Le PTP à l’heure Trudeau

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Méfions-nous des promesses libérales de Junior






On n’entend plus beaucoup parler du Partenariat transpacifique (PTP) depuis l’élection de Justin Trudeau. Nous sommes moins portés à le surveiller que son prédécesseur: il est beau, il est jeune, il est cool.




Trois raisons qui justifient à elles seules qu’on se donne congé de réfléchir. Le PTP sera probablement le principal héritage de Stephen Harper, qui mériterait sans doute d’être récompensé pour sa trahison des intérêts de son pays au nom de la mondialisation par une job d’économiste pour l’Organisation mondiale du commerce. Faut-il pour autant donner carte blanche au nouveau gouvernement?




Les engagements libéraux




Justin Trudeau a éparpillé ici et là quelques promesses, malgré sa foi affichée envers le commerce mondialisé. La plus claire concerne le prix des médicaments. Alors que le PTP prolonge dans les faits les brevets pharmaceutiques pour protéger les médicaments de marque au détriment des médicaments génériques, moins chers que les premiers, le Parti libéral a promis diverses mesures pour faciliter l’accès aux médicaments d’ordonnance et négocier de meilleurs prix. Les libéraux semblent également fermes sur le maintien de la gestion de l’offre. Autre engagement libéral: réaliser plusieurs études sur l’impact des accords commerciaux, qui seraient confiées à des experts «indépendants». Reste à voir comment les libéraux interprètent le sens de ce mot, car leurs expériences passées au pouvoir ne sont guère rassurantes à cet égard.






Que signifie d’ailleurs aujourd’hui s’engager devant ses électeurs, alors que l’État est de plus en plus impuissant, qu’on lui nie sa capacité d’agir?










Le PLC promet aussi la tenue d’un large débat public où les gens seront consultés. Les Québécois sont quant à eux malheureusement habitués à ce que ces nécessaires instances d’expression populaire se muent en grands spectacles de distraction alors que les décisions sont déjà prises depuis belle lurette. Paroles, paroles, paroles, chantait Dalida...




De bonnes raisons d’être sceptiques




Sur d’autres questions liées au PTP, le PLC est plutôt silencieux. Sur l’enjeu de l’emploi, par exemple, tout comme – ce qui est encore plus grave – sur la question du règlement des différends entre investisseurs et État. Comme la plupart des accords de libre-échange, le PTP ­favorise les poursuites judiciaires des grandes entreprises étrangères contre l’État lorsqu’elles craignent que leurs profits soient menacés par les politiques publiques. Cet écrasement de l’État devant les tribunaux à but lucratif pourrait suffire à empêcher la mise en place du programme social et économique que le Parti libéral a défendu devant les électeurs. Ne s’agirait-il pas là du prétexte parfait pour briser de nombreux engagements?




Que signifie d’ailleurs aujourd’hui s’engager devant ses électeurs, alors que l’État est de plus en plus impuissant, qu’on lui nie sa capacité d’agir? Qui plus est, le programme officiel – défendu en élection – a une importance limitée dans le cas d’une business comme le PLC, qui était plutôt au service d’affairistes lorsqu’il était aux commandes de l’État canadien. Le passé est malheureusement très souvent garant de l’avenir.




Il sera fondamental de rappeler au PLC ses quelques promesses, aussi modestes soient-elles, par rapport au PTP. Cependant, Justin Trudeau a été pour le moins silencieux sur les dispositions les plus dangereuses. Les citoyens devront véritablement investir ce dossier aux conséquences majeures plutôt que de croire qu’un changement de gouvernement à Ottawa annonce automatiquement une nouvelle direction.



 



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Simon-Pierre Savard-Tremblay179 articles

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Simon-Pierre Savard-Tremblay est sociologue de formation et enseigne dans cette discipline à l'Université Laval. Blogueur au Journal de Montréal et chroniqueur au journal La Vie agricole, à Radio VM et à CIBL, il est aussi président de Génération nationale, un organisme de réflexion sur l'État-nation. Il est l'auteur de Le souverainisme de province (Boréal, 2014) et de L'État succursale. La démission politique du Québec (VLB Éditeur, 2016).





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