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Je termine en proposant 2 autres textes de M. Bock-Côté qui, au sujet de la langue, illustrent bien les ravages du conditionnement que nous subissons depuis toujours.
« Full bilingue ! », et « Sois bilingue ou ferme ta gueule ».
Mais fiston n’est pas parfaitement bilingue ? Scandale ! On croit que son fils sera mieux préparé à vivre sa vie s’il peut bosser dans n’importe quel Starbuck de la planète et suivre le rythme de la pop culture mondialisée. Prolétaire partout plutôt que maître chez lui !
Le bilinguisme est devenu un fantasme. Évidemment, connaître plus d’une langue, c’est merveilleux. Mais les Québécois ne se veulent pas polyglottes. Mais bilingues de naissance. Ils veulent deux langues maternelles.
Dans notre Québec qui ne s’aime pas, on veut même punir les unilingues. Comme s’il était désormais normal de se dédoubler au quotidien. Comme si partout sur terre, l’immense majorité des gens ne vivaient pas leur vie dans leur langue maternelle.
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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    18 avril 2012

    Merci M. Gignac de votre commentaire. Je pense tout ce que je dis dans ce texte mais en même temps, comme je ne fais que me répéter, je regrette un peu ce coup d'épée dans l'eau. Je suis certain qu'il ne convainc personne, je ne crois pas avoir fait réfléchir ou douter quiconque ici. Il faut connaitre les subtilités de mon discours sur Vigile pour comprendre que je ne suis pas qu'une grosse brute frustrée. En fait j'ai saisi l'occasion des textes récents de M. Bock-Côté pour appuyer ce que je dis depuis longtemps.
    Quand Mme Marois, devenue Première Ministre, devra choisir entre le peuple majoritaire et les intérêts financiers des puissants, on comprendra peut-être enfin les limites de sa vision des choses. On réalisera alors, et encore, les années perdues. Il y a un point de non retour démographique et c'est pour ça que je parle d'irresponsabilité.
    Vous dites "C’est au peuple québécois de se prendre en main avec rien de moins qu’une révolution puisque toutes les issues présentes sont bloquées." Je répète que notre malheur est que nos élites contrôlent toujours le mouvement et le font tourner en rond, empêchant l'émergence de l'esprit révolutionnaire. Objectivement, ils s'assurent que la population ne se soulève pas, ils empêchent la révolution nécessaire.
    Je voudrais rectifier : dans mon texte je fais référence au texte "la constitution est nulle", de M. Louis Côté, mais je dis plutôt, erronément, que l'auteur est M. Louis Laplante.

  • Archives de Vigile Répondre

    18 avril 2012

    Monsieur Bouchard
    Félicitations pour votre texte que j'ai bien apprécié! Depuis 30 ans que le Québec devrait être indépendant et avoir sa propre constitution comme tous les pays normaux de cette planète si Lévesque s'était tenu debout face au Canada de Trudeau. 30 années à tourner ( à"spinner") dans le vide, incroyable! Je me répète: le Québec a été trahi par sa classe politique qui n'en a que pour le système fédéraliste "canadian", pour les avantages carriéristes qu'il lui procure et pour l'oligarchie dominante; ça fonctionne ainsi depuis 1759. Une classe politique de putes, de vendus, de traîtres à la nation québécoise, rien de moins!

    La seule solution envisageable pour le Québec, c'est une déclaration unilatérale d'indépendance suivie de la rédaction d'une constitution québécoise à être approuvée et ratifiée par le peuple québécois. C'est du grand rêve en couleur puisqu'actuellement, il n'y a aucun parti politique digne de ce nom qui peut l'accomplir sauf l'ON mais dans un temps indéterminé. Ne pas oublier que le temps joue en plus, contre nous, avec l'immigration massive et l'assimilation rapide dont nous commençons à voir les effets pervers sans oublier tous les médias qui sont fédéralistes et ligués contre nous. C'est au peuple québécois de se prendre en main avec rien de moins qu'une révolution puisque toutes les issues présentes sont bloquées.
    André Gignac l8/4/12