Le trumpisme tire-t-il à sa fin ?

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La gauche doit cesser de prendre ses rêves pour la réalité : Trump est là pour rester

Donald Trump n’a pas encore un an de présidence derrière la cravate qu’on parle déjà d’un impeachment. Cette procédure de destitution a, notamment, failli être employée à l’endroit du président Richard Nixon, suite à l’affaire du Watergate.


Le principal intéressé a alors préféré démissionner avant d’en arriver là. Bill Clinton avait lui aussi été l’objet d’une telle tentative dans la foulée de ses scandales sexuels. Dans ce cas, la Chambre des représentants avait voté contre lui, tandis que le Sénat l’avait sauvé. Quant à George W. Bush, on ignore encore pourquoi l’invasion d’un pays pour des motifs fallacieux n’est pas considérée comme un crime assez grave pour mériter un impeachment.


Mais revenons-en à Trump. Suite à son élection-surprise, ses détracteurs spéculaient sur la possibilité que le collège électoral lui fasse faux bond. Ça s’appelle prendre ses désirs pour des réalités. Pour ses adversaires, Trump ne pouvait être qu’une anomalie de l’Histoire, et sa victoire le résultat de l’ignorance des masses. Si le Parti démocrate a perdu, ce ne pouvait évidemment pas être le résultat d’un processus légitime et démocratique. Les partisans d’Hillary Clinton devraient pourtant se rappeler des 40 pour cent de Bernie Sanders lors des primaires démocrates, signe –s’il en est un- que, non, tout ne va pas bien dans le meilleur des mondes. Quoi qu’il en soit, l’agitation de la thèse de l’ingérence russe avait de quoi miner la crédibilité du processus électoral. À peine assermenté, il y a près d’un an, on lançait déjà la rumeur d’un impeachment. Il faut dire que la présidence chaotique de Trump a de quoi donner de l’eau à leur moulin. Le professeur Allan Lichtman, qui avait été le seul à prédire la victoire de Trump (et qui, depuis plusieurs décennies, ne s’est jamais trompé dans ses prévisions électorales), est maintenant certain qu’il ne sera plus en poste d’ici un an.


Voilà qu’un livre explosif paraît aujourd’hui aux États-Unis. Intitulé Fire and Fury: Inside the Trump White House, l’ouvrage du journaliste Michael Wolff a toutes les allures d’une bombe atomique. Mais il est arrivé que les bombes soient en réalité des pétards mouillés. L’administration Trump a tenté d’en empêcher la publication, ce à quoi la maison d’édition a répondu... en la devançant à ce matin.


Se basant sur des témoignages d’anciens proches collaborateurs de Trump, le livre avance notamment que Donald Trump n’a jamais voulu devenir président. Pour lui, perdre c’était gagner. Or, il a plutôt perdu en gagnant. Trump et son entourage auraient utilisé cette candidature présidentielle pour se positionner avantageusement pour la suite des choses. Si cela est possible quant aux proches du candidat, c’est plus surprenant au niveau de ce dernier, qui était déjà une grande vedette médiatique et économique. Quoi qu’il en soit, le livre dépeint, sans surprise, Trump comme un véritable incompétent. Le plus important, ici, réside cependant dans le fait que les ex-conseillers ayant choisi de se « confier » à Michael Wolff appuient désormais la thèse de l’implication russe tant agitée par leurs adversaires.


Il faut accueillir cette publication avec prudence. Tout d’abord, je la commente ici avec beaucoup de réserve, ne l’ayant pas encore lu. Je ne crois pas, de toute manière, que le livre soit déjà disponible chez nous. J’ai cependant lu avec attention le long extrait publié dans le New York Magazine. Il est, par ailleurs, dommage qu’il y ait si peu d’informations sur le jeu que joue Mike Pence dans cette véritable jungle. L’autre élément, qui est tout sauf négligeable, c’est que nous n’avons aucune idée de la véracité de ce qui est avancé. Cette dernière n’est, de toute manière, pas particulièrement importante. À l’ère des fake news, vous serez sans doute étonné de lire cette dernière phrase. Je la maintiens tout de même : l’important, dans ce livre, c’est qu’on sait maintenant que l’ex-garde rapprochée de Donald Trump est désormais en train de lui lancer des grenades.


Une chose est certaine: si Trump n'est pas destitué, la rumeur d'un impeachment sera présente, dans tous les cas, tout au long de son mandat. À suivre !


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Simon-Pierre Savard-Tremblay179 articles

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Simon-Pierre Savard-Tremblay est sociologue de formation et enseigne dans cette discipline à l'Université Laval. Blogueur au Journal de Montréal et chroniqueur au journal La Vie agricole, à Radio VM et à CIBL, il est aussi président de Génération nationale, un organisme de réflexion sur l'État-nation. Il est l'auteur de Le souverainisme de province (Boréal, 2014) et de L'État succursale. La démission politique du Québec (VLB Éditeur, 2016).