Le Québec qui renaît de ses cendres

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Le Québec ne renaît pas de ses cendres, il se retrouve

Étonnant ce pays. Quand on croit qu’il a pratiquement rendu son dernier souffle et que ses funérailles se feront dans la plus grande intimité, voilà qu’il relève la tête, qu’il retrouve du souffle et qu’il annonce, avec un sourire aux lèvres, qu’on a tendance à le décompter beaucoup trop rapidement. Il retrouve son oeil brillant, son petit air satisfait, sa fierté même et il annonce la venue d’une société meilleure, plus juste, où les relations entre les humains seront plus vraies et plus sincères et où la vie quotidienne, malgré quelques ajustements parfois difficiles de part et d’autre, redeviendra plus douce à vivre de part et d’autre.

Le projet de Charte des valeurs québécoises n’est pas parfait. C’est pourquoi le gouvernement nous donne du temps pour y penser, en discuter et arriver à des suggestions qui pourraient améliorer son contenu. Toutes les autres critiques, les politiciennes, les calculées, les agressives, les vulgaires, les trompeuses, les menaçantes n’apporteront rien au débat qui est pourtant l’un des plus importants que nous aurons à mener. Il vaudrait mieux des suggestions « lumineuses » qui pourraient améliorer la Charte et faire de nous un peuple qui s’entend, se respecte et vit ensemble pour le mieux-être de tous.

Baisser le ton pour commencer

C’est essentiel. Car autrement, on va avoir l’impression de vivre les prochains mois assis sur la poudrière. Ça va être très énervant pour rien. On peut se parler sur un autre ton pour se dire des choses importantes qui vont déterminer notre façon de vivre ensemble. On s’emporte si facilement parfois qu’il faut toujours être prudent avant de prendre position sur un sujet qui nous tient particulièrement à coeur et… et tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de la laisser affronter la meute. Parce que « meute » il y aura. Tous ceux et celles qui estiment avoir quelque chose d’important à dire pourront le faire, mais en évitant de tomber dans les injures et les menaces. Le sujet en soi est jugé comme délicat.

S’armer de patience

Parce que les partis d’opposition vont donner le mauvais exemple. Ils vont en rajouter des couches et des couches pour s’assurer que le gouvernement minoritaire va en arracher pour avancer avec ce dossier sur le dos. Le PLQ de monsieur Charest avait bien tabletté le rapport Bouchard-Taylor et s’en était lavé les mains plutôt que de donner suite.

Moi-même, dans une chronique de 2006 que j’écrivais pour un autre journal que Le Devoir à l’époque, j’avais soulevé le problème que me semblait représenter la présence du fameux crucifix qui orne l’Assemblée nationale du Québec. Dans une lettre ouverte au président de la « noble enceinte », je signalais que le projet de laïcité, qu’on discutait déjà dans notre société très ouvertement depuis des années, que l’idée même allait se heurter à la présence de ce crucifix là où les député(e) s exercent la mission qui leur a été confiée de représenter les citoyens et les citoyennes qui les ont élu(e) s. Je soulignais qu’il y avait eu déjà des députés athées, des catholiques, des juifs et certainement d’autres confessions, et que cette représentation allait augmenter avec la diversité de notre population et que le crucifix serait plus heureux et mieux respecté dans un lieu où on pourrait l’admirer et apprendre son histoire qui est assez courte, en fait.

En 1976, nous avions supprimé la prière. Il aurait été normal de remercier le crucifix pour services rendus et de lui trouver un musée après une cérémonie permettant de le décrocher dans les honneurs et le respect dû à sa mémoire. Le remettre à l’Église à laquelle il appartient aurait été une bonne solution aussi. Je n’ai pas réussi à convaincre le président et je hurle chaque fois que j’entends les excuses qu’on invoque pour le garder là où il est. Prêcher par l’exemple serait une bonne initiative en ce moment.

Même chose pour ces exceptions qu’on propose pour les élus à Québec ou au municipal. À vouloir sans trop vouloir, on déçoit et décourage tous ceux et celles qui souhaitent que la Charte soit la même pour tout le monde.

Pour les anciens et nouveaux arrivants

Le monde change. Les pays que vous avez quittés ne sont plus les mêmes. Ici non plus. Le changement se fait le plus en douceur possible, car nous sommes particulièrement sensibles aux bousculades en ayant été victimes si souvent. Nous ne vous en voulons pas d’être engagés régulièrement. Nous l’avons été au-delà de tout ce que vous pouvez imaginer. En 1960, nous avions assez souffert pour souhaiter vivre en toute laïcité. Cinquante ans plus tard, il reste encore des nostalgiques du temps passé, de l’autorité de l’Église et des défilés religieux. Mais il est difficile de reconnaître dans le Québec d’aujourd’hui le peuple ignorant et abusé que nous étions avant 1960.

Le pas que nous désirons faire aujourd’hui est la suite logique de notre libération. Nous souhaitons de tout coeur que vous en fassiez partie.


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