Sans l’ombre d’un doute, l’année 2023 de la CA s’est déroulée sur un chemin pour le moins accidenté et cahoteux. Or, dès le début de 2024, François Legault a senti le besoin de recentrer son parti sur cinq priorités, à savoir l’éducation, la santé, l’économie, l’environnement et la protection de notre identité francophone.
Au lendemain d’une longue et pénible ronde de négociations, le système scolaire québécois doit surmonter des pentes abruptes, notamment le rattrapage des élèves eu égard aux jours de classe amputés par la grève des enseignants. De son côté, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainvile, aura l’occasion de mettre de l’avant sa réforme axée sur une centralisation des pouvoirs auprès du ministre, et qui risque de provoquer des étincelles de la part du personnel scolaire.
Du côté du domaine de la Santé, le ministre Christian Dubé fait face à un véritable champ de ruines. Les infirmières sont à bout de souffle, les urgences débordent, des milliers de patients attendent désespérément l’arrivée d’un médecin de famille. Par ailleurs, dans le cadre de son projet de loi 15, le ministre de la Santé a créé l’agence Santé Québec, une entité séparée du ministère de la Santé qui assumera la responsabilité de coordonner les activités du réseau sur le terrain. Encore là, le grand patron de cette agence bénéficiera de toute la latitude nécessaire pour imposer ses décisions à la base.
L’environnement et l’économie représentent des champs d’activités concomitants. À titre d’exemple, la compagnie suédoise Northvolt a été contrainte d’interrompre ses travaux préliminaires après que le Centre québécois du droit de l’environnement (CQDQ) ait déposé une injonction en lien avec la coupe d’arbres sur le terrain de 170 hectares. Évidemment, le Québec, comme partout au monde, est encarcané dans un contexte inflationniste qui a des répercussions économiques sur toutes les sphères de la société.
La protection du français est devenu un impératif incontournable au Québec. Or, la métropole vit une assimilation anglophone à vitesse grand V. À titre d’exemple, l’anglais est omniprésent dans le Quartier latin de Montréal, pourtant désigné «quartier de la francophonie». L’arrivée massive d’immigrants risque de créer un microcosme polyglotte dans lequel le français risque d’être englouti. C’est sans compter les étudiants anglophones qui s’inscrivent massivement dans les Cégep anglophones sans coup férir.
Enfin, François Legault a insisté sur la discipline auprès des membres de son caucus, ayant sans doute en tête, notamment, la bisbille qui s’est installée au sein de certains ministres au cours de la pénible saga sur le troisième lien inter-fluvial entre Québec et Lévis. De surcroît, les cinq remparts sur lesquels le premier ministre veut appuyer son action politique ont subi de multiples crevasses au cours des années. Ces crevasses devront être réparées, et nul doute que l’unité du parti (si elle se manifeste...) pourra y contribuer grandement. C’est à suivre…
Et la lourdeur de la tâche?
L’une des revendications les plus criantes des enseignants eu égard aux négociations de leur convention collective était sans contredit la lourdeur de leur tâche. Or, dans cette foulée, le gouvernement a engagé la somme de 300 millions $ en bonus aux enseignants qui accepteraient, sur une base volontaire, d’offrir des séances de récupération aux élèves qui, par leurs nombreuses journées d’école ratées, ont accumulé des retards considérables lors des journées de grève des enseignants. Or, jusqu’à maintenant, dans certaines écoles, aucun enseignant ne s’est porté volontaire pour offrir son soutien selon un sondage interne réalisé par la Fédération québécoise de directions d’établissement d’enseignement (FQDE).
Nonobstant le fait que certains enseignants souhaitent donner un coup de pouce supplémentaire à leurs élèves devant la perspective de gagner un surplus de salaire, après des semaines de grève sans rémunération, d’autres par ailleurs considèrent que participer à cet effort supplémentaire serait totalement incohérent avec les revendications exprimées pendant la grève, alors que la charge de travail des profs a été dénoncée sans relâche sur les lignes de piquetage.
En toute logique, force est de constater que l’argument de ces derniers est difficilement contestable compte tenu que le salaire supplémentaire ne contribuera d’aucune façon à atténuer la lourdeur de la tâche tant décriée par les enseignants sur la place publique en plus d’être fortement appuyée par la très grande majorité des parents.
En bref, je suis d’avis que nous nageons en pleine incohérence dans le plan du ministre Drainville. Si l’intention du gouvernement était d’acheter la paix en agissant en «généreux pourvoyeur», je suis plutôt porté à penser qu’il a utilisé le chemin le plus court...et le moins efficace pour les enseignants déjà surchargés par la lourdeur de leur tâche.
Henri Marineau, Québec
Politique québécoise
Le recentrage de François Legault
Et la lourdeur de la tâche?
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Henri Marineau2101 articles
Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplô...
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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com
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