Les amateurs du Bloc

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La décomposition du Bloc était-elle inévitable ?

On le sent depuis quelques mois, Justin Trudeau est fragilisé.


En fait, on le sent depuis son voyage en Inde. La superstar canadienne de la politique mondiale s’est ridiculisée devant la planète, en confondant un voyage diplomatique sérieux avec une visite au carnaval, au point même d’insulter ceux qui l’accueillaient. Les Canadiens ont eu honte de lui, et les Québécois aussi.


Opposition


De même, la soumission ostentatoire du premier ministre fédéral au politiquement correct en exaspère plusieurs, comme on l’a vu lorsque Service Canada a annoncé ne plus vouloir utiliser les mots monsieur ou madame pour s’adresser spontanément à la population. Dans le même esprit, la gestion calamiteuse de la crise des immigrés illégaux à la frontière exaspère la population, qui n’apprécie pas particulièrement qu’on triche quand vient le temps d’entrer au pays.


Tout cela pour dire que le gouvernement Trudeau est fragilisé. Il l’est au Canada anglais, où les conservateurs sont en meilleure position que les libéraux dans les sondages.


Il pourrait l’être aussi au Québec. Sauf qu’ici, l’opposition est impuissante. Le Parti conservateur demeure, pour les Québécois, le parti du Canada anglais. Quant au NPD, sa percée au Québec était surtout celle de Jack Layton et, dans une moindre mesure, de Thomas Mulcair. Son nouveau chef, Jagmeet Singh, ne connecte pas avec la population.


Reste le Bloc, le parti nationaliste québécois qui a dominé la politique fédérale au Québec de 1993 à 2011. Il est en crise depuis, mais il demeurait un recours. Personne ne l’imaginait retrouver sa puissance d’antan. Mais il aurait pu retrouver une vraie vigueur politique au Québec et devenir la principale force d’opposition à Justin Trudeau.


Mais c’était sans compter sur la médiocrité absolue de ceux qui le dirigent et l’animent. La comédie débile de série Z que nous offrent les bloquistes depuis plusieurs semaines déjà a de quoi faire honte à tous les souverainistes québécois.


D’un côté, on trouve Martine Ouellet, qui préfère régner seule dans son petit royaume imaginaire plutôt que de constater qu’elle n’a manifestement pas la trempe d’une chef de parti et que l’heure de quitter la direction du Bloc est venue.


De l’autre, on trouve des députés démissionnaires qui ne semblent pas comprendre qu’en faisant éclater le Bloc, ils font passer tous les souverainistes pour une bande de ploucs querelleurs.


Absurde


Faut-il vraiment choisir entre la promotion de l’indépendance et la défense des intérêts du Québec ? Croient-ils vraiment que les deux soient inconcevables ? Sont-ils à ce point incapables de penser la critique du régime canadien ?


Maintenant, ils se sépareront. Il y aura deux partis « souverainistes » à Ottawa. Ils se chamailleront pour savoir lequel des deux est le vrai représentant du nationalisme. Dans leur bulle idéologique, à l’abri du réel, ils joueront à la guerre civile idéologique et se disputeront la couleur bleue. C’est ainsi qu’un mouvement politique se décompose et meurt : dans une farce grotesque, ridicule et absurde.


C’est minable.