«Lendemain de veille» pour les Britanniques du Québec

«Certains ressentent une grande douleur. D’autres, du déni. Parfois, ça s’approche de la dépression.»

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Ils voient «the writing on the wall»

« Je suis surtout fâché, choqué et triste », lâche Simon Maxwell-Stewart, attablé pour l’entrevue au bar anglais Bishop Bagg. Bière à la main, l’homme de 27 ans a demandé à sa mère de voter à sa place, par procuration. Il précise être résolument pour le Remain.

Il a quitté son Worcester natal, « un endroit très conservateur », pour une aventure qui l’a conduit à Montréal, il y a cinq ans. Malgré l’éloignement, il a suivi avec attention la campagne référendaire. Pour lui, la victoire a été remportée par le parti de la division, du populisme. « Notre génération se sent européenne. Nous avons beaucoup voyagé sur le continent et à l’international. À l’avenir, nous serons moins libres de voyager en Europe. »

Corin Faife, journaliste de 30 ans originaire de Norwich, est aussi de ceux qui ont bien profité des avantages de la mondialisation. Il a vécu en France, s’est fait beaucoup d’amis à l’étranger, et s’est toujours lui-même considéré comme d’abord Européen. Partisan naturel du Remain, il a toutefois été déçu par les arguments avancés par son camp pendant la campagne référendaire, dont il a vécu les débuts à partir de Londres, avant de s’installer au Québec en juin. « Alors que le Leave m’apparaissait xénophobe, la campagne du Remain était aussi beaucoup trop axée sur la peur et la menace économique. »

Comme une bonne partie des Britanniques installés ici, il est resté éveillé une partie de la nuit pour suivre les résultats du référendum, jusqu’au moment où la victoire du Brexit ne fit plus aucun doute. « Je pense aux plus jeunes, qui ne connaîtront pas les avantages de l’Europe. Ils vont devoir vivre avec la décision [des électeurs] pour le reste de leur vie. Je n’ai jamais été autant en colère d’un résultat politique. »

Avec la victoire du Leave est survenue la baisse de la livre sterling. Pour Corin, payé en livres, l’effet se fera ressentir sur son niveau de vie ici. Par contre, pour Simon, qui travaille au Québec et qui est payé en dollars, c’est le montant de sa dette étudiante qui s’est allégé en l’espace d’une nuit. « Ça a peut-être été bon pour moi, financièrement. Mais ça ne vaut pas la peine. » Sur un fond de musique des Beatles dans le pub anglais du Mile-End, les deux hommes s’avancent sur les possibles conséquences du verdict des urnes. « Devrons-nous passer les douanes lors d’un transit à Paris ? Verrons-nous le départ de l’Écosse, la réunification de l’Irlande ? » L’incertitude demeure.
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