Les appuis de Martine Ouellet s’effritent encore

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Elle va finir tout seule ?

Les appuis de Martine Ouellet à la tête du Bloc québécois continuent de s’étioler. Non seulement Mario Beaulieu a-t-il abandonné Martine Ouellet, mais des membres de l’exécutif du parti — jusqu’à présent fidèles à la chef du Bloc québécois — sont à leur tour en train de lui retirer leur appui.


Selon nos informations, la présidente du Forum jeunesse du Bloc québécois et ancienne attachée de presse de la chef bloquiste, Camille Goyette-Gingras, s’apprêterait à abandonner Mme Ouellet. Mme Goyette-Gingras n’a pas répondu aux questions précises du Devoir en ce sens vendredi.


Quant à Mario Beaulieu — allié indéfectible de Martine Ouellet depuis la première heure et président du parti —, il lui a déjà carrément demandé sa démission dimanche dernier.


Un troisième membre du Bureau national du Bloc — sorte d’exécutif du parti — a également demandé à la chef de quitter son poste et de se présenter à sa propre succession. L’idée serait de créer une course à la chefferie qui compterait plus d’un seul candidat. Si Mme Ouellet l’emportait, cela ferait taire les critiques, explique une source en coulisses.


Un autre membre du Bureau national continue au contraire d’appuyer Mme Ouellet. « Martine, elle représente toujours officiellement le parti, assure William Fayad. Tant que je ne vois pas qu’elle a fait une gaffe, que toujours elle défend le parti, le programme et les statuts, je n’ai rien contre. »


Le trésorier du Bureau national, Jules Gagné, soutient encore Martine Ouellet lui aussi. Mais il craint qu’avec son désaveu, Mario Beaulieu soit « en train de lui donner son coup de mort […]. Parce que si Mario [Beaulieu] s’en va, il y a peu de chances que Martine [Ouellet] puisse passer à travers ».


M. Beaulieu a recruté bon nombre des présidents d’association de circonscription, note M. Gagné, et ceux-ci risquent de le suivre s’il abandonne la chef. « La légitimité de Martine Ouellet va être beaucoup moins forte. »


M. Gagné reste loyal à Mme Ouellet pour l’instant. Il attend de voir si l’appel, rendu public vendredi, de 29 associations de circonscription demandant la tenue d’un vote de confiance d’ici le 15 mai provient bel et bien des exécutifs en entier et pas seulement de leurs présidents. Si tel est le cas, « ça va peut-être être un peu trop pour que je reste », a-t-il reconnu.


« Je n’ai pas envie de travailler pour la moitié du parti. J’avais l’impression qu’il en restait au moins les trois quarts. »


Militants furieux


Un autre membre du Bureau national est le président de l’association bloquiste de Louis-Hébert, Benoît Lemieux. Il avait signé la lettre d’appui à Martine Ouellet, il y a deux semaines. Or, une source a confié au Devoir que les militants de la circonscription étaient furieux de cette prise de position et auraient réclamé une assemblée générale spéciale pour le rappeler à l’ordre.


Le Bureau national compte 13 postes, dont un qui est présentement vacant. Une rencontre est prévue samedi à Montréal.


Le leadership de Martine Ouellet a été critiqué par les sept députés qui ont quitté le caucus bloquiste il y a trois semaines. Devant les critiques qui s’accumulaient, Mme Ouellet a accepté de se soumettre à un vote de confiance devancé dont la date n’a pas encore été fixée.


Sortant de son mutisme vendredi soir, Mme Ouellet n’a donné aucun signe qu’elle avait l’intention de quitter ses fonctions. Elle a publié une lettre sur son compte Facebook dans laquelle elle réitère son intention de parler d’indépendance chaque fois que le Bloc québécois se prononce sur la place publique.


« L’indépendance, il faut en parler tout le temps, tous les jours, sur toutes les tribunes, de toutes les façons. »


Mise en demeure expliquée


Par ailleurs, l’avocat de Mme Ouellet, Guy Bertrand, a tenu une conférence de presse à Québec pour dévoiler la teneur de la mise en demeure qui a été envoyée à l’émission La joute pour son segment du 8 mars dernier. On y reproche aux quatre panélistes d’avoir « tous choisi sans nuance aucune de [s’en] prendre pendant six minutes à la personne de madame Martine Ouellet ».


L’avocat accuse le panel d’avoir soutenu que la chef bloquiste était « malhonnête ». Le panel déplorait que le Bloc québécois ait décidé de tenir un référendum pour confirmer la mission du parti, mais ait refusé d’interroger aussi les membres sur le leadership de Mme Ouellet. Depuis, le parti a changé d’avis et a accepté de poser cette seconde question.


« C’est malhonnête, c’est malhonnête », avait dit notamment Caroline St-Hilaire. Bernard Drainville avait soutenu que « c’est sûr que la question qui va être posée va être écrite pour qu’elle obtienne ce qu’elle veut. Elle va être rédigée pour obtenir le résultat qu’elle souhaite ».


« Nous n’entretenons aucun doute à l’effet que le téléspectateur raisonnable qui aurait regardé cette partie de l’émission La joute et écouté vos propos comprendrait que notre cliente est une femme malhonnête qui est prête à tout pour arriver à ses fins, y compris à utiliser des manoeuvres douteuses », écrit Me Bertrand.


Cette émission, écrit-il, « constitue un acte diffamatoire ». « Les insinuations étaient de nature à nuire à la réputation, à l’honneur et à la dignité de notre cliente en l’exposant notamment à la haine, au mépris ou au ridicule, ou destinées à outrager ou offenser sa personne. » L’échange entre les panélistes « a causé des dommages et des inconvénients de toutes sortes à notre cliente et sa famille tout entière, notamment à ses deux enfants et à sa mère ».


En conférence de presse, Me Bertrand a rappelé que « l’honnêteté pour un politicien, et particulièrement pour un chef de parti, c’est le socle, c’est la base, la pierre angulaire de toute sa carrière politique ». 


> La suite sur Le Devoir.



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