Leclerc de l'Île

Tribune libre

J’ai toujours considéré Félix Leclerc comme le pionnier de la chanson québécoise en plus d’être devenu un de ses premiers ambassadeurs outre-mer…et ce n’est pas sans raison que le p’tit gars de l’Île d’Orléans m’a autant marqué.
En effet, je me rappelle que dès ma prime jeunesse, lorsque notre famille entreprenions notre périple vers notre chalet dans le comté de Portneuf, les cinq enfants, mon père, ma mère, mon grand-père maternel et deux de mes tantes qui vivaient avec lui, cordés comme des sardines, mon père, profitant d’un rare moment de silence, se mettait à chanter le P’tit bonheur, le trémolo dans la voix, et avec quel envoûtement j’étais fasciné par les paroles de cette chanson et le plaisir que mon père éprouvait à nous la chanter.
Beaucoup plus tard, lorsque, à mon tour, je suis devenu père, il m’arrivait, à l’occasion, de refaire le même scénario lors de certaines randonnées en famille avec mes deux filles qui m’écoutaient religieusement et qui, encore aujourd’hui, se rappellent de ces instants privilégiés.
Or, un jour que je m’étais rendu sur l’Île comme il m’arrive souvent de le faire pour y retrouver le calme qui s’en dégage, assis sur un banc au quai de Sainte-Pétronille, devant la rive sud, le Saint-Laurent nous séparant, la muse me souffla ce petit poème intitulé
« Au bout de l’Île » que je vous offre avec simplicité :
Au bout de l’île d’Orléans
Devant le fleuve Saint-Laurent
Tournoyant en reflets d’argent
J’entends le chant des goélands
Sur l’autre rive curieux mariage
De vert côtoyant l’usinage
Le temps sur son infâme passage
Ayant brisé le pâturage
Au loin un paquebot fend l’eau
Du fleuve qui porte sur son dos
La marée noire du cargo
Enfouie dans son lourd tombeau d’eau
Mon regard se porte à nouveau
Sur l’élégant mouvement de l’eau
Je le reçois comme un cadeau
Du matelot venu d’en haut
Par un après-midi d’automne
En revenant par le pont de l’île
Je me suis rappelé Leclerc de l’île
Comme l’homme que toujours on fredonne
De chaque côté du Saint-Laurent
Mon regard se porte à nouveau
Sur l’élégant mouvement de l’eau
En arrière-plan l’île d’Orléans
Henri Marineau
Québec

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Henri Marineau2101 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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3 commentaires

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    11 mars 2013

    p.s.
    ...et il y a, sur la tombe de Félix, cimetière de Sainte-Famille, des souliers déposés par les pèlerins ayant beaucoup voyagé.
    https://www.google.ca/search?q=tombe+de+f%C3%A9lix+leclerc&hl=fr&tbm=isch&tbo=u&source=univ&sa=X&ei=0PA9UbizOtKG0QHq0oCADw&ved=0CD8QsAQ&biw=877&bih=632

  • Denis Lalande Répondre

    10 mars 2013

    Durant les années 60 les chansonniers du Québec vivaient leur moment de gloire. L'influence de Félix nourrisait beaucoup d'entre eux dans leur création. Son départ le 8 août 1988 (8-8-88) m'inspira ceci:
    Tu étais fait d'un bois rare
    Grand, fort et tignasse au vent
    Nourri du rêve des aurores
    Et des sèves riches du printemps.
    Que de sentiers, que de prés
    Tu as su nous indiquer
    Et que d'authenticité
    Dans tes mots de liberté.
    Tu as pleinement admiré la nature
    Du petit insecte fragile nourri de sève
    A la source jolie jaillie de tes rêves
    Tu as cherché sans arrêt ce qui est pur
    Et guetté dans l'arbre la venue du fruit mûr.
    Mourant au vent, debout comme un vieux chêne sage
    L’oeil bleu d'espoir aux marées de délivrance
    Avant que sonne l'heure de notre indépendance
    Lente à mûrir en nos âmes au fil des âges;
    Tu nous as de ta vie fait immense hommage.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    10 mars 2013

    Et il y a les grands vents sur les tentes à la pointe ouest, et il y a le cassis des soeurs Monna, la fraise Authentique, le Centre de généalogie qui m'apprit l'arrivée de mon ancêtre de Rouen, en 1664, et il y a encore des maisons ancestrales, qu'on dit parfois menacées par les grands propriétaires terriens, forts gourmands... mais sont-ils ceux qui ont compté dans l'avortement du port méthanier en face?