Les Allemands de plus en plus islamophobes

Multiculturalisme - subversion intégrale! - 2





Yannick Pasquet, Agence France-Presse Berlin - En plein débat enflammé sur l'intégration des étrangers, l'islam paraît de plus en plus rejeté par les Allemands chez qui les idées racistes gagnent du terrain, selon une étude présentée mercredi.
Plus de la moitié des Allemands (58,4%) estiment qu'il faut considérablement restreindre la pratique du culte musulman en Allemagne, d'après cette étude intitulée «Crise dans l'Allemagne moyenne» publiée par la Fondation Friedrich-Ebert, proche du Parti social-démocrate (SPD, opposition).
Quelque 55,4% des personnes interrogées disent en outre comprendre que, «pour certaines personnes, les Arabes soient désagréables». Plus généralement, 34,3% pensent que les étrangers ne viennent en Allemagne que pour profiter des prestations sociales.
«En 2010, on assiste à une augmentation significative des prises de position antidémocratiques et racistes», a souligné l'un des auteurs de l'étude, Oliver Decker, à l'occasion d'une présentation à Berlin. La raison principale tient dans la crise économique et financière de 2008, assurent les rédacteurs de cette étude réalisée auprès de quelque 2400 personnes âgées de 14 à 90 ans en avril.
Ils sont d'ailleurs 31,7% à affirmer qu'en cas de situation tendue sur le marché de l'emploi, on devrait renvoyer les étrangers chez eux.
«On assiste toutefois à un changement», a expliqué un autre des co-auteurs, Elmar Brähler. «Après le 11 septembre, c'étaient les Arabes qui représentaient un danger et tout à coup aujourd'hui ce sont les Turcs» (ils sont 2,5 millions en Allemagne).
L'islamophobie et le racisme sont loin de concerner les extrêmes politiques, a souligné Nora Langenbacher, de la Fondation Friedrich-Ebert. «L'extrémisme de droite n'est pas un phénomène «en marge» de la société», a-t-elle martelé. «Bien au contraire, il est préoccupant de constater des prises de position d'extrême droite dans les couches médianes de la société: à l'est et à l'ouest, dans toutes les tranches d'âge (...), chez les femmes et les hommes».
Le débat sur l'intégration des quelque quatre millions de musulmans -dont 45% ont la nationalité allemande- a tourné à la polémique depuis la publication fin août d'un brûlot anti-islam rédigé par un dirigeant de la banque centrale allemande, qui a depuis démissionné, également responsable du SPD.
Dans ce pamphlet, gros succès de librairie, Thilo Sarrazin dénonce notamment le déclin de l'Allemagne qu'il voit «s'abêtir» sous le poids des immigrés musulmans. Il avait déjà auparavant montré du doigt les musulmans vivant à Berlin qui selon lui ne sont que des «vendeurs de fruits et légumes» et «produisant des petites filles portant le voile».
Vilipendé par les responsables politiques, à commencer par la chancelière Angela Merkel, Thilo Sarrazin a reçu le soutien d'une majorité d'Allemands. Sur une population totale de 82 millions d'habitants, environ 16 millions sont des immigrés ou d'origine étrangère.
À l'inverse, le président fédéral Christian Wulff, membre de l'Union démocrate-chrétienne (CDU), a été attaqué par les milieux conservateurs pour avoir affirmé au début du mois que l'islam faisait désormais aussi partie de l'Allemagne.
Depuis la guerre, l'extrême droite est marginalisée en Allemagne. Le parti néo-nazi NPD n'a jamais réussi à envoyer de députés à la Bundestag bien qu'il soit parvenu, ces dernières années, à s'ancrer dans le paysage politique de certaines régions d'ex-RDA frappées par le chômage.
Selon cette même étude, 23,6% des personnes interrogées jugent que «l'Allemagne a besoin d'un parti fort». Et 13,2% des Allemands assurent qu'il lui faudrait «un Führer» pour la diriger.


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