Femmes en hidjab

Vote voilé - turbulences dans l'ordre démocratique



La laïcité est-elle devenue la nouvelle religion du Québec? À la commission Bouchard-Taylor et ailleurs, nombre de voix s'élèvent pour réclamer le retrait de tout symbole religieux dans l'espace public, voire l'abolition du congé de Pâques sous prétexte que ses dates sont fixées par le calendrier chrétien! Et toujours selon ce discours-là, la simple vision d'une femme portant un foulard islamique serait intolérable parce qu'elle symbolise la domination de la femme par l'homme.



D'accord pour la séparation de l'État et de l'Église, d'accord aussi, évidemment, pour l'égalité homme-femme! Mais la vogue dont jouit ces jours-ci le concept de laïcité, dans une société dont le passé religieux fut si long et si lourd, me paraît un peu suspecte.
J'ai l'impression que c'est, dans plusieurs cas, ce qu'on appelle une « rationalisation «, une manière politiquement correcte d'exprimer des sentiments xénophobes. On ne peut pas dire: « Renvoyez-moi toutes ces musulmanes, on ne veut plus les voir! « Il est plus honorable de s'en prendre à celles qui portent le hidjab, à plus forte raison le niqab, au nom de l'égalité homme-femme ou de la laïcité.
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Ce vernis de laïcité est probablement assez mince. J'aimerais bien voir ce qui se passerait si les autorités municipales, dans un bel élan républicain, décidaient d'enlever la croix du mont Royal! Ce serait la révolution dans l'avenue du Parc.
D'ailleurs, il faut se méfier des idéologies radicales. La France, patrie de la laïcité, entretient soigneusement ses cathédrales. Dans les villages de France, c'est une grand-messe qui ouvre les fêtes locales, que ce soit la fête de la figue, du vin ou de la crevette ou simplement la fête annuelle, laquelle coïncide souvent avec la fête du saint patron du village. Dans un village que je connais bien, la plus grosse fête estivale n'est pas le 14 juillet, mais le jour de la Saint-Laurent!
En France, on célèbre non seulement Noël, Pâques et la Toussaint, mais également des fêtes chrétiennes dont le Québécois moyen a complètement oublié les dates: la Pentecôte, l'Assomption, l'Ascension, sont des congés fériés!
En 2003, après la canicule qui a indirectement causé la mort de nombreux vieillards, le gouvernement français avait proposé d'éliminer le congé de la Pentecôte, non pas au nom de la laïcité, mais pour constituer un fonds consacré à l'amélioration des centres d'hébergement. Le gouvernement a prestement reculé devant le tollé, ce congé est maintenant facultatif.
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Images tirées du centre-ville de Montréal où, contrairement à la légende, les burqas afghanes sont inexistantes et les niqab extrêmement rares.
Je ne me souviens pas d'avoir vu, à Montréal, l'une de ces fameuses électrices en niqab qui menaceraient tant le Québec, mais il est possible que j'en aie croisé une ou deux sans le remarquer. On s'habitue à la diversité
Par contre, on voit beaucoup de hidjabs, de foulards islamiques. Il y en a de toutes sortes. Il y en a qui enserrent sévèrement le visage, il y en a qui dévoilent le devant de la chevelure, il y en a qui sont joliment noués, avec un souci de coquetterie et qui encadrent des visages bien maquillés, comme on le voit au Caire. Il y a des foulards islamiques portés par des femmes qui cachent leur silhouette sous de longs manteaux, mais il y en a aussi qui sont portés par des jeunes femmes très sexy vêtues de pantalons hyper-moulants et de hauts révélateurs. Il y a des mères en foulard accompagnées de leurs filles en cheveux, et des filles en foulard accompagnées de leurs mères en cheveux, ou des bandes de copines dont la moitié porte le hidjab et les autres rien sur la tête - la même coexistence pacifique qu'on voit à Istanbul.
Personnellement, je n'aime pas l'idée du hidjab, pas plus d'ailleurs que je n'approuve la profonde misogynie de l'Église catholique, qui est la seule des grandes religions à mépriser les femmes au point d'imposer la chasteté à ses prêtres. Mais je ne suis pas sûre que ces femmes en hidjab soient toutes de pauvres créatures exploitées par leurs hommes.
L'épouse voilée de Maher Arar, Monia Mazigh, a gardé son nom de naissance. Elle a un doctorat en finance, parle trois langues, et s'est présentée comme candidate pour le NPD après avoir pris en charge sur toutes les tribunes la défense de son mari quand celui-ci croupissait dans une prison syrienne. Elle porte le hidjab mais n'a rien d'une faible petite femme dominée.


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