Le PQ veut s'attaquer à la question de la liberté artistique

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Lisée contre la censure de l'extrême gauche

Le chef du Parti québécois (PQ), Jean-François Lisée, s'engage à s'attaquer à l'épineuse question de la liberté artistique si son parti est porté au pouvoir.


M. Lisée a dévoilé les grandes lignes de la plateforme péquiste en matière de culture, mardi matin, au Théâtre La Bordée, à Québec.


Le PQ ne ferait pas table rase de la politique culturelle présentée récemment par le gouvernement libéral; il veut construire à partir de celle-ci, qui prévoyait l'investissement de quelque 600 millions $ sur cinq ans.


La politique du parti s'axe sur sept mesures, dont une qui prévoit «défendre la liberté artistique et encourager la présence de la diversité dans les arts.»


C'est une question d'actualité dans la foulée de l'annulation controversée des spectacles SLAV et Kanata, qui avaient été critiqués pour ne pas avoir inclus suffisamment de personnes de descendance africaine, d'une part, et d'Autochtones, d'autre part. SLAV avait été annulé par le Festival international de jazz de Montréal «pour des raisons de sécurité», alors que des coproducteurs de Kanata avaient retiré leurs billes du projet.


Le chef péquiste a déploré la «censure» de ces pièces et s'est engagé à agir si un autre cas semblable se présentait sous sa gouverne.


Si un tel spectacle perdait ainsi son soutien financier, M. Lisée organiserait une rencontre avec le ministre de la Culture pour aider les concepteurs à trouver de nouveaux bailleurs de fonds.


Et le chef péquiste réitère qu'il ne ferme pas la porte à l'idée d'utiliser l'argent des contribuables pour financer des oeuvres controversées.


«La controverse vend. Il y a beaucoup plus de personnes intéressées à acheter des billets pour Kanata maintenant, qu'en juin», a-t-il soutenu.


«Je crois qu'on pourrait faire beaucoup de profits avec cela», a-t-il ajouté, faisant référence à la rentabilité pour un potentiel nouveau producteur.


M. Lisée a toutefois reconnu qu'il fallait faire plus d'efforts pour inclure davantage les minorités culturelles dans les productions artistiques.




« La controverse vend. Il y a beaucoup plus de personnes intéressées à acheter des billets pour Kanata maintenant, qu'en juin. Je crois qu'on pourrait faire beaucoup de profits avec cela »


— Jean-François Lisée, chef du Parti québécois





Parmi les autres mesures que l'on retrouve dans cette politique culturelle, le PQ prévoit aussi entamer des discussions avec les géants de la vidéo et de la musique sur demande — dont Netflix et Spotify — pour qu'ils augmentent le contenu québécois sur leur vitrine.


Interrogé sur l'ampleur du défi, M. Lisée a assuré que c'était possible.


«Nous pensons qu'il y a des poignées juridiques réelles qu'on n'a peut-être pas besoin d'utiliser, mais qui sont très intéressantes dans la conversation et le rapport de force», a-t-il expliqué.


Le PQ veut également partager la culture dès l'enfance.


Il a notamment pour objectif d'offrir un livre québécois à tous les élèves du primaire, chaque année scolaire.


Il propose par ailleurs d'instaurer un passeport culturel pour les enfants de 3e, 4e et 5e année du secondaire, ce qui leur permettrait de dépenser 50 $ auprès d'organismes, d'entreprises et d'événements culturels.


Ancienne promesse


Le PQ a aussi l'intention de reprendre l'une de ses anciennes promesses qu'il n'a pu mener à terme: celle d'imposer un prix plancher sur les livres, afin de protéger les petites librairies.


En 2014, le gouvernement Marois devait déposer un projet de loi qui aurait limité les rabais sur les livres papier et numériques à 10 pour cent pour les neuf premiers mois de vente. Des élections avaient toutefois eu lieu en avril, et les libéraux avaient abandonné le projet.


Ces trois premières mesures se chiffrent à 14 millions $ par année. Le PQ souhaite investir pour mettre en valeur l'histoire et le patrimoine, une politique qui coûtera, à terme, 20 millions $.


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