Le Parti québécois (PQ) entend former le prochain gouvernement en... 2022.
« Tout est possible », estime le chef intérimaire péquiste, Pascal Bérubé.
La formation a pourtant subi une défaite historique en 2018 aux mains de la Coalition avenir Québec (CAQ) qui a mis fin à l'alternance entre le Parti libéral (PLQ) et le PQ : de 30 sièges et plus de 1 million de voix en 2014, le PQ a chuté à 10 sièges et près de 700 000 voix, talonné par Québec solidaire (QS).
Dans une entrevue de fin d'année accordée à La Presse canadienne, Pascal Bérubé se réfère à des précédents pour fonder ses espoirs : le Nouveau Parti démocratique ontarien, qui a été propulsé du statut de deuxième opposition, en 1990, à la formation d'un gouvernement majoritaire dirigé par Bob Rae avec 74 sièges.
Or, le PQ forme actuellement la deuxième opposition en Chambre, tandis que - autre précédent plus proche - la Coalition avenir Québec (CAQ) formait la deuxième opposition jusqu'au début de la campagne de 2018, et constitue désormais le gouvernement avec... 75 sièges.
Une autre échéance s'impose auparavant : le PQ sera à la croisée des chemins en 2019. C'est là où le parti tranchera sur la course à la direction et son prochain congrès. C'est une énième phase de reconstruction pour les péquistes.
« On a un esprit de corps, a déclaré M. Bérubé, parlant de sa petite équipe, essentiellement concentrée dans l'est du Québec. [...] On est conscient de la situation, les gens sont lucides, positifs. »
Le PQ pourrait décider que l'élection du futur chef précède le congrès, ou l'inverse, ou que tout soit simultané.
Chose sûre, le prochain chef devra « être en phase avec le programme et le congrès », a poursuivi M. Bérubé, qui est député de Matane-Matapédia.
« Le contexte a changé »
D'ailleurs, ses équipiers et lui demeurent « convaincus » que le programme de la dernière campagne électorale est « solide » et contient de bonnes mesures qu'ils continueront de promouvoir.
La proposition de reporter le référendum à un deuxième mandat d'un éventuel gouvernement du PQ a-t-elle contribué à l'effondrement du vote péquiste et survivra-t-elle dans une future mouture du programme ?
Pascal Bérubé dit qu'il « assume toutes les décisions jusqu'au bout ». Il ajoute toutefois que « le contexte a changé » et qu'il « va falloir se poser des questions importantes sur beaucoup de choses ».
Plusieurs propositions ont circulé pour la relance du PQ : refondation, changement de nom, etc. M. Bérubé se garde un devoir de réserve en raison de l'intérim qu'il assume.
« J'ai volontairement choisi de ne pas commenter, sinon ça ne finira pas. »
Il retient de la dernière campagne que le chef caquiste François Legault avait formulé des réponses à des besoins liés au consommateur et à l'usager, tandis que le PQ était dans le collectif et le citoyen.
« C'est attrayant, offrir de l'argent dans ses poches, mais on considère que c'est plus responsable d'offrir d'abord services aux gens qui n'en ont pas. »
Le chef intérimaire péquiste prend acte de la « lune de miel » en cours avec le nouveau gouvernement, mais sait qu'elle se terminera tôt ou tard. Sur quel enjeu ?
« Les relations avec le gouvernement fédéral, a-t-il répondu. Le premier ministre (François Legault) va réaliser que les ambitions qu'il a pour le Québec seront limitées considérablement par notre statut de province. Nous, on le sait. »
Ce qui unit le PQ, l'indépendance du Québec, est donc encore plus pertinent aujourd'hui, poursuit-il, en reconnaissant que ce n'est pas la « voie facile ».
Le parti n'entend pas céder sur l'idéal ni céder sa place à Québec solidaire pour la capacité à faire rêver.
« Il faut que les changements qu'on propose fassent rêver de façon réaliste, a conclu M. Bérubé. Nous ne sommes pas des révolutionnaires, nous sommes des humanistes concrets, on veut créer des attentes réalisables. »
« Plus de civilité » sur les réseaux sociaux
Par ailleurs, Pascal Bérubé a appelé ses troupes à « plus de civilité » sur les réseaux sociaux.
C'est le moment de faire preuve d'écoute et d'humilité, a plaidé M. Bérubé, au terme d'une année difficile, marquée par la défaite historique du Parti québécois (PQ) en octobre.
Il faut davantage d'ouverture dans les échanges pour élargir les appuis et gagner des adhérents, estime-t-il. Pendant la campagne électorale, les partisans de part et d'autre en sont souvent venus à l'invective sur Facebook et Twitter.
« Parfois, je vois sur les réseaux sociaux des gens qui croient bien servir notre cause, mais qui pourraient faire preuve de plus d'ouverture », a-t-il déclaré dans un long entretien accordé à La Presse canadienne, pour faire le bilan de l'année.
Lui-même très actif sur Twitter, il dit vouloir donner l'exemple et qu'on pourra même le constater dans son groupe parlementaire, maintenant formé de 10 députés seulement, « qui va aborder les choses avec humilité ».
Il s'est adressé à tous les souverainistes, quelle que soit leur allégeance partisane. « Il faut que la responsabilité d'ouvrir les oreilles, les bras, les coeurs, les esprits revienne à l'ensemble des souverainistes. »
Il les invite à être plus attentifs aux humeurs et à l'état d'esprit des citoyens, à comprendre et à accepter les autres points de vue.
« Pour convaincre les gens, il faut savoir où les gens sont présentement. On peut inspirer, écouter, et on y gagne tout le temps », croit-il.
Le PQ se targue d'être encore la formation qui compte le plus de membres et qui récolte le plus de financement parmi tous les partis, mais il « faut maintenant que ça se transpose en appuis » à la prochaine campagne électorale, a souhaité M. Bérubé.