ALÉNA: de l'espoir et des craintes pour le Québec

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Le Québec devrait être à la table des négociations

Le dossier de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) s'est invité dans la campagne électorale québécoise, lundi, et a fait réagir d'autres acteurs économiques et politiques dans la province, qui y voient des sources d'espoir et de craintes pour l'économie du Québec.


Une «entente de principe» bilatérale entre les États-Unis et le Mexique annoncée par le président Donald Trump, lundi, pourrait mener à une révision éventuelle de l'ALÉNA — ou peut-être à la mort d'un traité commercial à trois. Et M. Trump a déjà prévenu que si le Canada ne parvenait pas à s'entendre avec ses partenaires sur un nouvel accord, des tarifs douaniers dévastateurs seraient imposés sur les importations automobiles.


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Le chef du Parti libéral du Québec (PLQ) et premier ministre sortant, Philippe Couillard:


«J'ai parlé bien sûr à (Raymond) Bachand, notre négociateur, à (Dominique) Anglade, qui est en lien avec le cabinet de (la ministre fédérale Chrystia) Freeland, et je viens de parler avec M. Trudeau. D'abord, la première chose à dire est qu'une entente bilatérale Mexique-États-Unis, qui semble porter largement sur le secteur automobile et les règles d'origine, c'est une bonne nouvelle, parce que c'est une avancée très significative dans la négociation.»


«M. Trudeau m'a toujours dit qu'il défendrait la gestion de l'offre et l'exception culturelle. (...) Mais si on devait annoncer une entente qui encoche ou qui diminue la gestion de l'offre, je vais immédiatement indiquer mon opposition.»


«La pression sur le Canada va être énorme. Mais même si la pression est énorme, on va résister de façon très forte. (...) On ne participera pas à une entente qui est contre les intérêts du Québec.»


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Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault:


«J'aimerais être à la table (...) pour savoir ce qui se passe, parce que c'est un peu surprenant que le Mexique soit capable de conclure une entente avec les États-Unis, quand on connaît les conditions de travail au Mexique. Et qu'on ne soit pas capable de le faire au Canada.»


«Ce sera très grave si on ne conclut pas d'entente entre le Canada, les États-Unis et le Mexique. (...) On est tous d'accord, il ne faut pas toucher à la gestion de l'offre, mais est-ce qu'il y a d'autres dossiers qui bloquent? Quels sont ces dossiers-là? (...) Est-ce que ce sont les bonnes personnes qui sont à la table?»


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Le chef du Parti québécois (PQ), Jean-François Lisée:


«Oui, je pense que ce n'est probablement pas une mauvaise chose pour le Québec que cette signature (entre les États-Unis et le Mexique) soit faite, mais là où on entre dans la zone de danger, c'est d'empêcher le Canada de faire payer au Québec des concessions qu'ils veulent obtenir pour l'Ontario, pour l'automobile.»


«Moi, j'ai entendu M. Trudeau dire aux États-Unis qu'il était prêt à être flexible sur la gestion de l'offre, j'ai entendu le ministre fédéral du Canada et le ministre de l'Agriculture des États-Unis dire que le Canada était prêt à faire des concessions sur le lait, alors je suis très, très préoccupé.»


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Xavier Barsalou-Duval, député du Bloc québécois de Pierre-Boucher–Les Patriotes–Verchères:


«Un accord à rabais serait signé au détriment des intérêts du Québec. (...) Au Bloc québécois, il y a des points non négociables concernant le Québec. Cela passe avant la supposée urgence de conclure un accord de libre-échange trilatéral. Nous demandons à ce que le chapitre 11 de l'ALÉNA soit retiré: quand une compagnie peut poursuivre un État en prétextant qu'il menace sa profitabilité, la souveraineté politique est remise en cause et c'est inacceptable.»


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La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ):


«L'entente survenue entre les États-Unis et le Mexique envoie le signal que l'administration fédérale américaine est disposée à avancer sur la question des échanges commerciaux avec ses voisins. La relation canado-américaine est unique, par son ampleur, dans l'histoire économique moderne. Il est primordial que les discussions reprennent entre les trois pays, afin de compléter la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain.»


«La FCCQ croit qu'un retour constructif de toutes les parties à la table des négociations peut mettre un terme à des tensions qui nuisent présentement aux échanges commerciaux.»