Kahnawake

«Le temps de la réconciliation est maintenant arrivé»

Carole Freeman lève le voile sur une démarche de rapprochement

Crise d'Oka - 20 ans plus tard... et aujourd'hui


Marco Bélair-Cirino - La députée fédérale de Châteauguay–Saint-Constant, Carole Freeman, veut sceller la réconciliation entre les Blancs de sa circonscription et les Mohawks de Kahnawake. Elle a levé le voile, à l’aube du vingtième anniversaire de la crise d’Oka, sur une démarche de rapprochement qu’elle a entreprise.
«Le temps de la réconciliation est maintenant arrivé», a-t-elle déclaré, hier, flanquée du grand chef du conseil mohawk de Kahnawake, Mike Delisle.
Une «grande méfiance» doublée d’une «profonde méconnaissance» de la communauté mohawk règne dans les municipalités à proximité de Kahnawake, et vice versa, déplorent Mme Freeman et M. Delisle.
«L’été 1990, je l’ai vécu de près. J’ai été directement touchée par le blocage du pont Mercier et le conflit qui opposait les Mohawks aux gouvernements du Québec et du Canada», rappelle Carole Freeman. «Ces 78 jours de conflit ont laissé des traces et des blessures qui perdurent encore 20 ans plus tard, et ce, dans nos deux communautés respectives.»
Les plus jeunes ont «hérité de nos craintes, de nos ressentiments et de nos préjugés», poursuit la députée du Bloc québécois.
Le fruit est mûr
La députée fédérale souhaite influer sur la «perception générale plutôt négative» qu’a la population de la circonscription de Châteauguay–Saint-Constant des Mohawks de Kahnawake.
Carole Freeman fera la tournée de la communauté mohak en août. Elle multipliera également les rencontres avec les membres du conseil mohawk et les élus des municipalités voisines.
D’ici là, elle invite tous ceux et celles qui le veulent à se joindre à elle et à participer samedi et dimanche au pow-wow annuel de Kahnawake. Elle fera, lors de cette manifestation de la culture autochtone, une allocution «de paix, d’amitié [et] d’ouverture».
«Nous ne pouvons pas changer le passé, mais nous pouvons bâtir le futur», affirme John Mayo, du comité organisateur du pow-wow.
«Nous ne voulons pas focaliser sur le passé», dit Mike Delisle. «Je donne une chance [à la démarche amorcée par Mme Freeman]». Le grand chef souhaite notamment tisser des liens d’affaires avec des acteurs extérieurs à la réserve de Kahnawake.
De mémoire, il s’agit de la première démarche de rapprochement sérieuse depuis des lustres, souligne M. Delisle. «Normalement, [les élus s’intéressent à Kahnawake] toujours en réaction à quelque chose qui vient de se produire à l’Assemblée nationale ou à la Chambre des communes», fait-il valoir, citant les dossiers chauds de la vente de tabac ou de l’expulsion projetée d’une dizaine de Blancs de la communauté.
Par ailleurs, la députée s’est gardée de réitérer la demande faite par le Bloc québécois, en février, de renoncer à l’éviction d’une dizaine de Blancs de Kahnawake et de leurs conjoints mohawks, ce à quoi Mike Delisle se refuse toujours. «Ça fait partie des discussions [...], mais on veut aller au-delà de ça. Ce dossier est interne aux Mohaks de Kahnawake», s’est-elle contentée de dire, faisant écho aux propos du ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien, Chuck Strahl. Par contre, Carole Freeman presse le gouvernement de Stephen Harper de «tenter de trouver des solutions juridiques et politiques» au problème.
«Être ensemble aujourd’hui, c’est déjà un grand pas», conclut la députée. «C’est un premier pas.»


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