Le projet Rabaska, «c'est fini», tranche le ministre Blanchet

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Il était temps de remettre l'Empire Desmarais à sa place

(Québec) Rabaska, c'est mort et enterré, a finalement tranché le gouvernement du Parti québécois, Pauline Marois en tête.
Jeudi matin, à l'Assemblée nationale, l'entourage de la première ministre a mis fin à toute ambiguïté sur l'avenir du projet visant à établir un terminal de transbordement du gaz naturel à Lévis, sur la Rive-Sud.
«C'est une promesse» que de tirer un trait sur ce controversé projet industriel maintenant évalué à 1 milliard $, a-t-on fermement indiqué au Soleil. «Nous n'avons pas l'intention de revenir» sur l'engagement.
En impromptu de presse, le ministre du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs, Yves-François Blanchet, a tenu à rencontrer les journalistes pour transmettre le même message clair sur Rabaska dont le bail est devenu caduc, le 10 décembre. Il s'est levé en chambre pour le déclarer.
Il y a deux jours, Le Soleil a révélé que la société en commandite Rabaska a vu son bail sur les terrains dans le fleuve, où elle voulait aménager son complexe méthanier, devenir sans effet. Rabaska indiquait avoir présenté une demande de renouvellement du contrat de location.
Le ministre Blanchet a tenu jeudi à mettre les pendules à l'heure gouvernementale. «Je vais être très clair : Rabaska, c'est fini. Il n'y a pas de reconduction du bail. [Rabaska n'a] pas profité de ce que le bail aurait pu leur offrir comme possibilité [...] pour une reconduction. Je n'ai aucun appétit pour cette reconduction.»
En chambre, M. Blanchet en a rajouté à la suite d'une des rares questions posées par un membre de l'équipe du gouvernement. Après consultation de ses collègues, «je vous confirme que le dossier Rabaska est clos», a-t-il répondu à Daniel Breton, qui a consacré, avant d'être élu député, 10 ans de militantisme vert à dénoncer l'idée d'un terminal méthanier pour du gaz naturel qui proviendrait d'Europe.
Rabaska est «en défaut» de bail et de paiement de loyer, a enchaîné M. Blanchet. «Notre souhait [au Conseil des ministres] est que les terrains soient retournés à [leur] vocation originale, qui est l'agriculture.» Le député Breton a levé les bras en signe de triomphe après avoir entendu le ministre.
Le ton du ministre Blanchet était beaucoup moins tranchant la semaine dernière. Dans un courriel qui tenait lieu d'entrevue, M. Blanchet a soumis que «pour faire revivre ce bail, il serait nécessaire que la société Rabaska dépose une demande à cet effet. Celle-ci suivrait alors son cours normal en vertu des mesures et des règles applicables. Rien ne permet de présumer que le ministère ou encore le gouvernement choisirait d'accorder la réinstitution du bail.»
Le président de la société Rabaska a bondi en entendant le ministre affirmer qu'aucune demande pour ressusciter le bail n'est parvenue à ses oreilles. André L'Écuyer a fait parvenir au Soleil copie de la correspondance échangée avec le ministère de M. Blanchet, le 27 septembre.
Le fonctionnaire dit comprendre «la volonté [de Rabaska] à régulariser [votre] situation ou renégocier un nouveau bail. Le rôle de notre direction consiste maintenant à s'assurer de faire cheminer la demande» pour éventuellement signer un nouveau contrat de location.
André L'Écuyer s'est dit «tout à fait étonné» de la façon de communiquer la décision. Les promoteurs, soit Gaz Métro, la société canadienne Enbridge et la française EDF Suez, ont consacré 60 millions $, en études et 10 millions $ à l'achat de terrains, a-t-il fait valoir. «C'est un projet de 1 milliard $ et on nous annonce ça, comme ça, à l'Assemblée nationale.»
«Insultant et grossier»
Le Parti libéral du Québec (PLQ) n'en revient pas de la manière «cavalière» prise par le gouvernement Marois pour procéder «à une annonce unilatérale» en demandant à un député péquiste de poser une question au ministre de son propre parti, Yves-François Blanchet.
«C'est insultant et grossier», commente Charles Robert, le directeur adjoint du cabinet de Jean-Marc Fournier, le chef de l'opposition en chambre. «C'est la première fois en 30 ans qu'une décision du gouvernement sur un projet d'une telle ampleur [...] est annoncée par le truchement d'une question ministérielle», a-t-il lancé.
Le PLQ se prononcera plus tard «sur le fond des choses» de ce qui a représenté un des projets-phares du gouvernement libéral de Jean Charest. Rabaska représentait un investissement de 1 milliard $, créateur de plus de 3000 emplois pendant sa construction et pourvoyeur, à terme, de 10 millions $ en taxes à Lévis, a précisé M. Robert.
Mauvais message au privé, dit la CAQ
Le critique de la Coalition avenir Québec (CAQ) et député de Lévis - où devait s'établir Rabaska - Christian Dubé, s'inquiète du mauvais message au privé et de la véracité des propos du ministre Yves-François Blanchet.
Au ministre, qui allègue ne pas avoir reçu de demande de renouvellement de bail de la part de Rabaska, il rétorque : «Oui, Rabaska a dépassé les délais. C'est faux qu'elle n'a pas fait de demande» de prolongation, a-t-il lancé en citant à l'appui des courriels de fonctionnaires.
Le caquiste pose la question sur d'éventuels démêlés devant les tribunaux que pourrait valoir la décision. «Est-on à demander à Gaz de France et Gaz Métro [deux des actionnaires de Rabaska] d'entreprendre une poursuite de 60 millions $» pour récupérer ce que les promoteurs ont investi à ce jour? L'élu plaide pour le maintien de terrains à vocation industrielle, «pas uniquement pour le gaz».


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