Les affaires et la politique

Tribune libre

Un homme d'affaires de Montréal a prêté 200,000$ à Stéphane Dion, de glorieuse réputation, pour qu'il se présente à la direction du Part libéral du Canada. En conséquence de quoi, le candidat Dion est devenu le plus endetté des candidats à la chefferie libérale. La question qui se pose n'est pas de savoir comment il pourra rembourser cette somme, mais de savoir qui est ce généreux souteneur.
Rappelons-nous que ce cher Dion partait en dernière place dans la course partisane, il n'y a pas si longtemps. Mais comme les choses changent, il faut s'interroger sur qui est celui qui accepte et peut risquer autant d'argent sur un candidat dont le charisme est aussi fort qu'un pot de chambre de porcelaine anglaise. En une phrase comme en plusieurs, qui peut penser avoir la chance de récupérer un tel prêt auprès des Libéraux des autres provinces, principalement ceux de l'Ontario, avec un candidat professeur d'une université francophone, une fois de plus.
La question peut sembler tordue, mais la réponse est facile. Seul le « faiseur de rois » franco-canadian, qu'est Paule Desmarais de Power Corp, peut prendre ce pari. Et le plus étonnant c'est qu'il va probablement gagner cette gageure à cause de ses relations partisanes, de son influence dans le monde la finance et de son flaire politique en terrain anglophone. Toujours sûr de lui-même, il se sait capable d'imposer un quatrième leader au PLC provenant du Québec parce qu'il fournit la caution au reste du Canada de la docilité et de la complaisance de son poulain. Qu'est-ce qu'il y a de mieux qu'un Québécois pour mâter le Québec? L'argument est toujours convaincant chez les anglophones, même chez ceux d'ici.

Paul Desmarais a fait ses preuves comme recruteur de premiers ministres, autant sur la scène fédérale que provinciale, depuis qu'il fait dans la politique, soit depuis que ses revenus rentrent facilement avec ses placements dans les assurances et les banques. Son principal passe-temps est devenu celui d'intriguer et d'acheter des appuis politiques à ses favoris.
Au Fédéral, les Chrétien et Martin ont bénéficié de ses faveurs, au Québec les Johnson et Charest ont été choyés. Le père Desmarais jette maintenant son dévolu sur Dion, ce cher inventeur de la parade à une souveraineté québécoise avec le concept de la clarté référendaire. Ce dernier a choisi de faire simple alors que tout le monde se cassait la tête sur le problème péquiste. Il n'y avait qu'à hausser l'appui populaire nécessaire pour rendre la chose plus difficile.
Facile, on fait voter le Parlement visé par la séparation du Québec en faveur d'une loi qui dénie une règle démocratique vieille de plus 200 ans puisqu'elle est née des révolutions américaine et française. C'est ainsi qu'une institution démocratique dessert la démocratie et qu'elle viole le droit d'un peuple à disposer de ses institutions politiques.
Avouez que le coup était superbe et que Paul Desmarais avait raison d'admirer l'astuce. Et c'est ainsi que le Stéphane est entré dans l'écurie de Power Corporation pour rejoindre les nombreux autres coureurs (runners) à des postes de haut niveau dans les arcanes politiques.
Notre riche maître du pouvoir de l'ombre sait qu'il faut des chantres du libéralisme à outrance pour justifier des programmes politiques qui mettent en avant le rôle de l'entreprise privée dans la poursuite du bonheur du peuple. C'est pourquoi il alimente de ses deniers l'Institut économique de Montréal et suscite même des groupes de réflexion qui gagnent la participation d'un Lucien Bouchard. Celui-ci, tout à coup, trouve des vertus à la santé des riches et aux casinos des pauvres. Toutes ces initiatives rentrent dans sa préoccupation de défendre les intérêts du grand capital et de détourner la démocratie au profit des possédants. Ah! Le pouvoir de l'argent.
Pour revenir au financement de la campagne de Stéphane Dion à la direction du PLC, on peut dire que Paul Desmarais est vraiment devenu une « faiseur de rois nègres ».
Gilles Néron
_ Québec


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