Le tête-à-tête avec Luigi

Corruption politique



(Québec) Le ministre Jacques Dupuis connaissait-il le but de la rencontre à laquelle Tony Tomassi lui a demandé de se prêter avec Luigi Coretti, en 2008? Savait-il qu'il s'agissait d'une demande de permis de port d'arme? Si oui, il a commis un impair et il a été très imprudent. Le ministre de la Sécurité publique n'intervient pas et ne doit pas donner l'impression qu'il intervient dans la délivrance des permis de port d'arme.
Lundi, le bureau du ministre a été incapable de préciser si M. Dupuis connaissait le but de cette rencontre. Il faudra donc attendre la période de questions cet après-midi pour avoir la réponse.
L'autre question à clarifier porte sur le suivi donné à la requête de Luigi Coretti. Comment se fait-il qu'il ait obtenu le permis que la Sûreté du Québec lui avait refusé dans un premier temps? M. Dupuis doit être en mesure de produire dès aujourd'hui les raisons de la SQ justifiant ce changement de décision. S'il en est incapable, il sera la cible de l'opposition toute la semaine.
Il est plausible que M. Dupuis ait accepté de voir Coretti à son bureau de circonscription par simple courtoisie envers Tony Tomassi qui était, après tout, un collègue au Conseil des ministres. Maintenant que l'on connaît mieux les dettes de Tomassi envers Coretti, on peut penser qu'il a fait de fortes pressions sur le ministre Dupuis pour obtenir cette rencontre. Mais il serait surprenant de se faire dire aujourd'hui que M. Dupuis n'a pas cherché à connaître le but de cette rencontre. Les journalistes qui veulent parler à un simple député se font demander à quel sujet. Et pas Coretti?
Il est tout aussi plausible que M. Dupuis ait renvoyé Luigi Coretti à son chef de cabinet pour «s'en débarrasser» poliment et non pas pour obtenir une révision de son dossier à la SQ. C'est la formule habituellement utilisée par les ministres lorsqu'ils n'ont pas de solution ou qu'ils ne veulent pas répondre. Mais si c'est le cas, M. Dupuis doit être en mesure de démontrer ce qu'il a fait, ou ce qu'il n'a pas fait.
Il reste que la rencontre du ministre de la Sécurité publique avec un individu qui veut un permis de port d'arme soulève des questions légitimes. M. Dupuis a le devoir de répondre clairement et franchement. S'il a commis une erreur de jugement, il doit l'admettre sans détour au lieu de tenter de s'esquiver derrière des explications tordues.
Les règles parlementaires font que les politiciens sont tenus de prendre la parole de leurs collègues à l'Assemblée nationale. Ces mêmes règles stipulent toutefois que les élus n'ont pas le droit de mentir dans cette enceinte. Les politiciens utilisent souvent différentes stratégies pour ne pas avoir à répondre aux questions embarrassantes. Dans le cas actuel, ce n'est pas une alternative. Une tactique de diversion donnerait l'impression que Jacques Dupuis a été fautif.
Combien de temps encore Tony Tomassi sera-t-il député? L'ex-ministre, qui n'avait pas les moyens de payer son essence à même son salaire de député, sera peut-être tenté de s'accrocher à son poste. Mais parions que la communauté italienne, qui aime être représentée au sein du gouvernement, ne voudra pas très longtemps de ce député qui n'a plus aucune chance de redevenir ministre.
Question d'un lecteur : «Pourriez-vous définir le mot caucus et ce qu'il signifie dans l'affaire Tomassi? "Exclu du caucus" signifie-t-il "exclu du parti libéral"?»
Réponse : M. Tomassi peut rester membre du PLQ mais il a été exclu du groupe parlementaire libéral à l'Assemblée nationale. Il siège maintenant comme indépendant, tout comme Éric Caire et Marc Picard, qui ont quitté l'ADQ.


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