Le prix de la gratuité en Norvège

Conflit étudiant - grève illimitée - printemps 2012



Bjorn Sundby - Océanographe originaire de Norvège, l'auteur vit maintenant au Québec.

Le débat actuel sur le coût de l'éducation au Québec fait souvent référence au modèle scandinave et au fait que les étudiants scandinaves ne paient pas de droits de scolarité.
Ayant grandi en Norvège et ayant reçu une éducation dans le système public jusqu'au plus haut niveau universitaire, j'aimerais décrire mon expérience de ce modèle dans l'espoir de pouvoir clarifier certains aspects qui semblent encore obscurs.
Il est vrai que les étudiants norvégiens ne paient pas de droits de scolarité; mais c'est également vrai que les jeunes Norvégiens sont soumis au service militaire obligatoire pour lequel ils ne sont pas rémunérés. À l'époque, le service militaire durait 18 mois; aujourd'hui c'est 12 mois.
On pourrait facilement défendre l'argument que ce travail non rémunéré constitue un versement substantiel sur des frais d'éducation. En effet, comme les forces armées coûtent moins cher à l'état, il y a plus de ressources disponibles pour d'autres besoins, incluant l'éducation.
Le service militaire n'est pas limité aux étudiants universitaires, pas plus que l'éducation n'est centrée sur les études universitaires seulement. Le système éducationnel scandinave est très diversifié et offre de grandes opportunités d'éducation à tous les niveaux pour les gens qui font tourner les roues de la société.
Ces opportunités comprennent un système d'apprentissage jumelé avec des écoles spécialisées, des collèges pour former des professeurs, des écoles techniques pour former des spécialistes, etc. Les universités forment l'élite intellectuelle (le mot élite n'est pas banni dans ces pays égalitaires), mais la société reconnaît que l'on ne peut faire fonctionner un pays qu'avec des diplômés universitaires.
Dans ma famille, j'étais le seul à fréquenter l'université. Mon frère, qui n'avait aucun intérêt pour l'école, a choisi un métier manuel et est devenu apprenti dans une firme technique. À sa grande surprise, une bonne partie de son apprentissage s'est fait à l'école. Ma soeur, bien qu'ayant réussi l'examen de qualification pour les études universitaires, a fréquenté une école technique et est devenue technicienne médicale spécialisée. C'était leur choix et cela n'avait rien à voir avec les droits de scolarité ni les conditions d'accès à l'université.
Ce qu'on doit retenir du modèle scandinave, tel que pratiqué en Norvège, est ceci: bien qu'il n'y ait pas de droits de scolarité nulle part dans le système d'éducation publique, les jeunes contribuent aux frais d'éducation de façon très importante en faisant leur service militaire sans rémunération. C'est un choix de société.


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