Le retour du Bonhomme sept-heures

En réponse à l'article de Louis Champagne intitulé "Resserrer les rangs"

Tribune libre


Selon la légende, le Bonhomme sept-heures incarne un personnage fictif maléfique qui, au Québec, est représenté par un vagabond sinistre aux jeunes enfants pour leur faire peur et les inciter à rentrer à la maison avant sept heures au risque d’être ramassés par le méchant personnage et enfouis au fond de son sac.
Lorsque j’avais à peu près 7 ou 8 ans, je me rappelle qu’une vieille dame qui habitait près de chez moi, préférant sans aucun doute le chant des oiseaux aux cris aigus de mes camarades s’amusant devant son balcon où elle tentait de se reposer après le souper, nous menaçait de téléphoner au Bonhomme sept-heures si nous n’entrions pas à la maison!
Nonobstant son long préambule avec lequel je suis globalement en accord, deux phrases, extraites de l’article de Louis Champagne paru sur cette tribune en date du 1er juillet sous le titre « Resserrer les rangs », m’ont rappelé cette vieille dame qui nous menaçait d’appeler le Bonhomme sept-heures :

« Car en politique, dans un système bipartite, être contre l’un, c’est ipso facto devenir l’allié de l’autre. S’opposer à Mme Marois comme le font bien des Vigiliens les transforme en cinquième colonne de Jean Charest. »

En d’autres termes, l’auteur demande à tous ceux qui lancent « des cris aigus » devant le « balcon » de Mme Marois de se taire à défaut de quoi nous serons responsables d’avoir contribué à ériger la « cinquième colonne de Jean Charest » ou, si vous préférez, d’avoir éveillé le Bonhomme sept-heures!
Et M. Champagne de conclure :
« Comme le disait Gilles Duceppe, il faut nous retrouver sur ce qui nous unit plutôt que de nous disputer sur ce qui nous divise. »

À mon sens, c’est l’accession à notre indépendance qui nous unit et c’est la gouvernance souverainiste comme chemin pour y parvenir qui nous divise… et ce n’est sûrement pas en brandissant le spectre d’un Bonhomme sept-heures nous menaçant de faire « le jeu de nos adversaires » que nous allons gentiment entrer dans le giron douillet de la gouvernance souverainiste!
Henri Marineau
Québec

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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5 commentaires

  • Luc Bertrand Répondre

    5 juillet 2011

    Monsieur Champagne a beau chercher à vous infantiliser, moi aussi, monsieur Marineau, je trouve votre analogie appropriée à la culture du "crois ou meurs" de la direction du Parti québécois. Je trouve que c'est faire preuve d'un manque flagrant d'honnêteté intellectuelle de faire porter aux purs et durs l'odieux des malheurs du PQ et, surtout, du surplace que fait l'option indépendantiste dans l'opinion publique.
    Le débat au sein du PQ (PQ-Marois, PQ-Boisclair, PQ-Landry, PQ-Bouchard, PQ-Johnson et PQ-Lévesque, pour respecter l'esprit de Pierre Cloutier, seul le PQ-Parizeau ayant historiquement assumé la soi-disante raison d'être du parti, soit de faire l'indépendance) se résume invariablement à la question suivante, une fois que le parti a adopté un programme et qu'un vote de confiance ait été accordé au chef: "Tu es derrière le chef ou tu es un libéral".
    Comme monsieur Cloutier l'a si justement décrit dans son article paru dans l'Action nationale, la direction du PQ a toujours imposé des contraintes pour limiter la réflexion ou ses remises en question lors des congrès nationaux. Les purs et durs ont de tout temps (de Pierre Bourgault et des autres membres du RIN jusqu'à Jean-Claude St-André et le SPQ Libre) été évincés des débats et marginalisés lors des votes importants (par des interventions de l'aile parlementaire ou un temps de parole au micro moins que minimal aux plénières). Rien de surprenant si le PQ est devenu un parti électoraliste comme les autres, son programme ne servant que de faire valoir auprès de sa base militante. Le Parti québécois est devenu tout sauf un parti d'idées et continuer à répéter des impostures comme "le PQ a comme mission fondamentale la réalisation de l'indépendance du Québec" ou "le PQ est le seul parti capable de faire l'indépendance du Québec" ou "le seul véhicule politique pour le mouvement indépendantiste" ne fait qu'entretenir l'ambiguïté chez les électeurs et nuit à la crédibilité et à la réalisabilité de notre indépendance.
    Les imposteurs comme Louis Champagne, Robert Barberis-Gervais, Gilles Bousquet ou d'autres qui se reconnaîtront font toujours passer les considérations électorales avant la réalisation et même simplement la promotion de l'idée d'indépendance, sans quoi toute dissension est vue comme de la pure trahison.
    Si nous voulons que l'idée d'indépendance retrouve ses lettres de noblesse et qu'elle recommence à progresser auprès des Québécois, le Parti québécois doit obligatoirement et rapidement remettre en question sa raison d'être en faveur de l'indépendance, sinon se saborder pour permettre aux indépendantistes de se constituer en un seul parti totalement dédié à la réalisation de l'indépendance comme le Parti indépendantiste. Mieux vaut perdre une élection de plus en étant rigoureusement cohérents avec l'incontournabilité de l'indépendance plutôt que d'entretenir plus longtemps le climat actuel de méfiance, de confusion et de désengagement de l'action militante qui rendra bientôt impossible la réalisation d'un Québec pays.
    Et non, monsieur Barberis-Gervais, la coalition Cap sur l'indépendance n'est pas au service du Parti québécois, ce serait plutôt l'inverse. Le PQ doit faire la preuve qu'il est un parti déterminé à placer l'indépendance au centre de toute action politique s'il veut qu'on le suive. Sinon, qu'il débarrasse la place, des partis insignifiants, il y en a déjà assez, merci.

