Le rendez-vous manqué

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Michel David se trompe : c'est en raison de son virage gauchiste que le PQ a perdu des plumes et non parce qu'il n'est pas assez progressiste !

Il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Personne au PQ ne peut plaider la surprise face à ce qu’il est devenu 50 ans après sa création. Son histoire des 15 dernières années se lit comme la chronique d’une mort annoncée.


Six mois après la défaite d’avril 2003, le politologue Jean-Herman Guay, de l’Université de Sherbrooke, avait causé une véritable commotion parmi les délégués au conseil national, en déclarant que leur parti avait peut-être été celui d’une génération. Les « raisins de la colère », qui avaient nourri le mouvement souverainiste pendant près de 40 ans, avaient disparu, avait-il expliqué.


Très vite, la stupeur avait fait place à l’indignation, puis au déni. Furieux, Bernard Landry s’était présenté au micro pour dénoncer ces propos « défaitistes » et « révulsifs ». Fin de la discussion.


Même si la défaite avait somme toute été honorable (45 députés élus), une sourde inquiétude s’était néanmoins emparée de bon nombre de militants. Et si M. Guay disait vrai ? La tournée effectuée en 2004 par trois jeunes députés surnommés les Trois mousquetaires, Alexandre Bourdeau, Stéphan Tremblay et Jonathan Valois, semblait lui donner raison.


Les jeunes voyaient de plus en plus le mouvement souverainiste comme « un vieux monument », avaient-ils constaté. Les débats sur la mécanique référendaire qui agitaient le PQ leur paraissaient totalement ésotériques.


Une phrase tirée du rapport résumait bien ce qui ressemblait — et ressemble toujours — à un dialogue de sourds : « On préfère croire que la jeunesse est tournée sur elle-même plutôt que de considérer que les problèmes existent peut-être dans nos structures et dans notre parti. »




 


L’élection d’André Boisclair, après la démission surprise de Bernard Landry en juin 2005, avait donné pendant un moment l’impression que les choses pourraient changer et permettre au PQ d’éviter le sort de l’Union nationale.


Le clan Boisclair avait réussi à recruter 30 000 nouveaux membres durant la course, essentiellement des jeunes. Les baby-boomers vieillissants, qui avaient toujours dominé le PQ, éprouvaient même un désagréable sentiment de « Tasse-toé mon’oncle ».


En juin 2006, les Trois Mousquetaires publiaient un second rapport qui, douze ans plus tard, n’a rien perdu de sa pertinence. La meilleure façon d’actualiser le concept de souveraineté serait de présenter un Québec indépendant comme un « missionnaire » du développement durable, proposaient-ils. « La révolution bleue devient le passage pour réaliser la révolution verte, et la révolution verte devient la marque de commerce de la révolution bleue. »


André Boisclair, dont le passage à l’Environnement avait été célébré, aurait peut-être pu incarner cette révolution bleue. C’était sans compter avec son instabilité personnelle, qui a rapidement soulevé des doutes sur sa capacité de diriger le Québec, mais aussi avec la résistance de la vieille garde du parti.


Le rendez-vous avec la jeune génération a été manqué. Après la défaite de 2007 et le départ de M. Boisclair, les baby-boomers ont repris le haut du pavé, faisant élire consécutivement trois des leurs comme chefs.


Il n’était plus question d’une « révolution verte » qui ouvrirait la voie à l’indépendance. Au contraire, Pauline Marois était revenue d’un voyage en Norvège avec la conviction qu’elle passait plutôt par l’exploitation du pétrole.


Le nationalisme dit « civique » dont son prédécesseur s’était fait l’apôtre a été évacué au profit d’une apologie du « nous » qui a atteint son paroxysme avec la charte de la laïcité, malgré les avertissements des Jacques Parizeau, Gilles Duceppe et autres, qui prévoyaient déjà la réaction négative des jeunes.


La propension du PQ à toujours répéter les mêmes erreurs semble parfois tenir du masochisme. Même s’il n’était pas vraiment dans la course à la succession de Pierre Karl Péladeau, la performance de Paul St-Pierre Plamondon a été louée de toutes parts. Il était un peu plus âgé qu’Alexandre Cloutier, mais son apparition récente dans le paysage politique lui a valu le rôle de représentant de la jeune génération.


La lecture du rapport qu’il a publié en février 2017, sous le titre Osez repenser le PQ, était plus déprimante qu’autre chose. C’était comme si rien ne s’était passé depuis 15 ans. À son tour, M. St-Pierre Plamondon avait découvert un parti « figé, conservateur et vieillissant », dans lequel les jeunes ne se reconnaissaient pas.


Il notait également qu’aux yeux de certains au PQ, « s’intéresser à l’inclusion sociale des communautés culturelles, à leur réalité et à leurs besoins, et les inviter à participer au PQ, équivaut à souscrire à une démarche multiculturaliste ».


> La suite sur Le Devoir.



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