Les chances de succès de Marine Le Pen en hausse

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Un mouvement perceptible même du Québec

Le second tour de l’élection présidentielle se présente de mieux en mieux pour Marine Le Pen. Il y a à cela des raisons.

D’abord le fait que le premier n’avait pas été, pour elle, si mauvais qu’on l’a dit. Si Macron apparaît largement en tête, c’est par la conjonction, relativement fortuite, de deux événements. La chute plus grande que prévue de Hamon, descendu à 6,36 %. Le succès relatif des candidats souverainistes indépendants : Dupont-Aignan (4,7 %), Jean Lassalle (1,21 %), Asselineau (0,92 %), Cheminade (0,18 %), soit au total 7,01 %.


Imaginons que, au contraire, les petits candidats souverainistes n’aient pas été là et que le candidat socialiste ait tenu la ligne des 10 % : Marine Le Pen aurait été à 28,31 % et Macron à 20,37 % (en faisant des additions nécessairement simplificatrices) sans qu’il y ait, quant au fond, de changement du rapport de force global droite/gauche.


10 % pour le candidat du PS, cela aurait déjà été un grave revers. Que près de 4 % des électeurs socialistes aient basculé de Hamon à Macron au dernier moment échappait complètement au contrôle des candidats de droite.


Non seulement de Marine Le Pen, mais aussi de François Fillon : un point de plus retenu par Hamon (soit 11 %) et Fillon se serait même retrouvé au second tour ! Parler de défaite retentissante à son sujet est donc exagéré. Dans un contexte national et européen d’effondrement des partis de gouvernement, Les Républicains s’en sont même bien mieux tirés que les socialistes. Imputer l’échec de Fillon à Sens commun est absurde. Le ralliement à Macron d’électeurs du centre a précédé de beaucoup l’intervention de ce mouvement, d’ailleurs très exagérée. C’est à gauche que, dans la dernière ligne droite, Macron a gonflé son score, par la volonté de Hollande et de son entourage. On peut même dire que, compte tenu de tout ce qui lui a été infligé, atteindre les 20 % n’était pas si mal pour Fillon. Chirac avait fait moins que lui au premier tour de 1995.


D’une certaine manière, en n’étant pas en pole position, Marine Le Pen amortit le mouvement « Tout sauf Marine ». L’attention se concentre davantage sur Macron, ce qui est une chance pour elle.


Or, Macron a une grande faiblesse : le seul réservoir de voix qui lui soit assuré (et encore) est celui de Hamon. Les électeurs de Mélenchon et ceux de Fillon sont bien peu motivés pour se rallier à lui. D’avoir, par une audacieuse anticipation, fêté sa victoire finale le soir du premier tour avec la jet-society n’a rien arrangé.


Avec le ralliement de Nicolas Dupont-Aignan, la base de Marine Le Pen s’élargit au contraire d’un apport solide, complété par celui des « petits » candidats.


Ainsi, pour le second tour, le résultat est plus serré qu’on ne pense : Macron + Hamon + ¼ de Fillon + ¼ de Mélenchon + Arthaud = 40,91 %. Le Pen + NDA, Lassalle, Asselineau, Cheminade + 50 % Fillon + 10 % Mélenchon = 40, 21 %. Ce calcul repose sur des hypothèses qu’on peut juger optimistes mais il n’est pas invraisemblable. En définitive, comme en 2012, gagnera celui qui sera le moins rejeté.


Le silence pesant de Mélenchon laisse supposer qu’une partie de ses voix manqueront à Macron. Les jeunes en recherche de radicalité que le brillant tribun de la France insoumise a attirés dans les derniers jours de la campagne au point d’approcher, lui aussi, les 20 % semblent plutôt attirés par Marine Le Pen. Les vieux de la vieille de l’extrême gauche, dressés à l’« antifascisme », n’iront pas jusque-là mais ils ne sont pas pour autant complètement idiots : comment ne verraient-ils pas que le candidat de Goldman Sachs est, pour eux, aux antipodes ? Combien de mélenchonistes s’abstiendront est une variable cruciale. Les contorsions sociales de dernière minute n’y changeront rien : ils suivront leur propre logique.


Ce n’est pas le cas de l’électorat de Fillon, qui est, lui, le champ de bataille décisif. D’avoir échappé à la tentation Macron au premier tour montre qu’ils ne sont pas modérément à droite. Ils comprendront assez vite, surtout si on le leur dit clairement, que le centre de la machination contre Fillon qui les a tant perturbés n’était autre que Macron lui-même et sa garde rapprochée.


L’expérience de terrain montre que, par le bouche-à-oreille, ils virent facilement d’Emmanuel Macron à Marine Le Pen, dont ils partagent – les sondages le montrent – à peu près toutes les idées (hors de l’Ouest parisien, où l’attachement à l’euro est fort). Les piteux ralliements des chefs républicains à Macron les ont largement privés de leur autorité sur leurs troupes. Au total, 90 % des électeurs de Fillon peuvent basculer vers Marine Le Pen dans les derniers jours, pour peu qu’ils soient travaillés au corps à cet effet. Or, il semble bien que beaucoup de militants, issus de LR, s’en chargent.



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