  • Henri Marineau Répondre

    4 juillet 2011

    @ M. Champagne,
    D'abord, je suis heureux de constater que mon texte vous ait fait rigoler...quant au caractère "peu convaincant" de son contenu, je respecte votre point de vue!
    Pour ce qui est de votre suggestion quant à la succession de Pauline Marois, je n'en suis pas rendu là! Pauline Marois est toujours chef du PQ et, pour l'instant, même si j'ai de sérieux doutes sur ses capacités, voire même ses intentions, de conduire le Québec vers son indépendance, je crois que devons "vivre avec"! Enfin, quand le "poste sera ouvert" et que des candidats se manifesteront, je prendrai position! Comme disait mon grand-père, il faut éviter de mettre la charrue devant les boeufs!

  • Louis Champagne Répondre

    3 juillet 2011

    Bonjour M. Marineau,
    J’ai lu avec grand plaisir votre texte sur le Bonhomme sept-heures. Je suis originaire de Nicolet, et vous auriez pu ajouter à votre mise en scène le roman éponyme de Louis Caron. J’ai donc lu votre texte avec un mélange d’amusement et de consternation. Je ne vais pas refaire toute la démarche que j’ai faite pour aboutir à ma conclusion, mais je tiens à vous signaler quelques éléments :
    Que vos peurs d’enfants vous incitent à commenter mon texte me fait bien rigoler. Malgré tous les efforts de mes parents, jamais je n’ai cru aux bonhommes sept-heures et autres croque-mitaines de mon enfance. Que vous commentiez mon texte à la lumière de vos phobies d’enfants est peut-être drôle, mais pas très convaincant. C’en dit plus long sur vos phobies que sur vos arguments puisque vous me prêtez les propos de votre voisine.
    J’ai demandé à plusieurs reprises au PQ d’expliquer à la population en quoi consiste la gouvernance souverainiste. Comme n’importe quelle autre démarche, il est possible de l’améliorer et celle-ci en a grand besoin. C’est un point sur lequel j’insiste depuis longtemps. Vous pourrez me relire dans plusieurs textes récents là-dessus.

    Je suis loin d’être convaincu que la gouvernance nous diviserait autant que vous le prétendez si elle était expliquée. Par contre, j’appuie Mme Marois quand elle refuse de rendre publique sa stratégie. Là-dessus aussi j’ai écrit. Une stratégie que tout le monde connait n’en est plus une, c’est un communiqué de presse.
    Et comme à tous les détracteurs indépendantistes de Mme Marois, je vais vous demander qui vous voyez pour lui succéder. J’apprécierais un ou deux noms, avec un ou deux arguments. Nous pourrons avoir alors une discussion plus intéressante. Vous conviendrez que mes demandes sont modestes, et je suis convaincu que vous allez vous en acquitter facilement et rapidement. J’apprécierais toutefois des personnalités indépendantistes. Dans une diatribe récente avec un vigilien indépendantiste, il a avancé préférer le tandem Sirois-Legault à Pauline Marois. Pour un indépendantiste, il cache bien son jeu !
    Louis Champagne Ing.

  • Yves Rancourt Répondre

    3 juillet 2011

    Monsieur Marineau,
    Je comprends votre réaction aux propos de monsieur Champagne mais il a objectivement raison: en tirant sur le PQ qui demeure, quoiqu'on en dise, le navire amiral du projet de souveraineté du Québec, on joue le jeu de nos adversaires fédéralistes, dont le PLQ.
    Je ne suis pas membre du PQ et ne suis pas toujours d'accord avec ses orientations mais il m'est apparu depuis longtemps que, si nous le voulons ce pays, il va falloir un jour accepter de faire confiance au parti qui a le plus de chance de le réaliser ou encore il faudra y renoncer pour toujours.
    Deux choses me frappent dans la présente crise au PQ: premièrement, plusieurs des opposants à la gouvernance souverainiste passent par les médias( presque tous fédéralistes) plutôt que de se parler et de développer des compromis comme on le fait habituellement "en famille", ce qui fait que l'on donne des munitions à l'adversaire fédéraliste; deuxièmement, on est déjà prêt à condamner ce parti et sa cheffe, non pas sur le base d'une mauvaise performance ou de résultats non atteints mais essentiellement sur un manque de confiance, voire de procès d'intentions, et ce avant même que le parti n'ait eu la chance d'appliquer son programme de "gouvernance souverainiste". On voit ça rarement dans la vie de tous les jours de rejeter une organisation ou quelqu'un avant même de lui avoir donné sa chance.
    Mes salutations à vous.

  • Archives de Vigile Répondre

    3 juillet 2011

    [1] Le Parti québécois a besoin d'une nouvelle doctrine et d'un nouveau chef, car les 2 vont de pair. Sinon, c'est la défaite assurée car beaucoup d'indépendantistes, dont je suis, sont incapables de voter pour le PQMarois avec le plan de gouvernance provinciale déguisée en prétendue gouvernance souverainiste.
    [2] On n'en n'a pas contre le PQ. On en a contre le PQMarois et sa doctrine. Point final. Ce n'est pas pareil. Il y a eu autant de PQ différents que de chefs. Si Pauline Marois s'en va et que le PQ change de doctrine et met le Cap sur l'indépendance, beaucoup d'indépendantistes vont revenir au parti. Pas avant.
    [3] Est-ce clair? Pourquoi voter pour un parti qui ne représente plus notre idéal?
    Pierre Cloutier