Le triomphe de Cuba

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Cuba Si !

Ça y est! On annonce un dégel mais ce n'est pas encore le printemps. Le président américain Obama, dont le mandat ne sera pas renouvelé et qui n'a plus rien à perdre, a initié un dialogue avec l'île communiste contre qui les États-Unis ont imposé un blocus criminel, à la fois économique, commercial et financier, il y a 52 ans. On estime que ce blocus a coûté au bas mot au peuple cubain mille milliards de dollars. Plus les souffrances, plus les privations, plus les morts dues au manque de médicaments et d'équipements médicaux, plus les détresses psychologiques, plus le vol de cerveaux et d'athlètes de pointe, plus les actions terroristes (explosions dans des hôtels pour nuire au tourisme avec morts de personnes innocentes, destructions de récoltes et de bétail avec l'introduction de bactéries diverses, invasion militaire, guerre psychologique, campagne de dénigrement, etc.), plus, plus, plus...
Le président Obama a admis que ce demi-siècle de guerre larvée contre Cuba n'a servi à rien. Un tel aveu exigerait normalement des excuses, mais on n'en est pas là visiblement. L'orgueilleux empire admet donc son échec: il n'a pas réussi à casser, renverser, affamer, soudoyer, mettre à genoux le gouvernement et le peuple cubains. C'est ce qu'il faut comprendre des paroles du président Obama, qui dit maintenant qu'il faut essayer autre chose. Et, comme première mesure de bonne volonté, il va retirer Cuba de la liste des pays soutenant le terrorisme, ce que Cuba réclamait depuis longtemps.
Aussi, pour ne pas perdre la face, le président américain se montre magnanime. Il promet de passer quelques décrets pour améliorer les relations entre les deux pays souverains, en attendant que le Congrès se penche sur la levée totale du blocus. Rappelons que pour la 23e année consécutive, 188 États membres de l'ONU ont voté, en octobre dernier, pour la levée des sanctions contre Cuba. Seuls les États-Unis, Israël et la Micronésie s'y sont objectés.
Les Américains, y compris ceux qui n'ont pas de famille dans l'île, pourront voyager à Cuba sans restriction. L'aéroport de Montréal va perdre quelque peu de son achalandage car ils étaient nombreux, les Américains, à déjouer l'immigration en venant prendre leur vol vers Cuba à partir de Montréal. Ni vu ni connu.
Ils pourront utiliser leurs cartes de crédit provenant de banques américaines, ce qui n'étaient pas possible auparavant car les banques américaines émettrices refusaient d'honorer les achats effectués. Ils pourront ramener jusqu'à quatre cents dollars de souvenirs, y compris les fameux cigares cubains. Les professeurs et les scientifiques cubains, qui se voyaient refuser l'entrée des États-Unis où ils avaient été invités par leurs confrères pour y exposer leurs travaux, pourront le faire.
Les Cubano-américains résidant aux États-Unis pourront envoyer plus d'argent à leur famille à Cuba. Auparavant, ils ne devaient pas dépasser une certaine limite. Le service de courrier sera rétabli, de même que les tarifs des communications et télécommunication seront ajustés à leur juste valeur. Téléphoner à Cuba coûte dix fois plus cher que téléphoner en Chine, par exemple.
Bref, toutes ces mesures préliminaires profiteront aux Cubains qui se réjouissent de ce mieux-être à venir. Déjà que le gouvernement cubain avait considérablement allégé les procédures pour voyager à l'extérieur du pays. Plus besoin d'une «carta de invitacion» provenant d'une personne qui se portait responsable du visiteur cubain. Curieusement, ce sont maintenant les pays étrangers qui multiplient les tracasseries pour les Cubains désirant voyager à l'extérieur de leur pays. Voyager, pas immigrer.
Plusieurs s'inquiètent de voir Cuba se transformer en un Disneyland latino. C'est ne pas connaître la force de la culture et de l'identité cubaines. Si un demi-siècle de blocus honteux n'a pas réussi à mettre le peuple cubain à genoux, ce ne sont pas maintenant quelques bonbons qui vont le faire changer d'idée quant aux acquis de la révolution cubaine: la santé, l'éducation, une juste répartition de la richesse commune, un toit et un emploi pour tous, l'entraide et la solidarité. C'est oublier que des milliers de Cubains ont donné leur vie pour libérer l'Afrique du Sud de l'apartheid, venant à bout de l'armée la plus puissante de l'Afrique. Mais les Cubains ne bouderont pas leur plaisir, eux qui ont comme philosophie de profiter de tout ce qui passe.
Si Cuba participera pour la première fois au prochain Sommet des Amériques, qui se tiendra au Panama, en avril prochain, ce n'est pas parce que les États-Unis ont accepté que ce pays soit présent. C'est parce que tous les pays latino-américains l'exigeaient et menaçaient de boycotter cette réunion si Cuba en était encore une fois exclue. C'est ce qu'on appelle la solidarité.
J'y reviendrai sûrement dans les semaines à venir.


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