Le téléroman péquiste

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Le PQ sera au centre de la prochaine campagne électorale

Personne ne peut croire un seul instant que Pierre Karl Péladeau décide de revenir au PQ sans avoir pour objectif d’en redevenir un jour le chef.



Jean-François Lisée est certainement le premier à le savoir, mais il n’avait d’autre choix que de lui ouvrir toute grande la porte, peu importe ce qu’il pense réellement. Quand il dit que les signaux envoyés par M. Péladeau l’inclinent à penser qu’il ne reviendra pas avant l’élection, on ne sait pas trop si c’est ce qu’il décode ou ce qu’il souhaite.



De toute manière, il n’a plus grand-chose à perdre. Si le retour de M. Péladeau permettait au PQ de redresser une situation qui semble désespérée, M. Lisée aurait au moins une chance de survivre. Au train où vont les choses, il ne sera peut-être chef que jusqu’au soir du 1er octobre prochain. Même sa propre réélection dans Rosemont paraît actuellement très incertaine.



La mémoire est une faculté qui oublie, dit-on. Les circonstances dramatiques dans lesquelles l’ancien chef a quitté son poste en mai 2016 ont refoulé le souvenir du très difficile apprentissage qu’il avait dû faire.



Sauf pendant une très brève période, son arrivée n’avait pas permis au PQ de coiffer les libéraux dans les sondages. Il est vrai que les 30 % d’intentions de vote dont le créditait Léger au moment de son départ donnent aujourd’hui à son court séjour à la direction du parti a des allures d’âge d’or.



II est vrai qu’il semblait plus à l’aise vers la fin, mais il n’avait encore rien d’une bête politique, c’est le moins qu’on puisse dire. Au caucus de Shawinigan, il était savoureux d’entendre les députés qui s’arrachaient jadis les cheveux à force de le voir multiplier les gaffes se réjouir en choeur de la perspective de son retour.



La « bombe à retardement » dont parlait à l’époque M. Lisée n’a pas été désamorcée non plus. Au moment de son départ, le problème que posait la propriété du plus vaste empire médiatique du Québec demeurait entier et les adversaires du PQ s’empresseront de le soulever à nouveau.




 


Peu importe, si la foi peut déplacer les montagnes, la certitude que M. Péladeau est le Moïse qui conduira le Québec à la terre promise en convaincra plusieurs que leur rêve peut encore se réaliser.



François Legault a préféré ne pas commenter ce nouvel épisode du « téléroman péquiste », mais il ne peut que s’en inquiéter. De son propre aveu, l’irruption de PKP sur la scène politique avait eu pour effet de le marginaliser. Les mêmes causes produisant généralement les mêmes effets, son retour pourrait casser l’élan qui semble actuellement mener la CAQ vers la victoire.



Sa candidature ne signifierait nullement que M. Lisée accepterait de tenir un référendum dès son premier mandat, ce que M. Péladeau lui-même n’aurait probablement pas fait, mais plus personne ne douterait de la destination finale.



Alors que les électeurs péquistes passés à la CAQ rentreraient au bercail, bon nombre de fédéralistes qui croyaient pouvoir tourner le dos au PLQ, au moins temporairement, jugeraient peut-être plus prudent d’y retourner. Résultat : la CAQ se retrouverait encore une fois Gros-Jean comme devant.




 


Pendant que les projecteurs étaient braqués sur M. Péladeau, on a prêté moins d’attention à un autre épisode du « téléroman péquiste » qui se déroulait au même moment.



La semaine dernière, l’annonce du départ de Nicole Léger en avait amené plusieurs à croire que le fief familial de Pointe-aux-Trembles échoirait à Jean-Martin Aussant, que M. Lisée courtisait depuis plusieurs mois.



L’annonce-surprise de la candidature du président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJB), Maxime Laporte, vient cependant brouiller les cartes d’une façon qui n’est pas de nature à plaire à M. Lisée.



M. Laporte est un jeune homme qui n’a pas froid aux yeux. Il ne se laissera pas tasser au profit de l’ancien chef d’Option nationale et il n’est pas évident que ce dernier voudra se présenter à une assemblée d’investiture dont l’issue serait très incertaine.



Au niveau fédéral, Pointe-aux-Trembles est englobée par la circonscription de Pointe-de-l’Île, qui est représentée à la Chambre des communes par le député et président du Bloc québécois, Mario Beaulieu, lui-même un ancien président de la SSJB, qui ne manquera pas d’épauler son successeur.



M. Laporte, comme M. Beaulieu, fait partie de l’aile radicale du mouvement indépendantiste et il appuyait Martine Ouellet lors de la dernière course à la chefferie du PQ. Partisan de l’extension de la loi 101 au niveau collégial, il a également été très critique des positions de M. Lisée en matière de langue, qu’il jugeait trop timorées.


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