Les 5 recommandations du shérif de Wall Street

Crise mondiale — crise financière

Vincent Brousseau-Pouliot - Pendant longtemps, Eliot Spitzer était l'ennemi numéro un de Wall Street. Procureur général de l'État de New York, il s'est particulièrement intéressé aux pratiques de la haute finance. Une croisade qui lui a valu le surnom de shérif de Wall Street. Un an après la crise, Eliot Spitzer nous fait part de ses cinq recommandations pour les banques américaines.
1) Scinder les grandes banques
Trop gros pour tomber. C'était l'adage de Wall Street jusqu'au 15 septembre 2008, jour de la faillite de Lehman Brothers. Comme la règle ne tient plus, il ne faut pas se priver pour scinder certaines grandes banques dont Citibank, selon Eliot Spitzer. «Il y a plusieurs façons de faire, dit-il. On peut faire augmenter les réserves de capitaux dans les grandes institutions financières, de sorte qu'elles deviendront moins rentables et qu'elles finiront par se scinder. On peut aussi les taxer différemment, ou réglementer leurs secteurs d'activités ou leur expansion géographique.»

2) Augmenter les réserves de capitaux

Ce fut le talon d'Achille des banques mal capitalisées, qui furent incapables de faire face à la crise financière sans aide gouvernementale. La solution est simple: augmenter les réserves de capitaux dans les institutions financières, ce qui réduira l'effet de levier. «Nos institutions financières ont trop utilisé l'effet de levier, dit Eliot Spitzer. Ça ne doit plus se reproduire. Quand l'économie et les marchés allaient bien, l'effet de levier était une chose merveilleuse. Personne ne perdait d'argent avec ça. Mais dans un marché en baisse, l'utilisation de l'effet de levier a créé un désastre.»

3) S'attaquer à la rémunération des dirigeants

Pour Eliot Spitzer, le problème n'est pas tant que les banquiers new-yorkais gagnent trop d'argent. C'est que leur contrat les encourage à prendre trop de risques. «Il y a une asymétrie dans le système de rémunération des dirigeants entre la récompense de bons résultats et la punition de résultats décevants, dit-il. Cette asymétrie génère une tolérance au risque qui n'est pas saine pour l'économie.» S'il est sceptique en raison de l'ampleur de la tâche, Eliot Spitzer suggère de forcer les dirigeants de banque à encaisser leurs options sur plusieurs années et de calculer le prix des options en tenant compte de la performance de l'entreprise sur plusieurs années.

4) Avoir une vraie police du risque

Le plan Obama prévoit deux polices du risque: la Réserve fédérale et la nouvelle agence fédérale de protection financière des consommateurs. S'il est méfiant à l'égard de la Fed, Eliot Spitzer est d'accord sur le principe. «Vous devez avoir une entité réglementaire qui gère le niveau de risque sur les marchés, dit-il. Il devrait y avoir quelqu'un qui dit: «Attendez un instant, je comprends que chaque transaction fait du sens pour les parties impliquées, mais l'ensemble des transactions fait en sorte qu'il y a trop de risques sur les marchés.»

5) Recentrer la mission des banques

S'il n'en tenait qu'à Eliot Spitzer, fini les produits dérivés complexes et les fonds de couverture (hedge funds) pour les banques. «Elles sont là pour veiller sur les épargnes des gens et investir dans les secteurs où il manque de capitaux, pas pour investir dans des fonds de couverture qui ne donnent pas accès au capital aux gens qui en ont besoin, dit-il. Malgré tout l'argent qu'il y a dans le milieu financier, c'est encore difficile d'avoir un prêt.»


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