Jacques Parizeau à Bazzo.tv

Le temps de changer de gouvernement

Quand les Québécois commencent à se percevoir comme des incapables, il est grand temps pour eux de se débarrasser de leur gouvernement.

Corruption politique


Robert Dutrisac Québec — Quand les Québécois commencent à se percevoir comme des incapables, il est grand temps pour eux de se débarrasser de leur gouvernement.
C'est du moins l'opinion qu'a exprimée Jacques Parizeau à l'émission Bazzo.tv qui sera diffusée ce soir à Télé-Québec. «Quand les Québécois commencent à se dire que peut-être ils sont des "pas bons", il est temps qu'ils changent de gouvernement, de leader», a-t-il déclaré dans une entrevue accordée à Marie-France Bazzo mardi.
Ces propos se veulent moins partisans que propres à un ancien premier ministre qui exerce sa liberté de parole, comme il a pris l'habitude de le faire en tant que professeur d'université, sa première vocation. «Ce n'est pas parce qu'on n'est plus premier ministre qu'on devient muet, qu'on regarde ses orteils, qu'on passe le reste de sa vie à se tourner les pouces», croit Jacques Parizeau pour qui le devoir de réserve se limite à ne rien révéler des délibérations du Conseil des ministres et d'autres secrets d'État. Pour le reste, «il faut que notre société prenne l'habitude des débats. On a de la difficulté à débattre les questions de société dans trop de partisanerie, estime l'ancien chef péquiste. Il faut qu'on soit capable de débattre de choses sans immédiatement y voir de la trahison, des excès de langage. C'est un peu agaçant.»
Le Québec est plongé dans une morosité «qui est ennuyeuse», a dit Jacques Parizeau non sans relever le pléonasme. Et oui, Jean Charest aurait dû lancer il y a longtemps une commission d'enquête publique sur l'industrie de la construction. «Le fait de refuser ça, c'est une autre réflexion sur la morosité de la société québécoise.»
On dit que la tenue d'enquêtes policières a fait en sorte que les entrepreneurs et les firmes de génie-conseil ont réduit leur prix, mais ce sont les journalistes qui ont tout fait, selon M. Parizeau. «Ce qui est révélateur de ce qui se passe de croche au Québec à l'heure actuelle [c'est que] ce sont les journalistes qui ont fait le travail, bien mieux que n'importe qui.» Les révélations ont été «extrêmement troublantes et nombreuses». Or le Québec est dirigé par un «gouvernement qui ne veut pas reconnaître qu'il peut y avoir quelque chose de grave dans la société et qui cherche simplement des bandits à mettre en prison, comme ils disent», a fait observer l'ancien premier ministre. «Soit dit en passant, dans des affaires de collusion, ils [les policiers] peuvent chercher longtemps.»
À son avis, il y a trop de politiciens professionnels à l'Assemblée nationale, «des gens qui ne connaissent que la politique». Il n'a nommé personne mais cette étiquette peut certes s'appliquer à Jean Charest, élu pour la première fois à 24 ans, et même à Pauline Marois, qui est arrivée en politique à l'âge de 29 ans à titre d'attachée de Jacques Parizeau. Lui-même est entré en politique à 40 ans, après une carrière d'universitaire et de haut fonctionnaire. «Dans une bonne mesure, le premier cabinet Lévesque était formé de gens qui avaient fait des choses dans la vie» comme le Dr Camille Laurin, Yves Bérubé ou Rodrigue Tremblay.
Jacques Parizeau a refusé de dire si le Parti québécois doit changer de chef. «Ce n'est pas le moment. Le PQ traverse une passe extrêmement difficile.»


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