Le PQ doute de l’unanimité anti-charte au PLQ

Philippe Couillard s’est défendu d’interdire aux troupes libérales de s’exprimer

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Offensive tous azimuts contre le PLQ

Pourquoi la députée libérale Fatima Houda-Pepin ne s’est-elle toujours pas prononcée sur la charte de la laïcité québécoise ? La question se pose de nouveau depuis que les ministres du Parti québécois Bernard Drainville et Stéphane Bédard ont accusé, en fin de semaine, le chef du Parti libéral, Philippe Couillard, de museler ses troupes sur le sujet.
Lors du conseil national du Parti québécois qui se déroulait à Montréal, les deux ministres ont sous-entendu que des députés libéraux, dont Mme Fatima Houda-Pepin, se taisaient parce qu’ils seraient en faveur du projet de charte du PQ et que leur silence serait une façon de l’appuyer.

La première ministre, Pauline Marois, a même souligné dimanche que le projet de charte avait fort probablement des partisans du côté des députés libéraux sans pour autant dire que Philippe Couillard empêchait ses députés de défendre une position différente de celle de son parti en ce qui a trait à la charte. « C’est un peu étonnant de penser qu’il puisse y avoir parfaite unanimité» [au sein des libéraux] », a mentionné Pauline Marois avant d’ajouter : « Nous savons qu’il y a au moins une députée libérale qui s’était clairement prononcée pour une action de l’État comme celle que nous posons maintenant. »

En effet, la députée Fatima Houda-Pepin, qui est la première femme musulmane à avoir été élue à l’Assemblée nationale, a fait adopter dans le passé une motion pour interdire la charia et les tribunaux islamiques. Elle est aussi connue comme étant une fervente militante contre l’islamisme religieux.

À la suite des accusations lancées par le PQ, le chef du Parti libéral, Philippe Couillard, s’est défendu d’interdire à ses troupes de s’exprimer sur la charte et affirme que Mme Houda-Pepin pourra prendre la parole lorsqu’elle le désirera.

« C’est à elle de s’exprimer quand elle le voudra, mais je suis persuadé que son point de vue sera celui du Parti libéral parce qu’elle est attachée aux valeurs du parti », a indiqué M. Couillard lorsque Le Devoir l’a interrogé au sujet du mutisme de Mme Houda-Pepin. M. Couillard avait déjà indiqué que Mme Houda-Pepin attendait que le projet de loi du PQ sur la charte soit rendu public, mais il a été impossible de savoir si une sortie publique est prévue ces prochains jours malgré des tentatives de joindre Mme Houda-Pepin.

Serait-ce parce qu’elle est soumise à la ligne de parti ? Philippe Couillard soutient qu’il n’a pas besoin d’imposer une position sur la question de la charte. « Lorsqu’on est libéral, il n’y a pas de compromis à faire sur les libertés individuelles, et jamais nous n’accepterons des actes de discrimination à l’égard des femmes », a indiqué M. Couillard, dont le parti ne permettra pas le vote libre sur le projet de loi de la charte. « Le problème de fragmentation est au sein du PQ, et non du nôtre. Je suggérerais plutôt à Mme Marois de s’occuper des divisions au sein de ses propres troupes et du mouvement souverainiste », a-t-il ajouté en rappelant que Lucien Bouchard, Jacques Parizeau et Maria Mourani se sont, notamment, opposés à son projet.

Une charte non souverainiste

Lors de son discours de clôture du conseil national, dimanche, Pauline Marois a tenu à dire que son projet de charte de la laïcité ne sert pas à promouvoir l’option souverainiste au Québec.

« La charte n’a pas été déposée pour nous donner un avantage sur la question de la souveraineté. Je veux être très claire là-dessus », a-t-elle lancé en soutenant que le projet de charte a été longuement mûri au sein des instances du PQ et que son objectif ultime est d’énoncer les valeurs de laïcité et d’égalité homme-femme qui définissent à la fois l’État et la population du Québec.

Les militants péquistes y ont d’ailleurs apporté une modification en adoptant une « résolution d’urgence » pour que les futurs candidats à un poste de député « s’abstiennent de porter des signes religieux ostentatoires » au Salon bleu de l’Assemblée nationale et dans le cadre leurs fonctions. Pauline Marois a admis qu’elle ne serait pas à l’aise de voir un candidat ou un député porter des signes religieux que les employés de la fonction publique n’auront pas le droit d’arborer.

Sa mission sera maintenant de faire adopter ce projet de loi qui est déjà fortement critiqué par les partis d’opposition. Son adoption semble difficile, voire impossible, mais Mme Marois a refusé de préciser si son gouvernement avait l’intention d’en faire une question de confiance. « Nous n’en sommes pas là. Nous l’évaluerons au moment où nous serons rendus là, après les consultations, les débats, les échanges et certaines modifications qui pourraient être éventuellement apportées », a-t-elle signalé.

Déficit zéro impossible?

Par ailleurs, les péquistes ont aussi été appelés à commenter un autre épineux dossier, le déficit du Québec. Vendredi, un bilan du ministère des Finances révélait que le déficit atteignait 2,3 milliards le 31 juillet dernier. Personne n’a osé s’avancer sur la possibilité de reporter l’objectif du déficit zéro tel qu’il a été promis. « Je vous dirai que nous gardons le cap sur la rigueur budgétaire », s’est contentée de dire Pauline Marois. Le président du Conseil du trésor, Stéphane Bédard, est allé un peu plus loin en répondant qu’il fallait être « réaliste » et « enlever ses lunettes roses ».


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