FTQ: Arsenault jette l’éponge

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La pression était devenue irrésistible

« Le temps est venu d’accrocher mes patins », a lancé Michel Arsenault après avoir annoncé, lundi après-midi, qu’il quittait la présidence de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) et celle du conseil d’administration du Fonds de solidarité. Depuis quelques mois et même quelques années, le président de la plus grande centrale syndicale du Québec se trouvait sur un terrain pour le moins glissant. En 2009, son séjour sur le bateau de l’entrepreneur Tony Accurso avait fait grand bruit dans les médias. Plus récemment, la Sûreté du Québec a confirmé qu’elle l’avait mis sur écoute électronique. Et ces derniers jours, sa réputation a été malmenée à la suite d’une série de révélations à la commission Charbonneau.

Michel Arsenault reconnaît que la tempête médiatique dans laquelle il se trouve actuellement est une des raisons qui le poussent à prendre sa retraite et à ne pas solliciter un troisième mandat lors du Congrès de la FTQ à la fin du mois.

En bon syndicaliste, il a aussi justifié sa décision en disant : « Un autre terme m’amènerait à dépasser 65 ans et vous savez que c’est contre nos principes au syndicat, l’âge de la retraite doit être au maximum à 65 ans. » Il a ensuite soutenu plus sérieusement que la situation était très difficile pour sa famille « surtout depuis les six à sept derniers mois ».

À l’aube de ses 63 ans, Michel Arsenault quitte donc la vie syndicale, après 40 ans de service, dont 6 à la tête de la FTQ. « Ma part est faite, je pars sans animosité envers personne, incluant la presse. Pour certains d’entre vous, vous allez être obligés de vous trouver un autre souffre-douleur », a-t-il dit aux journalistes qui le talonnent sur diverses allégations le liant aux organisations criminelles.

Lors du témoignage de l’ex-délégué syndical Ken Pereira à la commission Charbonneau, la preuve a démontré que M. Arsenault était au courant de l’infiltration de la mafia et des Hells Angels au sein de la FTQ-Construction et qu’il a préféré détourner le regard. En apprenant son départ, Ken Pereira a tenu à dire qu’il était quand même important de se souvenir de M. Arsenault pour ses luttes syndicales. « J’espère qu’on va se souvenir de lui pour les choses qu’il a faites pour les membres et non pour la patate chaude qu’il a héritée [en parlant de Jocelyn Dupuis, l’ex-directeur de la FTQ-Construction] », a-t-il affirmé.

Le président des cols bleus de Montréal, Michel Parent, a pour sa part déploré sa décision. « Pour moi, c’était l’homme de la situation. C’est pas parce qu’il y a une polémique médiatique qu’il devait quitter », a-t-il dit.

Rien à cacher

Au cours de sa carrière, Michel Arsenault a mené plus d’une bataille pour les droits des travailleurs, que ce soit pour améliorer les conditions de travail, les régimes de retraite ou encore l’équité salariale. Il affirme qu’il part serein sans avoir rien à « cacher. »« Je ne connais personne du crime organisé, ni dans les gangs motorisés, ces gens auront des comptes à rendre », a-t-il mentionné en rappelant qu’il est quand même ouvert à aller témoigner à la commission Charbonneau s’il y est invité. « Je vais y aller avec plaisir conter ma version des choses, parce qu’il y a eu bien des petites histoires pas tout à fait correctes », affirme-t-il.

Les nombreuses révélations faites à la commission Charbonneau ont toutefois fait du tort à Michel Arsenault. Au début du mois, Le Devoir avait révélé que son leadership commençait à être contesté au sein de la FTQ. Des membres et des syndicats affiliés à la FTQ trouvaient que la mauvaise presse faite au président nuisait à l’image de la fédération. Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) avait confirmé la grogne qui régnait dans les rangs de la FTQ. Le SCFP avait d’ailleurs présenté la candidature de Claude Généreux pour s’opposer à Michel Arsenault.

M. Généreux devra maintenant affronter l’actuel secrétaire général, Daniel Boyer, qui a annoncé sa candidature à la présidence. Le vice-président de la FTQ, Serge Cadieux, se présentera quant à lui au poste de secrétaire général. Michel Arsenault a lui-même incité MM. Boyer et Cadieux à se présenter. Il a déclaré : « Ma succession doit se faire dans la continuité et non par opportunisme. »
Avec Jessica Nadeau et Brian Myles


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