Le problème, c'est le chef

Les conservateurs sont les seuls vrais gagnants des élections partielles de lundi.

Dion-le-fossoyeur



Devant la débandade libérale et la lente érosion du Bloc québécois, le PC est le seul parti qui monte au Québec. Même la victoire de Thomas Mulcair dans Outremont - un incident isolé - fait parfaitement l'affaire des conservateurs: le NPD n'a pas d'avenir au Québec, et au Canada anglais, c'est aux libéraux que nuisent les gains néo-démocrates car les deux partis puisent dans le même bassin d'électeurs. Si la victoire de Mulcair donne de l'élan au NPD, ce sera aux dépens du PLC, qui perdra des voix sur son flanc gauche au Canada anglais.
Le PC n'espérait rien dans Outremont, mais son candidat y a recueilli plus de voix que le candidat libéral dans Saint-Hyacinthe! Que le parti des Laurier, Trudeau et Chrétien se fasse laver dans ce bastion rouge d'Outremont est un symbole fort. Mais le pire est la chute du vote libéral dans les régions francophones, un mouvement bien illustré par les résultats dans Roberval (9,6% du vote) et dans Saint-Hyacinthe (7,4%... légèrement derrière l'éternel perdant qu'est le NPD!).
Le « brain trust « ontarien de Stéphane Dion se consolera en disant que le PLC souffre encore des séquelles du scandale des commandites. Erreur. Qui parle encore des commandites? L'affaire est classée, presque oubliée. Le problème du PLC, c'est son chef. Un chef « décollé « du Québec d'aujourd'hui, incapable de faire remonter son parti dans sa province d'origine, et qui semble n'avoir ni le charisme ni l'instinct politique nécessaires pour diriger un grand parti national. Les conservateurs, malgré leurs déficiences, et ils en ont beaucoup, sont devenus le premier parti fédéraliste au Québec.
D'un seul coup, Outremont a illustré tout ce qui cloche au niveau du leadership libéral. M. Dion avait été élu à la tête du parti sans l'appui des militants québécois. Résultat: les militants manquaient à l'appel, il a fallu en importer d'Ontario à la dernière minute. Non seulement le matériel électoral tardait à venir, les dépliants ne portaient que sur la personne d'un chef dont la cote de popularité tourne autour de 14%!
Écartant tous les politiciens libéraux d'expérience, M. Dion allait imposer « son « candidat, un néophyte qui était en quelque sorte son clone: un universitaire cérébral, réfléchi et effacé, qui aurait certes grandement relevé le niveau intellectuel de la députation, mais qui ne pouvait faire le poids face au bouledogue qu'est l'ancien ministre Mulcair.
Dans un réflexe caractéristique, M. Dion, loin de faire son mea culpa, a attribué la défaite au manque d'écoute des électeurs alors que c'est lui qui n'est pas à l'écoute de l'électorat!
Incapable de définir un nouveau discours québécois, incapable de rallier les partisans d'Ignatieff, incapable de faire un mouvement en direction des nationalistes qui forment le gros de l'électorat francophone, dépassé par Stephen Harper qui, tout Albertain soit-il, a compris leur besoin de reconnaissance, Stéphane Dion, isolé du Québec par la pensée, l'est aussi physiquement, son entourage étant essentiellement constitué d'Ontariens anglophones.
Les quelques francophones qui comptaient au bureau du chef de l'opposition - l'ancien ministre Marcel Massé, l'organisateur Marc Lavigne, le conseiller Robert Asselin - ont tiré leur révérence l'un après l'autre. M. Asselin, selon des sources bien informées, aurait démissionné devant le refus des autorités du parti de s'adapter à la réalité québécoise. Et André Lamarre, l'un des rares survivants francophones de l'équipe, ne se distingue pas par l'acuité de son sens politique: il prédisait il y a quelques jours que M. Coulon l'emporterait par 10 000 voix dans Outremont, et que le PLC allait faire une percée dans Roberval!
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Les ténors libéraux font mine de se ranger derrière leur chef et en appellent à l'unité dans l'adversité Mais il était presque comique, hier, de voir un député comme Denis Coderre souhaiter le renversement du gouvernement dès octobre pour des raisons de « principe « (sur l'Afghanistan). Remarque piquante, venant d'un politicien que les principes n'ont jamais étouffé, et compte tenu du fait que le PLC, écrasé par les dettes et en proie à des divisions internes, n'est pas du tout prêt à se lancer en campagne électorale. Mais peut-être M. Coderre, un partisan d'Ignatieff qui lorgne lui-même le leadership, souhaite-t-il hâter le moment de la débâcle finale. Effectivement, seule une défaite aux élections générales permettrait aux libéraux de changer de chef...


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